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Deuxième trimestre

La rentrée des clashs

24 avril 2024, 16:00

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La rentrée des clashs

Après une pause de deux semaines suivie d’un jour de congé forcé lundi, les classes ont repris hier, dans un contexte encore lourd des défis du premier trimestre. Il est marqué par 12 jours de fermeture des écoles en raison des conditions météo, le manque de manuels scolaires et d’équipements, toujours pas résolu, et l’étude sur une éventuelle révision du calendrier scolaire. Avec plusieurs autres défis à relever pour un deuxième trimestre plus stable, le secteur reste donc sous haute surveillance.

Éventuelle révision du calendrier scolaire à l’étude

Le début de l’année scolaire 2024 a été marqué par des défis significatifs, dont les perturbations causées par la fermeture des écoles suite aux conditions météorologiques. Ces intempéries ont conduit à la perte de 12 jours de classe depuis la rentrée du 11 janvier, entraînant un retard notable dans le programme d’enseignement et soulevant des questions sur la viabilité du calendrier scolaire actuel. Face à ces défis, des parents et des professionnels de l’éducation ont suggéré une réévaluation du calendrier. Certains proposent même de décaler le début du premier trimestre à février, espérant ainsi éviter la période la plus risquée en termes de conditions météo défavorables.

Cette proposition vise surtout à garantir la sécurité des élèves et la continuité pédagogique. «Commencer l’année scolaire en plein milieu de la saison des pluies et des cyclones met en péril l’éducation de nos enfants chaque année. Un ajustement du calendrier pourrait représenter une solution logique et nécessaire», explique un parent concerné. Dans ce contexte, la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, a pris l’initiative de lancer un survey auprès des chefs d’établissement pour faire le point sur la situation et déterminer les prochaines étapes. Cette enquête devrait permettre au ministère de comprendre précisément ce qui doit être fait et les résultats serviront à décider d’une éventuelle révision du calendrier. La ministre attend les rapports techniques pour prendre toute décision finale.

Manuels scolaires toujours «missing»

D’autre part, si les élèves ont pu retourner en classe, le problème des manuels scolaires demeure entier. Les chefs d’établissement au niveau primaire et secondaire rapportent que la situation, bien qu’améliorée, est loin d’être résolue à 100 %. Cela pose un problème de disponibilité de ressources pédagogiques essentielles à la bonne progression des programmes d’enseignement. Un nombre important de manuels scolaires n’a toujours pas été livré, malgré les assurances du gouvernement. La ministre avait admis que, sur les 422 manuels requis pour les Grades 1 à 9, 54 étaient encore manquants. Elle avait promis qu’ils seraient disponibles sous peu. Cependant, cette promesse ne s’est pas concrétisée et les élèves entament le deuxième trimestre sans certains manuels.

Au niveau du ministère, l’on rassure une fois de plus que la distribution sera complétée en cette première semaine de la rentrée. Cette situation entrave sérieusement la capacité des enseignants à fournir un enseignement de qualité et ils sont souvent contraints de se rabattre sur des supports moins adéquats.

Par ailleurs, alors que la ministre avait fait savoir que l’appel d’offres pour l’impression des manuels serait lancé plus tôt cette année pour éviter des retards, cet exercice n’a toujours pas été fait. Il est lancé d’habitude au mois de juillet pour que les manuels soient imprimés début décembre. Aucune indication non plus si le choix du ministère se portera cette fois sur l’imprimerie du gouvernement ou sur des particuliers dont la sélection est souvent contestée auprès de l’Independent Review Panel.

Où sont passées les tablettes pour l’«Early Digital Learning Programme» ?

L’intégration des technologies numériques dans l’éducation primaire, envisagée comme une révolution dans l’apprentissage des jeunes élèves, connaît un démarrage hétérogène. Le programme Early Digital Learning, lancé l’année dernière avec l’intention de moderniser l’approche pédagogique pour les écoliers des Grades 5 et 6, peine à déployer ses promesses uniformément. Environ 25 000 jeunes écoliers devraient bénéficier de tablettes tactiles pour leurs révisions en classe. Cette initiative, démarrée en août dernier, vise à rendre les cours plus interactifs et à préparer les élèves à un monde de plus en plus numérisé. Toutefois, la réalité sur le terrain montre des lacunes significatives dans l’application de ce programme ambitieux.

Plusieurs écoles, en particulier dans les régions moins favorisées, n’ayant toujours pas reçu ces outils numériques, les enseignants continuent de s’appuyer sur des méthodes traditionnelles, utilisant tableau et craies. Ces écoles attendent toujours de recevoir les tablettes.

Pour les établissements qui en ont reçu, un autre ensemble de défis émerge. Des problèmes techniques, tels que des soucis de connexion ou des programmes inaccessibles, entravent leur utilisation efficace. «Les tablettes sont là, mais souvent, nous ne pouvons pas les utiliser comme prévu. Des problèmes de logiciels et de connectivité n’ont pas été résolus», déplore un enseignant. Le ministère, bien qu’il ait lancé la distribution des tablettes, semble avoir négligé le suivi nécessaire pour assurer leur fonctionnement optimal.

Les enseignants dans le flou total sur l’évaluation des Grades 4 et 5

Des ajustements importants sont prévus pour les examens de fin d’année des Grades 4 et 5. Ces changements qui prennent effet au début du deuxième trimestre visent à standardiser les évaluations à travers l’île et à Rodrigues. Pour s’assurer que les enseignants sont préparés à cette transition, des ateliers de travail ont eu lieu durant les vacances. Ces sessions devaient permettre aux éducateurs de se familiariser avec les nouveaux formats d’examen et les concepts actualisés. Mais en dépit de ces sessions de travail, les enseignants sont toujours dans le flou et attendent des éclaircissements sur ces nouvelles directives pour enclencher les prochaines étapes de cette transition. Les réformes comprennent une révision des questionnaires, qui seront désormais conçus pour évaluer de manière plus efficace les compétences des élèves.

Les examens seront structurés de manière à permettre à chaque élève de progresser et de marquer des points selon ses performances. En Grade 5, tous les examens restent programmés pour la fin de l’année, mais le modèle des questionnaires sera ajusté pour mieux refléter le programme d’études en place depuis 2015. En Grade 4, une partie majeure de l’évaluation se fera par un schoolbased assessment, constituant 14 % des évaluations pour les langues (anglais, français et langues asiatiques) et 33,3 % pour les mathématiques, les sciences et l’histoire-géographie. Les évaluations pratiques, supervisées par les enseignants, se tiendront au cours du deuxième trimestre. Les examens de fin d’année représenteront 86 % et 66,6 % des notes totales selon les matières.

Constat des dégâts dans les écoles critiqué pour son manque de rigueur

Après les épisodes de fortes pluies, il est courant que les établissements scolaires restent fermés, même après le retrait des alertes météo. Officiellement, cette mesure permet au personnel non-enseignant et aux chefs d’établissements de réaliser un état des lieux pour évaluer les risques éventuels avant la reprise des cours. Cependant, des critiques montent au créneau sur la manière dont ces inspections sont menées. Selon des sources internes, bien que la fermeture des écoles après de grosses pluies soit justifiée pour assurer la sécurité des enfants, l’évaluation réalisée est souvent qualifiée de superficielle et sans professionnalisme. «Comment le personnel est-il censé faire une évaluation complète en quelques heures ?» s’interroge un responsable.

Il apparaît que ces évaluations sont rarement suivies d’un rapport détaillé au ministère de l’Éducation, soulignant donc une absence de suivi formel. «C’est un exercice uniquement pour la forme, rien de concret n’en ressort», ajoute-t-il. Cette situation laisse supposer une certaine négligence qui pourrait mettre en péril la sécurité des élèves lors de futurs épisodes pluvieux. De plus, l’absence de fonctionnaires du ministère pour superviser ces inspections suscite des inquiétudes sur l’efficacité avec laquelle les problèmes sont identifiés et traités. Sans une surveillance adéquate, même les écoles présentant des risques importants pourraient ne pas recevoir l’attention nécessaire pour garantir un environnement sûr.