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Raouf Khodabaccus: «Je serai candidat aux prochaines élections»

4 juin 2023, 19:00

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Raouf Khodabaccus: «Je serai candidat aux prochaines élections»

Il est connu pour dire les choses comme elles sont avec sa verve habituelle. L’activiste social est omniprésent sur la scène locale, que ce soit dans des mouvements de protestation ou des conférences de presse, aux côtés d’autres membres de Linion Pep Morisien (LPM)…

Vous êtes décidément partout! Il se passe rarement un jour sans que vous ne manifestiez votre colère contre les membres du régime et leurs proches. Pourquoi tant de haine ?
De la haine non ! Il est question de justice. Je ne peux pas rester tranquille quand je vois tant d’injustice de la part de ce gouvernement envers nous. Je sens que je dois agir et non pas seulement montrer de la colère et faire des commentaires à droite et à gauche. Quand tout va mal dans le pays, il faut le dire que ce soit en face de la personne, devant le Parlement ou dans la rue, entre autres, s’il le faut...

Qui est Raouf Khodabaccus ?
Un citoyen comme un autre. Je suis marié, père de trois enfants et grand-père gato. Ma famille est très soudée et elle m’épaule dans mon combat, dans mes actions sociales et politiques. J’ai aussi été pendant longtemps un travailleur social qui a œuvré contre la drogue, mais aussi contre la pauvreté. J’ai également été conseiller municipal de Port-Louis de 2005 à 2011. Pendant quelques années, de 1988 à 1996, j’ai été actif au sein du parti Hizbullah.

Pourquoi avoir adhéré au parti de Rama Valayden ?
J’ai débuté mes actions comme activiste social, mais c’était en isolement. Avec une petite équipe, nous avions manifesté sur plusieurs thèmes mais après je me suis dit que si je me joignais à une équipe, il y aurait plus de capacité d’actions. Depuis, je suis un des dirigeants qui ont formé le LPM.

Que revendiquez-vous ?
Ma revendication : une nation heureuse ; nous ne pouvons pas être malheureux, stressés. Nous devons vivre en harmonie avec la nature et l’environnement notamment...

Serez-vous candidat aux prochaines législatives ?
Oui !

Vous réclamez le départ de Yogida Sawmynaden, du speaker, du commissaire de police. Vous militez aussi pour une baisse des prix des carburants. À quoi carburez-vous ?
C’est ma façon de faire, mon caractère. J’ai beaucoup d’énergie. Quand je vois que le speaker bafoue la démocratie au Parlement, je suis outré. On ne peut pas permettre qu’il agisse comme un dictateur car les décisions prises au Parlement me concernent, cela concerne tous les Mauriciens. D’où mon initiative de traîner dans les rues de Port-Louis, un Sooroojdev Phokeer en carton.

Puis il y a Yogida Sawmynaden, nous ne pouvons pas rester les bras croisés quand on voit qu’il est impliqué directement ou indirectement dans la mort atroce de son propre agent, Soopramanien Kistnen. Le rapport de l’enquête judiciaire le dit. Nous sommes donc obligés de demander sa démission. Idem pour le prix de l’essence (NdlR, cet entretien a été réalisé avant la présentation du Budget). Nos actions dans leur ensemble ont eu l’appui et le soutien de la population, on le voit. C’est aussi pour cela que je milite. Et je vais continuer à le faire...

Ma revendication : une nation heureuse ; nous ne pouvons pas être malheureux, stressés.

Selon vous, quel est le problème le plus urgent auquel le pays fait face ?
La drogue. Nos jeunes sont l’avenir. Nous notons que la drogue a infiltré non seulement les villes mais aussi les villages où il y a également le problème des maisons de jeu et l’alcool. Il faut rapidement s’attaquer à ces fléaux. Si nous sommes au sein du prochain gouvernement, il faudra mettre l’accent sur l’éducation, les loisirs, le sport et mettre tout le monde à l’abri de la drogue qui est à la portée de tous actuellement.

Pensez-vous que les manifestations pacifiques ou vocales aideront à changer quelque chose ? Définitivement. À travers ces protestations qui sont d’ailleurs des réussites, nous avons pu contribuer à faire l’éducation de la population mais aussi les impliquer dans le combat. Zot pann res deryer zot lékran portab... De plus, cela aide à ce que ce gouvernement qui est déjà sourd et aveugle ne fasse pas pire.

N’avez-vous pas peur des représailles ? (NdlR, Il s’en est pris aux policiers devant la mairie de Port-Louis pas plus tard que mercredi) ?
Je ne dis pas que je n’ai pas peur. Mais j’ai foi en Dieu, qui je sais, me protège. Puis, j’agis dans les paramètres de la loi. Combien de fois la police est venue chez moi à 6 heures du matin. Au moment même où je vous parle je suis sous caution pour avoir manifesté devant l’hôpital Jeetoo avec un PPE. Je ne suis nullement démotivé. Le combat continue.

Justement que pensez-vous de la Special Striking Team ?
On a vu que toutes les arrestations faites par la Special Striking Team (SST) ont été vaines. Leur façon d’agir traumatise la population dans son ensemble. On voit aussi que les opposants du régime sont dans leur viseur et c’est cela qui fait peur à la population. La SST n’a pas lieu d’être. Il faut la dissoudre. Elle est une honte pour la force policière. Ou koné komié lapolis mem gagn laont ek zot? Dans le passé, il y avait l’équipe de Radhoa qui était dans l’extrême. Et nous savons tous comment cela s’est terminé. Si la SST ne change pas son mode opératoire, elle connaîtra la même fin.

Après Bissessur, Laurette, Rama et maintenant Singh, qui est le prochain sur la liste, selon vous ?
Il y a déjà une hitlist en circulation. Et moi parmi. Attendons voir. Pravind Jugnauth a une équipe au sein de la police, tout le monde l’a compris. Li pa per pou gagn eleksion mé li pli per pou perdi eleksion...

Qu’en est-il de votre prise de bec avec l’avocat Samad Golamaully devant les locaux de Radio Plus après l’épisode «fey lisou» ? Kifer ounn manz margoz ?
Se pa enn lager ! J’ai été outré d’entendre qu’il avait été payé par un proche du pouvoir à l’étranger pour monter ce contre-rapport sur la mort de l’ex-agent Kistnen. Je suis allé lui dire en face ce que je pense. Ki linn pran kas pou manipil lopinion piblik. Mo pa ti pou al lager baté mwa. D’ailleurs, je n’ai pas besoin d’en dire plus, dans le milieu des avocats, on sait tous de quelle réputation jouissent ces deux hommes de loi (NdlR, Samad Golamaully et Ashley Hurhangee).

Parlons des municipales. LPM a tenu une série de manifestations mercredi. À quand le prochain coup d’éclat ?
Les manifestions étaient une première étape par rapport au renvoi des élections municipales. Mardi, 18 avocats se sont rencontrés au siège du LPM pour revoir ce projet de loi et nous allons prochainement le contester en Cour suprême. L’on compte le Rassemblement Mauricien, le Parti travailliste et Rezistans ek Alternativ. Il y a une vraie solidarité sur ce dossier.

Qu’avez-vous à dire sur le traitement qu’ont reçu Rama Valayden et José Moirt à la mairie de Port-Louis mercredi lors d’une de vos manifestations ?
Rama Valayden et José Moirt se sont rendus à l’intérieur et il n’y a eu aucun problème avec la police. Mais c’est en descendant les marches qu’il y a eu un souci. Quelqu’un dans l’assistance a dit à Rama Valayden «to pou fini kouman Kistnen». Qu’a-t-il voulu dire et nous faire comprendre ? Qu’elle sait comment est mort Kistnen ? À mercredi, nous avions revu toutes les images et nous allons les remettre à la police pour des actions.

Et une opposition unie, vous êtes pour ?
Oui. Rama Valayden l’a toujours dit. Il faut rassembler tout le monde pour virer ce gouvernement du pouvoir. Pa bizin zis sanz minis, bizin tir sa gouvernman pouri la ! Le Muvman Liberater, lui, n’existe déjà plus. Nous sommes déjà en contact avec Roshi Bhadain, nous avons rencontré Rezistans ek Alternativ, Idéal Démocrate, Arvin Boolell et plusieurs membres du PTr dans le cadre des municipales et nous travaillons déjà avec Nando Bodha. On croit en une opposition unie...