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Réforme des pensions
Allocation de Rs 10 000 pour les sexagénaires à faibles revenus
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Réforme des pensions
Allocation de Rs 10 000 pour les sexagénaires à faibles revenus

■ Le Premier ministre Navin Ramgoolam a annoncé cette mesure de compensation temporaire, hier au Parlement.
Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a fait une déclaration hier, à l’Assemblée nationale pour annoncer ce qu’il qualifie d’une des réformes sociales les plus importantes de son mandat : celle du régime de pension de vieillesse. Face à une croissance exponentielle des dépenses publiques et à une démographie en baisse critique, le gouvernement a décidé de relever progressivement l’âge d’éligibilité à la pension de base de 60 à 65 ans. Une transition qui s’étalera sur cinq années, dès 2026.
Cette décision, affirme le chef du gouvernement, n’est pas un choix politique mais une obligation économique. Selon lui, la situation actuelle met en péril l’équilibre même des finances publiques. En 2010, les dépenses liées à la Basic Retirement Pension (BRP), une pension non contributive financée entièrement par l’État, représentaient 1,9 % du PIB. Quinze ans plus tard, cette part a grimpé à 7,8 %, pour atteindre Rs 55,4 milliards en 2024-2025. La trajectoire reste ascendante et si rien n’est fait, le montant alloué à cette pension pourrait dépasser les Rs 100 milliards d’ici 2035.
Ce déséquilibre s’explique en grande partie par le vieillissement de la population. En dix ans, le nombre de Mauriciens âgés de plus de 60 ans est passé de 186 400 à 257 600. Et d’ici 2038, ils seront plus de 315 000. Parallèlement, le ratio de travailleurs actifs par retraité ne cesse de diminuer : il était de 7 en l’an 2000, 3,9 en 2015, 2,7 aujourd’hui, et pourrait tomber à 2 d’ici dix ans. Cette évolution, jugée «dramatique» par le Premier ministre, rend le système insoutenable.
Dans ce contexte, le gouvernement propose une réforme «graduelle, mais déterminée». L’âge de la retraite passera donc de 60 à 65 ans, à raison d’un an supplémentaire chaque année jusqu’en 2030. Toutefois, conscient des impacts sociaux d’une telle mesure, l’exécutif met en place un mécanisme de compensation temporaire. À partir du 1er septembre 2025, les personnes atteignant 60 ans pourront bénéficier d’un soutien mensuel de Rs 10 000, à condition de répondre à certains critères de revenu.
Ce dispositif de transition concerne principalement les travailleurs précaires, les femmes au foyer, les retraités anticipés et les petits indépendants. Environ 7 500 personnes par an, soit 46 % de ceux atteignant 60 ans, devraient en bénéficier. Le soutien financier, d’un coût global estimé à Rs 8,7 milliards sur cinq ans, sera versé directement sur le compte bancaire des bénéficiaires. La Mauritius Revenue Authority (MRA) sera chargée de la gestion de ce programme et les demandes se feront par une procédure unique, sauf changement de situation.
En parallèle, le Premier ministre a confirmé que le gouvernement s’apprête à lancer une réforme plus vaste du système de pension. Une commission d’experts sera mise sur pied pour évaluer les trois piliers du régime actuel pour proposer une refonte du National Pension Fund (NPF) et remplacer la Contribution sociale généralisée (CSG).Une révision du système d’invalidité est également en cours, avec l’objectif de renforcer la protection sociale tout en préservant la soutenabilité budgétaire.
Navin Ramgoolam a conclu son intervention en appelant à la compréhension collective, affirmant que «compassion et responsabilité doivent aller de pair». Pour lui, il ne s’agit pas de réduire l’État social, mais de le sauver d’un effondrement annoncé. «Nous devons agir aujourd’hui pour qu’il y ait encore une pension demain», a-t-il déclaré, déterminé à mener cette réforme à terme malgré les résistances prévisibles.
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