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Enseignement supérieur: Guerre d’influence à l’UoM
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Enseignement supérieur: Guerre d’influence à l’UoM
Rien ne va plus à l’université de Maurice (UoM). Entre les incohérences au niveau de la direction, les désaccords persistants entre des groupes distincts, les contestations permanentes ou encore l’ingérence des politiciens, voire des socioculturels, l’établissement est empêtré dans un bourbier. Des enquêtes initiées par la commission anticorruption sont un autre pavé dans la mare. Retour sur la descente aux enfers de l’institution d’enseignement supérieur la plus fréquentée du pays.
«C’est dommage. Pour plein de mauvaises raisons, l’UoM se retrouve à faire la une des journaux. Cela ne fait pas honneur à l’établissement !» lâche Kavi Khedo, le président de l’University of Mauritius Academic Staff Union (UMASU). Il confirme : «Plusieurs groupes et plusieurs agendas» s’affrontent sur le campus universitaire. «Même au niveau de la direction, il y a des conflits et pas vraiment de cohérence dans les prises de décisions», dit-il.
Pourquoi ces conflits sur le campus ? Selon Kavi Khedo, ce serait surtout le syndicat des employés non académiques qui poserait problème. «Ils ont déclaré la guerre à la vice-chancelière. Ils réclament sa tête. Pour l’instant, on ne progresse pas, la vice-chancelière est trop occupée à se défendre et à prendre position», souligne-t-il.
Trop souvent, ajoute le président de l’UMASU, le personnel non académique est à l’origine de polémiques qui menacent la stabilité de l’institution. Résultat des courses: l’UoM peine à mener à bien ses projets.
«Nous voulons que cela cesse car nous voulons aller de l’avant et démarrer le Strategic Plan dont on n’entend plus parler», lance Kavi Khedo. Il se dit prêt à «travailler avec le personnel non académique pour le bien de l’université».
Ingérences politiques
Et les ingérences politiques dans tout cela ? «Avant, nous avions la réputation d’être autonomes. Malheureusement, nous constatons désormais des ingérences. Nous allons dans une mauvaise direction», regrette le président de l’UMASU. Avant de s’empresser de préciser que «les chargés de cours n’ont pas recours à ces moyens».
Dit-il vrai, la tête de la vice-chancelière Romeela Mohee est-elle réclamée ? Nous avons posé la question à Iqbal Sookhroo, qui préside l’University of Mauritius Non-Academic Staff Union. «Oui !» répond-il d’emblée. «De jour en jour, il y a un malaise grandissant chez le personnel non académique. L’année dernière, la vice-chancelière avait pris une série de décisions qui n’étaient pas à notre avantage», martèle-t-il.
Lesquelles ? Iqbal Sookhroo cite en exemple la tentative de réduire la pause déjeuner. «Il y a un écart considérable entre les employés académiques et nous. Et ce, sur tous les plans», se plaint-il. Les employés académiques, fait-il ressortir, ont un emploi du temps flexible afin de leur permettre de faire des recherches. Or, dénonce notre interlocuteur, «beaucoup d’entre eux utilisent ce temps pour travailler ailleurs, sans verser une partie de ce qu’ils touchent à l’UoM. C’est un manque à gagner énorme»
Ce genre d’«injustices», enchaîne le président de l’University of Mauritius Non-Academic Staff Union, crée une frustration parmi les membres, qui estiment que leurs droits ne sont pas respectés. «C’est la raison pour laquelle nous avons fait appel à Jack Bizlall en tant que négociateur. Il est temps de redresser les choses, nous ne comptons pas rester les bras croisés !» maintient Iqbal Sookhroo. Une marche sera organisée dans les semaines à venir pour signifier la lutte que le personnel non académique est prêt à entreprendre pour faire respecter ses droits.
Qu’en est-il des ingérences externes dans la gestion de l’UoM ? On apprend que des attendants auraient recours à des proches du pouvoir pour contester des transferts, entre autres. Mais Iqbal Sookhroo est catégorique : «L’UoM est autonome. Nous condamnons ces actes!»
Transferts: Roomeela Mohee convoquée au ministère de l’Éducation
La vice-chancelière Romeela Mohee a été convoquée hier au quartier général du ministère de l’Éducation pour s’expliquer sur le transfert des attendants. Ce, après qu’un attendant, non satisfait de son transfert dans un autre département, a sollicité deux proches du pouvoir pour intervenir et annuler la décision de la Pro ViceChancellor Planning & Resources. Cependant, Romeela Mohee est intervenue, en gelant l’exercice. Au niveau de la direction de l’UoM, on laisse entendre que la vice-chancelière a souligné le fait que d’autres employés administratifs avaient également protesté. «Le transfert n’a pas été fait de manière équitable», soutient-on. Et d’ajouter que la vice-chancelière avait demandé que l’on crée des règlements précis pour tout exercice de transfert. Il nous revient que ledit document sera prêt dans les jours à venir. Et devrait être avalisé lors de la prochaine réunion du conseil d’administration de l’UoM. Une fois cette étape franchie, l’exercice de transfert pourra reprendre.
Ces chargés de cours dans «l’illégalité»
L’enquête de la commission anticorruption sur le cas de trois chargés de cours ayant enseigné dans un autre établissement sans l’aval de la direction de l’UoM a permis de faire la lumière sur un autre phénomène. Il s’avère que d’autres lecturers en feraient de même. Au niveau de la direction, on fait comprendre qu’ils seraient au moins une cinquantaine. Conscient de ce problème, Kavi Khedo confie que le syndicat est en négociations avec la direction de l’UoM depuis septembre dernier. «Ce n’est pas juste que les chargés de cours sont obligés de verser 30 % de ce qu’ils perçoivent à l’UoM alors qu’il y a des professionnels, tels des médecins, qui donnent des cours ici», avance le président de l’UMASU. Et de faire valoir que «des chargés de cours qui enseignent dans d’autres institutions, c’est monnaie courante ailleurs». À ses dires, la direction de l’UoM a été «réceptive» à la requête de l’UMASU. Les choses «évoluent dans la bonne direction».
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