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Consultations pré-budgétaires: le ministre des Finances déclare la guerre aux déstabilisateurs de l’économie

22 mars 2023, 22:00

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Consultations pré-budgétaires: le ministre des Finances déclare la guerre aux déstabilisateurs de l’économie

Celle qui fait le plus peur, c’est l’inflation importée et ses effets sur les activités économiques du pays. Ensuite, ce n’est ni plus ni moins que la dépréciation de la roupie face aux devises étrangères. Renganaden Padayachy a fait de la stabilité de la roupie le défi à relever absolument dans le prochain Budget de l’État.

Mission quasi-impossible pour le ministre des Finances par rapport au prochain Budget national dans un contexte où de nombreux facteurs qualifiés de déstabilisateurs viennent défier la volonté de tout gouvernement de présenter un Budget nanti de signes d’espérance que les choses peuvent s’améliorer à l’avenir. Lors du Public Private Joint Committee tenu lundi après-midi à l’hôtel Hennessy Park, à Ébène, devant les principaux acteurs du secteur privé, Renganaden Padayachy n’a certes pas voulu masquer les contours d’une situation aux signes potentiels de désespoir mais il a surtout voulu démontrer que face aux nombreux défis, aucune fatalité ne peut éloigner le désir de vouloir faire mieux à l’avenir.

«Il y a une forte demande en devises qui entraîne une pression sur la valeur de notre roupie. La Banque centrale est en train d’examiner sérieusement ce problème. Elle est en train d’analyser les données et prendra les actions appropriées. L’année 2023 est l’année où une de nos priorités sera de viser la stabilisation par rapport à tous les facteurs, en particulier la roupie, qui peuvent impacter les activités économiques. Il est indispensable que nous soyons précis dans notre politique pour maintenir la stabilité des prix. Nous arrivons dans cette période-là.»

À part l’inflation importée, le ministre a déclaré qu’il faisait tout pour limiter le niveau de l’inflation locale. Son équipe travaille pour que le taux d’inflation assez élevé de l’exercice 2022-23 diminue dans l’exercice 2023-24, pour que la stabilisation des prix puisse être atteinte. Ce dossier, dit-il, est d’une importance capitale pour lui. «Il est vrai que la tendance à la dépréciation de la roupie est un facteur qui inquiète. Cependant, je suis en consultation avec les institutions internationales par rapport au prix d’équilibre, au marché, même si on a eu une très forte reprise du secteur touristique. On n’a malheureusement pas atteint le niveau escompté. Il y a donc un manque à gagner au niveau des devises dont il faut tenir compte. Après la crise de 2020, nous devons examiner tous les indicateurs pour voir dans quelle mesure nous pouvons nous retrouver dans une évolution plus stable de notre économie.»

Il est ensuite revenu à l’Economic Development Board (EDB) d’exposer l’environnement avec lequel le ministre des Finances doit composer pour son itinéraire budgétaire 2023-24.

Les défis dévoilés par son Chief Executive Officer CEO), Ken Poonoosamy, impliquent la tourmente du système bancaire mondial avec, pour conséquence, la concertation des banques centrales pour augmenter le taux d’intérêt sur les emprunts, véritable levier de la vie économique et élément à la base de tout investissement. Résultat : les investisseurs potentiels vont réfléchir à dix fois avant de frapper aux portes des banques commerciales à la recherche de fonds pour leurs projets d’investissement. Par ailleurs, l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’épargne aucun pays et l’inflation importée couplée à l’inflation conventionnelle constitue un potentiel foyer d’explosion sociale avec des hausses généralisées de prix.

Le dernier Economic Sentiment Survey de l’EDB est venu confirmer que les trois facteurs qui ont eu un impact négatif sur le monde mauricien des affaires au quatrième trimestre de 2022 étaient l’inflation, qui a affecté 93 % des opérateurs ; les implications financières de la conduite des affaires pour 69 % des opérateurs ; et le taux de change qui dévoile la faiblesse de la roupie face aux autres devises. Comme l’union fait la force et que le scénario de la détérioration de la situation économique tant locale que mondiale est déjà connu, pour en atténuer les effets sur l’économie nationale, les secteurs privé et public doivent, dit-il, oublier les éléments qui les poussent à mettre en avant leur spécificité propre pour repérer le cadre qui permettra d’assurer la croissance économique du pays.

C’est dans cet esprit que les secteurs public et privé sont tombés d’accord pour se réunir pour la sixième fois dans le cadre du Public Private Joint Committee, dont la philosophie repose sur le fait que quels que soient les défis auxquels le pays est exposé, la recherche des solutions appropriées se trouve dans la concertation entre ces deux partenaires chargés de gérer les grandes lignes du développement économique. «Nous sommes contraints, a déclaré Ken Poonoosamy, à trouver ensemble la réponse à chacun des défis auxquels le pays est confronté afin de placer notre économie parmi celles des pays à revenu élevé.»

Que ce soit du côté de Business Mauritius (BM) porte-parole des principaux acteurs économiques, par la voix de son président, Jean Pierre Dalais, que celui du gouvernement, la posture est que le pays doit obligatoirement rechercher l’appui susceptible de l’aider à ne pas subir passivement les effets des facteurs de déstabilisation que sont la dépréciation de la roupie, la hausse du coût de faire des affaires à Maurice, dont celui des énergies. Il est aussi nécessaire, ajoute-t-il, de rassurer la communauté des affaires après la chute vertigineuse de la Silicon Valley Bank aux États-Unis, grâce à qui l’économie mondiale a su exploiter le potentiel dégagé par de nouvelles sociétés qui ont parié sur les technologies innovantes comme nouvelle source de croissance économique, tout comme celle du Crédit Suisse en Europe, qui incarne l’art de préserver la stabilité financière en toute circonstance.

«On est dans un environnement international très challenging, soutient le président du conseil d’administration de BM, surtout par rapport aux effets du conflit Russie/ Ukraine. Cependant, il faut être vigilant par rapport à ce qui se passe dans le milieu bancaire international. Personnellement, je ne pense pas que la situation va empirer davantage car les banques centrales vont intervenir pour que cela ne se produise pas. La priorité à laquelle le Budget devrait s’atteler, c’est de maintenir les efforts déployés pour continuer la relance. Un certain nombre de mesures sont importantes, comme l’ouverture du pays et la nécessité de continuer dans cette direction pour assurer notre développement économique. Il y a aussi quelques facteurs susceptibles de bloquer cet élan mais ensemble, on doit tout faire pour les éliminer.»