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Politicking

26 septembre 2018, 08:03

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C’est reparti pour un tour ! La présentation du projet de réforme électorale, vendredi dernier par le Premier ministre, replace la politique au centre des préoccupations nationales. L’ouverture des vannes à quelques jours de la rentrée parlementaire et les positions (presque) tranchées affichées par certains dirigeants de partis témoignent de la dimension des obstacles à franchir pour espérer aboutir à un début d’accord. Déjà, nous pouvons souhaiter bonne chance à Pravind Jugnauth car s’il veut éviter de se retrouver avec un mortné sur les bras, il devra sérieusement s’engager dans un processus de give and take.

Rien que sur la base des opinions exprimées jusqu’ici, nous pouvons anticiper que cet exercice, si d’aventure le chef du gouvernement décide d’emprunter cette voie, sera très ardu. À moins que de part et d’autre on veuille réellement faire avancer cet agenda. Un scénario qui malheureusement pour l’heure relève plus de l’utopie.

Pourtant, ce ne sont pas les raisons qui manquent pour justifier une modernisation de notre structure électorale. L’une d’entre elles, qui plaide vigoureusement en faveur de cette réforme trop longtemps repoussée, demeure la nécessité de corriger le déséquilibre entre le pourcentage de votes recueillis et le nombre de sièges obtenus à travers le système uninominal (First Past the Post). Cet élément, jugé par certains comme étant potentiellement fédérateur, manque cependant à l’appel dans les propositions dévoilées la semaine dernière.

Tout n’est pas perdu pour autant. Pravind Jugnauth se dit ouvert aux contre-propositions. Reste à vérifier le degré d’ouverture et les concessions qu’il est disposé à faire. D’autant plus qu’il n’a pas manqué pas de rappeler que le gouvernement pourrait également proposer un projet de loi à la rentrée parlementaire. Ce qui ne laissera que très peu de temps pour faire converger les points de vue.

En même temps, il incombe aux acteurs politiques de tous bords d’assumer pleinement leurs responsabilités. Certes, Maurice a une longue tradition de démocratie, mais il n’en demeure pas moins vrai que le système actuel ne répond plus aux aspirations de nos concitoyens. La preuve ayant été faite avec la décision de Rezistans ek Alternativ de porter plainte après que la candidature de ses membres a été rejetée aux élections générales de 2005 pour raison d’ethnicité. Le faible taux de participation à la dernière partielle de Belle-Rose/ Quatre-Bornes témoigne également d’un sentiment de ras-le-bol.

Désabusés, nos compatriotes sont donc de plus en plus nombreux à se désintéresser de la chose politique. Cette tendance, qui va certainement se perpétuer, sera lourde de conséquences si l’on ne parvient pas à redonner confiance aux Mauriciens et les rassurer quant à l’utilité de leurs votes.

Pour y parvenir, il n’est pas nécessaire de mettre en péril la stabilité politique. Le Premier ministre a souligné le caractère sacré de cette stabilité. Mais, il n’en demeure pas moins qu’une réforme électorale devrait viser en premier lieu à corriger les imperfections et rétablir les équilibres. Et partant, se défaire d’un système qui, au lieu d’élever le citoyen, le maintient dans un état de crétinisation. Ce n’est qu’à ce moment qu’on enclenchera la réforme des mentalités.