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Biodiversité marine

Blanchiment massif des coraux autour de l’île depuis le début de l’année

28 avril 2025, 19:30

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Blanchiment massif des coraux autour de l’île depuis le début de l’année

80 % des coraux de la planète ont atteint des conditions de blanchiment très sévère et jamais observé avant, selon les dernières informations fournies par la «Coral Reef Watch» du gouvernement américain. Depuis le début de cette crise globale en janvier 2023, des récifs d›environ 82 pays et territoires ont été exposés à des températures élevées susceptibles de provoquer le blanchiment des coraux.

Maurice est également touché par ce phénomène de blanchiment des coraux. Nadeem Nazurally, biologiste marin et chargé de cours à l’université de Maurice, nous informe qu’il y a eu une «mortalité massive des coraux dans certains endroits. C’est pire que les années précédentes. Parfois la température de l’eau a atteint les 33 degrés. Partout où j’ai plongé pour faire des relevés on a remarqué le blanchiment des coraux, que ce soit à l’Ouest, à l’Est, dans le Sud ou le Nord. Mais il y a des endroits où on ne peut pas plonger car c’est trop dangereux».

Au début d’avril Nadeem Nazurally a donc pris un petit avion et a volé du côté du Sud-Ouest de l’île et a ainsi pu constater l’ampleur du blanchiment et de l’érosion des coraux dans cette partie de Maurice. «Vue d’en haut, la beauté de notre lagon contraste fortement avec les récifs sédimentés, pâles et fantomatiques qui luttent pour leur survie. Le changement climatique n’est pas une menace lointaine : il se produit ici et maintenant. Agissons avant qu’il ne soit trop tard», avertit le biologiste marin.

Biodiversité marine  2.png ■ Le biologiste Nadeem Najurally souligne qu’il y a eu une «mortalité massive des coraux dans certains endroits pire que les années précédentes».

Les récifs coralliens sont souvent comparés aux forêts tropicales des océans en raison de leur immense biodiversité, qui abrite près d’un tiers de toutes les espèces marines et fait vivre un milliard de personnes dans le monde. Cependant, l’augmentation sans précédent de la température des océans a gravement affecté les coraux dans les océans, entraînant des dommages importants et la disparition des populations de coraux. À l’heure actuelle, 84 % des récifs sont soumis à une chaleur qui les fait blanchir au cours de ce quatrième épisode, contre 68 % au cours du troisième épisode, de 2014 à 2017, 37 % en 2010, et 21 % lors de l’épisode initial de 1998. Ces dernières semaines, les scientifiques ont signalé un blanchiment affectant les récifs au large de Madagascar et de la côte est de l’Afrique, y compris dans le parc de la zone humide d’iSimangaliso, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, en Afrique du Sud.

Nadeem Nazurally souligne aussi que les hautes températures de l’eau de mer ne sont pas uniquement la cause du blanchiment des coraux, mais qu’il existe aussi plusieurs autres facteurs comme la pollution ou les pluies torrentielles qui provoquent le déversement des eaux boueuses dans la mer et qui sont entraînées bien en dehors du lagon. «Il faut comprendre que les coraux abritent une biodiversité très riche dans la mer. Bann koray se lakaz bann pwason, si koray mor, bann pwason e tou bann biodiversite disparet.»

Heureusement qu’il y a des restaurations en cours dans plusieurs régions comme à Pointe-d’Esny, Pointe-aux-Feuilles, La Cambuse ou encore Trou-aux-Biches. «Des données recueillies par des élèves de PhD de l’Université de Maurice dans ces régions indiquent qu’il y a de l’espoir. Il y a des espèces de coraux qui sont plus résistants que d’autres aux effets du changement climatique. Ces espèces sont donc transplantées sur d’autres sites. Il y a aussi une étude sur l’usage des structures en métal appelées spider frames pour soutenir une espèce de poisson appelée Stegastes, dont certains sont endémiques. Même s’il y a blanchiment des coraux les Stegastes vont rester près de ces structures», explique encore Nadeem Nazurally, qui est également président de l’ONG EcoMode Society.