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Des Chagossiens rentrés de Blenheim Reef: «Un voyage entre deux cyclones à bord d'un Bleu de Nîmes loin d'être luxueux.»

24 février 2022, 13:05

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Des Chagossiens rentrés de Blenheim Reef: «Un voyage entre deux cyclones à bord d'un Bleu de Nîmes loin d'être luxueux.»

Back to Mauritius. Les cinq Chagossiens qui ont fait le voyage jusqu’à Peros Banhos et Blenheim Reef ont regagné leur domicile. Ils sont rentrés hier par le vol HM 049 en provenance des Seychelles, qui a atterri à Plaisance à 12 h 30.

Olivier Bancoult est catégorique : «Je ne ferais aucune déclaration. Il y a aura une conférence de presse peut-être samedi.» Observant la ligne de conduite adoptée jusque-là.

Devant le van de 15 places qui attend pour déposer les Chagossiens à leur domicile, Olivier Bancoult explique à ses compagnons de voyage qu’il sera le dernier à descendre. Et qu’il vaut mieux ranger les valises dans cet ordre.

«Sa bann zafer-la bizin rétourn biro», indique alors Marcel Humbert. Il s’agit de leurs outils : pelles, pioches, faucilles utilisées pour couper les herbes hautes qui ont envahi leur «zil natal» depuis le départ forcé d’il y a environ 50 ans.

«Vous avez dit que le cimetière est en mauvais état. On a aussi vu l’hôpital où l’une des membres de la délégation a accouché.» «Sa mwa sa», lance Rosemonde Bertin. Olivier Bancoult coupe court : «On vous dira tout ce que vous voulez savoir à la conférence de presse.»

D’ici là, il faudra se contenter des premières impressions glanées auprès de deux autres passagères qui n’ont pas souhaité être identifiées. L’une d’elles confie qu’il y avait «12 Mauriciens à bord». Parmi eux, un photographe du Government Information Service, en sus de l’équipe de la Mauritius Broadcasting Corporation.

Le plus mémorable pour cette passagère ? «Poser le pied sur les Chagos, quand on est allés sur Peros Banhos. Ce voyage, je ne sais pas si j’aurais l’occasion de le refaire un jour. C’est un once in a life-time ça.» L’autre passagère retient surtout à quel point c’était émouvant d’accompagner les Chagossiens sur Peros. «Nou’nn trouvé kot zot lakaz ti été. C’est vrai que c’est le paradis et que leur vie là-bas aurait pu être extra jolie.» Dans la tête, elle a des images de «coco partou» et de crabes d’une taille impressionnante.

«Manzé pa ti bon»

Ces deux passagères se rejoignent pour dire que «contrairement à ce qui a été dit», le Bleu de Nîmes «pa ti lux». L’une d’elles explique, «entre ce qu’on a vu en photo et ce qu’on a eu, il y avait beaucoup de différence». Quand on lui demande de quels inconforts elle a souffert, elle lâche : «Vomi. Manzé pa ti bon. Il y avait surtout des pâtes

L’autre passagère précise que les membres de la délégation ont dû partager les cabines. «Il y a des gens qui étaient au pont inférieur. Quand on voit la mer démontée par le hublot, ça donne le frisson.» Par manque de place, «il y a des gens qui ont dormi 15 jours sur un canapé dans la TV Room».

À l’aller comme au retour, des membres d’équipage auraient souffert du mal de mer. «On est parti entre deux cyclones. Ce n’était pas évident. La mer vrémem pa ti bon.» L’équipe médicale à bord aurait eu du boulot pour s’occuper de ceux qui avaient l’estomac tout retourné et qui ne pouvaient rien avaler.