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Navin Ramgoolam

«Ce gouvernement, coupable de négligence criminelle, doit au moins décréter un deuil national»

16 janvier 2024, 09:00

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«Ce gouvernement, coupable de négligence criminelle, doit au moins décréter un deuil national»

Navin Ramgoolam, ancien Premier ministre.

Sans vouloir être «wise after the event», les questions que le grand public se pose : aurait-on dû laisser les gens aller travailler hier matin et aurait-on dû ouvrir les bureaux de la capitale ?

Clairement non ! Un simple citoyen, Afzal Goodur, sans grands équipements ou moyens, a conseillé depuis la veille qu’il ne fallait pas se rendre à Port-Louis aujourd’hui (NdlR, hier). Or, nos services météorologiques, avec tous ses équipements modernes, n’ont pas vu cela. Pire, le ministre Anwar Husnoo se plaît à jouer au directeur de la météo, pour montrer qu’il est en train de travailler. Il a même insinué qu’on va enlever toutes les classes. Quel étalage d’incompétence ! Incroyable !

Beaucoup pointent du doigt les constructions relatives au métro comme sources d’inondations dans plusieurs villes…

Ils n’ont pas tort. Notre projet de métro avait bénéficié de l’expertise internationale du plus haut niveau. Mon gouvernement avait fait appel à l’expertise singapourienne. Ces experts nous avaient affirmé qu’il ne fallait pas construire sur les routes, mais sur pilotis, parce que justement, à cause de nos drains défectueux et parce que cela allait augmenter le trafic, au lieu de le fluidifier. Eux, ils ont fait tout le contraire, avec les résultats que l’on constate aujourd’hui. On a dépensé des milliards de roupies, entre autres, sur les drains. Où est passé tout cet argent jeté dans les drains ? Voilà ce qui se passe quand on a un gouvernement incompétent, qui nomme des incompétents. Ils mettent la vie du public en danger. Ils s’enrichissent. Ils se foutent de vous. Je le dis de manière solennelle : il faut que ce gouvernement réponde. Il a agi de manière criminelle. Il a fait preuve d’une négligence criminelle que le peuple doit sanctionner au plus vite.

Mais votre gouvernement avait aussi fait l’objet de vives critiques fin mars 2013 avec les «flash floods» qui avaient provoqué pas moins de 11 morts…

Je dois rappeler qu’en mars 2013, c’était la première fois qu’on avait connu le phénomène des flash floods, lié au changement climatique. Nous avons fait ce qu’il fallait en de telles circonstances de catastrophe naturelle. On ne pouvait pas prédire qu’il allait avoir autant de pluie en si peu de temps il y a 11 ans. Par contre, on savait que Belal allait s’approcher de Maurice depuis quatre jours au moins. Qu’avons-nous fait…

Après ces événements, nous avons construit des drains. On a dépensé des millions. Sans ces drains, notamment devant le Caudan, la situation aurait pu être pire aujourd’hui. Je dois aussi dire que nous avons eu une experte internationale de l’United Nations Development Programme, dont le mari était ambassadeur chez nous, qui nous avait aidés gratuitement dans le sillage des flash floods. Elle travaillait avec l’ancien chef de la Fonction publique, Suresh Seebaluck, et aussi avec Khemraj Servansingh et Osman Mahomed pour développer des stratégies contre le changement climatique et son lien direct avec les cyclones et les inondations.

Aurait-on dû fermer tous les bureaux du gouvernement à 12 h 30 hier ?

C’était quand il y avait le plus de pluie, au pire moment. Ils ont agi dans la panique. Sans plan. On aurait dû laisser les gens au bureau, et les libérer par phase, après que la police se soit assurée que les voies étaient sécurisées. Je le répète : c’est de la négligence criminelle. Il faut donc un deuil national pour que l’on se souvienne de ce faux pas national et qu’on témoigne, par le biais d’un deuil national, notre sympathie collective aux nombreuses victimes et à leurs proches. J’ai choisi de faire une alliance avec Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger, connus pour leur compétence, précisément pour sortir de ce niveau d’incompétence qui affecte notre pays.

L’opposition a choisi de renvoyer sa première conférence de presse de 2024 à cause de Belal. Quand aura-t-elle lieu ?

Probablement jeudi. Mais on va faire entendre notre voix bien avant, d’où cette interview.