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Cachemire indien: funérailles nocturnes de Geelani sous haute sécurité

2 septembre 2021, 09:17

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Cachemire indien: funérailles nocturnes de Geelani sous haute sécurité

Les autorités indiennes ont ordonné que l'indépendantiste iconique du Cachemire, Syed Ali Geelani, décédé mercredi à l'âge de 92 ans, soit enterré au milieu de la nuit afin d'éviter des troubles dans la région sous contrôle indien où, selon des habitants jeudi, un couvre-feu a été imposé et des troupes ont été déployées. 

M. Geelani a été inhumé à 04H30 jeudi (23H00 GMT) en présence d'un cercle restreint de proches, dont deux de ses fils, dans un cimetière à proximité de son domicile dans la ville de Srinagar, a déclaré à l'AFP une source policière. 

La police a décrété un couvre-feu dans toute la vallée du Cachemire, peu après son décès. Il souffrait depuis plusieurs mois de problèmes cardiaques et rénaux. 

La mosquée voisine de la maison de Geelani avait appelé la population à se rassembler à la résidence du défunt, mais la police a prévenu que personne dans la vallée du Cachemire ne serait autorisé à quitter son domicile et des milliers de forces de sécurité ont été immédiatement déployées, selon les habitants. 

«Les troupes sont partout, il y a des barrages de barbelés sur toutes les routes principales», a déclaré l'un d'eux, notamment celles conduisant à la maison de M. Geelani, où il était aux arrêts domiciliaires depuis 11 ans. 

Depuis trois décennies, une insurrection séparatiste fait rage contre New Delhi dans la partie du Cachemire sous son contrôle.

Contrôle indien des funérailles

Le plus féroce opposant de l'Inde, qui a passé plusieurs années en prison ou en résidence surveillée, avait souhaité être enterré dans le cimetière des martyrs de Srinagar mais cette requête a été rejetée, selon la même source policière. «Nous avons essentiellement pris le contrôle des arrangements», a précisé cette source.

Des dizaines de véhicules blindés et de camions patrouillaient les rues du secteur et les services d'Internet mobile ont été coupés dans toute la région. 

Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a été l'un des premiers à rendre hommage à M. Geelani, déclarant sur Twitter qu'il était «profondément attristé» par la mort du «combattant de la liberté du Cachemire».

Selon M. Khan, qui a décrété un jour de deuil national au Pakistan, le défunt avait «lutté toute sa vie pour son peuple et son droit à l'autodétermination. Il a souffert de l'incarcération et de la torture par l'État indien occupant, mais il est resté résolu». 

L'Inde et le Pakistan se disputent l'ancien État princier du Jammu-et-Cachemire à majorité musulmane, qu'ils se partagent de fait depuis 1947. 

M. Geelani se battait pour la fusion du Cachemire indien avec la partie pakistanaise depuis les années 1960. Cette rébellion, contrée par les forces armées indiennes, a fait des dizaines de milliers de morts depuis 1989, principalement des civils. 

ligne dure

L'indépendantiste rejetait toute idée de pourparlers directs avec le gouvernement de New Delhi à moins que celui-ci n'accepte officiellement «le Cachemire comme un territoire contesté» et cesse de décrire la région comme une «partie intégrante de l'Inde».

Il s'est toujours opposé aux tentatives sporadiques mais infructueuses de dialogue entre l'Inde et le Pakistan des rivaux dotés de l'arme nucléaire qui ont mené deux de leurs trois guerres depuis l'indépendance au sujet du Cachemire et ont frôlé un quatrième conflit en 2016. 

Sa ligne dure n'a pas été sans critiques au Cachemire. «Nous n'étions peut-être pas d'accord sur la plupart des choses, mais je le respecte pour sa fermeté et son attachement à ses convictions», a déclaré Mehbooba Mufti, ancienne ministre en chef du Cachemire, sur Twitter.  

Le Cachemire indien jouissait d'une autonomie constitutionnelle que le gouvernement indien du Premier ministre Narendra Modi a révoqué le 5 août 2019, affirmant que cette mesure visait à apporter la paix et la prospérité au Cachemire. 

Le Cachemire est l'une des zones les plus militarisées au monde, avec 500 000 forces de sécurité indiennes déployées dans la région.