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Licenciement chez Star Knitwear
240 employés face à un portail fermé
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Licenciement chez Star Knitwear
240 employés face à un portail fermé

Les employés avaient exprimé leur mécontentement en décembre en raison du retard dans le paiement de leur prime de fin d'année.
Ils sont 240 employés de Star Knitwear – Mauriciens et étrangers – à avoir reçu à leur grande surprise leur lettre de licenciement, le 29 janvier, par voie postale. Hier matin, bien que la lettre stipule que leur dernier jour de travail est le 28 février, ils se sont rendus sur leur lieu de travail, seulement pour se retrouver face à un portail fermé. Le licenciement des 240 employés de Star Knitwear, entreprise fondée en 1987 et basée à Coromandel, s’inscrit dans sa stratégie de restructuration, comme annoncée dans un communiqué.
«Nous évaluons toujours les lettres qui nous ont été remises par l’entreprise. Nous analysons si elles sont légales», explique un employé ayant 25 ans de service dans l’entreprise, mais qui n’a pas souhaité se dévoiler à ce stade. Selon lui, les employés ayant reçu leur lettre de licenciement se sont réunis lundi pour discuter de la marche à suivre et se retrouvent également aujourd’hui. «Nous sommes toujours dans le flou. Nous n’avons pas encore contacté d’homme de loi, mais nous le ferons bientôt», dit-il, tandis que «techniquement», ajoute-t-il, ceux ayant reçu leur lettre sont toujours en poste, car la lettre indique que leur emploi se termine le 28 février.
La lettre de licenciement envoyée aux 240 ex-employés indique qu’ils recevront un lump sum qui comprend une rémunération équivalente à un mois de salaire en lieu, le bonus de fin d’année proratisé, basé sur les revenus jusqu’au 28 février 2025, le solde final du paiement du bonus du 14ᵉ mois et une compensation pour les congés non pris en 2024, le cas échéant. La lettre de l’entreprise indique que la compagnie fait face à des difficultés financières depuis quelques années dues à la baisse de volume des affaires et à l’escalade des coûts opérationnels. L’entreprise précise également que malgré les efforts de la direction pour soutenir les opérations, incluant l’exploration de diverses stratégies, «ces efforts n’ont donné aucun résultat suffisant pour continuer les opérations», peut-on lire dans la lettre. Dans une déclaration, Star Kniwear explique qu’elle entreprend un plan de restructuration majeur. La raison est «la baisse de la production, une augmentation des coûts et une perte assez significative de compétitivité».
L’employé regrette que parmi les personnes ayant été remerciées figurent celles qui viennent d’accoucher ainsi que celles qui partiront bientôt à la retraite. «Nous avions été prévenus que nous serions mis à la porte, mais la surprise a été trop rapide», explique Rekha Gungoo, ex-employée de Star Knitwear, qui a reçu sa lettre de licenciement vendredi. Cette employée syndiquée précise que les travailleurs n’ont rien pu dire, étant donné que pénétrer l’enceinte de l’établissement est illégal. L’ex-employée ajoute que ce sont des mères et des pères de famille qui ont été remerciés alors qu’ils se sont donnés «corps et âme» pour l’entreprise. Selon certains employés ayant souhaité garder l’anonymat, l’entreprise a cessé les heures supplémentaires depuis l’année dernière en raison d’un manque de commandes. «Nous avons remarqué un ralentissement de l’activité après décembre 2024», expliquent-ils.
Lorsque nous avons contacté l’entreprise pour joindre un responsable des ressources humaines, aucun membre du département n’était en mesure de nous répondre. «Les employés ont reçu leur lettre de licenciement en raison de difficultés économiques et financières», a expliqué une employée, qui n’est pas du département des ressources humaines. Elle n’a pas pu préciser si d’autres licenciements auront lieu.
Une réunion prévue aujourd’hui avec la CTSP
Afin d’éclaircir les zones d’ombre concernant le paiement qui sera octroyé aux ex-employés, la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP) annonce qu’une réunion se tiendra ce mardi à son siège, à Rose-Hill. «Nous devons avoir cette réunion pour éviter toute erreur», dit-elle. De préciser qu’elle se considère victime de licenciement après avoir exprimé son mécontentement lorsque les employés n’avaient pas reçu leur prime de fin d’année à temps. «Nous devons aussi connaître nos droits», insiste-t-elle. Une rencontre est également prévue ce matin au ministère du Travail pour discuter de la marche à suivre. Elle estime que ce licenciement a été prémédité. Contacté pour réagir à cette rencontre prévue aujourd’hui, le président de la CTSP, Reeaz Chuttoo, n’a pas répondu à nos appels.
Leevy Frivet : «Une assurance est nécessaire dans nos lois»
Sollicité pour réagir sur la compensation qui devra être payée aux employés licenciés, le consultant en relations industrielles, Leevy Frivet, souligne qu’à chaque fermeture d’usine pour des raisons économiques, la question du paiement du temps de service devient un véritable problème. Bien que le Portable Retirement Gratuity Fund existe, il précise que cette loi n’est entrée en vigueur qu’en 2019 et n’a été appliquée que quelques années plus tard. «Pour qu’un employé obtienne ce qui lui est dû, c’est très compliqué. La seule manière d’y parvenir est de poursuivre l’employeur devant la cour industrielle», explique-t-il. Il déplore cependant que les jugements soient souvent trop «académiques» et condamnent l’employeur à payer sans que celui-ci ne dispose des ressources nécessaires. «Il faudrait peut-être envisager l’introduction d’une assurance afin que l’employé licencié soit rémunéré», suggère-t-il.
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