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À propos de dépénalisation et légalisation

1 avril 2025, 08:48

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L’interdiction ne sert qu’à profiter aux trafiquants et à leurs alliés. La légalisation viendrait mettre un terme aux ramifications économiques et politiques de ce fléau social. Reste l’équation essentielle, qui est émotionnelle et humaine. Il faut se concentrer sur les causes individuelles ou collectives de l’addiction pour tenter de résoudre ce problème.

Sous la pression de l’interdiction, une substance ou une habitude en remplace une autre, car l’addiction prend toutes sortes de formes : drogues dures ou douces, cigarette, alcool, champignons, café, thé, télé, téléphone, collections, boulimie, sexe, masturbation, pornographie, vol ou violence. L’addiction est une dépendance qui vise à combler un vide ou un manque. Elle n’est que symptôme.

La personne peut souffrir d’absence d’amour, d’un sentiment de faute ou d’échec, d’un deuil inaccompli, d’insécurité ou avoir peu d’estime de soi. Souvent, elle ne sait pas quelle est la raison de sa souffrance. Les causes du mal-être peuvent remonter à un passé lointain et peuvent être profondément refoulées. Le traumatisme à la base d’une addiction peut même traverser des générations.

Il peut être individuel ou collectif. Il s’agit parfois de différents chocs successifs. Par exemple, nos jeunes ressentent un grand désespoir du fait que dans une société qui valorise le succès éducatif, la majorité des Mauriciens sont très peu lettrés, voire alphabétisés. Nos politiciens ont, avec succès depuis plusieurs générations, volontairement offert des certificats d’échec à un pourcentage trop important de nos jeunes, les gardant ainsi dans un état de dépendance pathologique.

L’île Maurice porte en elle des blessures profondes qui ont été peu exprimées. Pour les panser, commençons par en prendre conscience, créer des occasions d’en parler, pour les accepter comme une partie du parcours personnel ou collectif. Une exploration de l’histoire personnelle, familiale et communautaire mènerait à une meilleure connaissance de soi. Ce grand élan national d’introspection pourrait donner à l’île Maurice sa dignité et sa foi en elle-même, en son avenir.

Les méthodes thérapeutiques sont multiples : de la psychothérapie individuelle ou familiale, aux groupes de parole, ateliers d’art, de musique ou de théâtre. Cette narration de soi est un travail d’écoute et d’expression à accomplir avec amour.