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Le pays malade de consanguinité

15 février 2023, 11:00

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Nos petites actualités politiciennes font partie d’un vieux jeu de dupes. Roshi Bhadain qui signifie qu’il n’a jamais été question d’alliance avec Nando Bodha alors que l’heure aurait dû être au rassemblement des forces (disparates) anti-gouvernementales. Bodha, rattrapé par la commission rogatoire sur Franklin, qui ne sait plus sur quel pied danser par rapport à Navin Ramgoolam. Ce dernier demeurant le chouchou de Xavier-Luc Duval et de Paul Bérenger qui avaient essayé de flirter avec l’idée d’avoir à la tête des Rouges Arvin Boolell, avant de réaliser, quelques mois plus tard, que celui-ci se complaît dans son rôle de Poulidor, comme l’était son père face à SSR. 

Les agitations qui occupent nos pages politiques constituent la première phase d’une partie de chaises musicales dans les rangs dispersés de l’opposition. La deuxième phase sera encore plus compliquée. Outre la distribution des tickets entre les leaders et les partis, il s’agira de savoir qui de Bérenger ou Duval irait au Réduit pour se mettre en retrait de la politique, étant donné qu’il est presque acquis que, malgré quelques atermoiements çà et là, Ramgoolam sera présenté comme PM pour un mandat entier de cinq ans, s’il arrive à se faire élire après ses deux cinglantes défaites électorales. 

Ces discussions sur la place des uns et des autres relèvent de la petite politique politicienne qui ne va pas sortir Maurice de la mélasse. Alors que nombre de nos institutions ne fonctionnent plus, parce qu’elles ont été perverties précisément par la chose politicienne et des liens mafieux, le pays a besoin de personnes pouvant faire émerger une nation interculturelle, moderne, tolérante, pouvant reléguer au second plan la société sectaire, passéiste et inintelligente qu’entretiennent les partis politiques et les lobbies socioculturels qui mélangent allègrement politique et religion. 

Au lieu de parler de sa vision du pays, Pravind Jugnauth choisit de focaliser ses tirs sur Navin Ramgoolam. Tout le monde s’emballe. Dans ce duel de Vaish, où est l’acceptation du mérite politique ? Un chef de gouvernement, au XXIe siècle, doit être évalué, par ses pairs d’abord (parce qu’ils vont se courber devant lui), et l’électorat ensuite, par rapport à une vision, un programme, des mesures concrètes, bref par rapport à ce qu’on le croit capable de réaliser. Non pas parce qu’il est le symbole dominant d’une caste spécifique. D’ailleurs il est indécent que Bérenger et Duval, réalisant qu’ils n’ont pas le «carat» nécessaire, pompent Bodha comme monnaie de singe face à Ramgoolam.

Mais au-delà de l’argumentaire ethnique, qu’en est-il des idées et des moyens sur le plan économique ? N’y a-t-il plus de miracle à espérer ? Quelles seront les priorités des prochaines années indépendamment du régime au pouvoir ? Les jeunes vont rester au pays uniquement s’ils sont inspirés par de nouveaux rêves de progrès social et économique ainsi que par de nouvelles luttes en faveur de l’égalité des chances. Pour l’heure, tant dans le gouvernement que dans l’opposition, ainsi que dans le gros du secteur privé, ils constatent que les meilleures places sont réservées au nom d’une consanguinité des élites ou des propriétaires, contre-exemples vivants de la méritocratie. Si aucune société n’échappe aux phénomènes de discrimination, et que la politique est malade de consanguinité, la démocratie, notre République et ses enfants demeurent les grands perdants de cet échec collectif. Jusqu’à quand le peuple va-t-il continuer à cautionner les imposteurs qui parlent en son nom et le dirigent…