Publicité

Maubon Foods, saveurs de banane

6 juillet 2005, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Il fut un temps où les frites à la banane n’incitaient pas toujours à la consommation. Dans les supermarchés, la commande était au compte-gouttes, six sachets par semaine. Maubon Foods, alors au bord du gouffre, reprend vie en 2005. Se succèdent sur les rayons des supermarchés des milliers de sachets chaque mois. La réputation de l’entreprise est de dimension internationale. Ses frites sont exportées vers l’Italie, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Afrique du Sud.

Ved Luchmun, directeur général de l’entreprise, avoue s’être laissé tenté par la banane alors que les chips de pomme de terre inondaient le marché local. “Le Mauricien a toujours été habitué à consommer la banane en deux formes : mûre ou en curry. Il lui fallait du nouveau”, souligne-t-il. C‘est ainsi qu’avec ses trois employés, il s’installe dans un local à Union Park. La production des banana chips se fait alors 100 % au manuel, de l’épluchage au découpage, et de la friture à la mise en sachet.

Mais la vente est faible. Pour mitiger ses pertes initiales, Maubon doit vendre en parallèle, des frites “normales”. En matière d’emballage, le plastique s’avérait trop basique. Sa vulnérabilité au soleil et la faible résistance au choc avaient une incidence sur la qualité. “Nous sommes donc passés à des sachets en aluminium, dont j’ai conçu le design et passé la commande de l’Afrique du Sud”, se rappelle Ved Luchmun.

Avec l’aide de la Banque de développement et une institution commerciale, l’entreprise investit dans des équipements. Sa friteuse est conçue par ses soins. Mais la vente périclite toujours. Les revendeurs ne sont point tentés de risquer sur les banana chips. Ses longues tournées pour le marketing se terminent en de faibles commandes grappillées ça et là. “C’était vraiment catastrophique”, se souvient-il.

<B>Générer des emplois et inciter la production</B>

À un moment donné, l’entreprise investit même dans la fabrication de sauce d’ail. Une fois de plus, face à la rude concurrence, le produit ne trouve pas preneur.

Le déclic intervient en octobre 1997. A l’époque, la MEDIA le sollicite pour participer, à un Food Market en Allemagne. “Je me suis fait une réputation là-bas. La banane a une valeur nutritive très élevée. Les premiers contacts établis se sont concrétisés après. à Maurice, le consommateur a commencé à s’habituer à la nouvelle gamme de frites”, relate le directeur général de Maubon Foods.

Les commandes affluent tant de Maurice que d’Europe. Le premier client est Allemand. De bouche à oreille, Maubon Foods acquiert une réputation auprès des Britanniques et des Italiens, et plus près de nous, des Réunionnais et des Sud-Africains. D’ailleurs, Ved Luchmun indique, non sans fierté, le volume envoyé à l’étranger chaque mois. “J’ai récemment envoyé la moitié d’un container vers la Grande-Bretagne”, dit-il.

L’avantage est l’utilisation d’un fruit disponible en abondance dans le pays. Acheté en grande quantité – deux tonnes passent dans ses friteuses chaque semaine – Ved Luchmun fait ressortir que cela a incité à la diversification agricole, d’une part. Et de l’autre, un regroupement des mêmes planteurs pour vendre leurs fruits en vrac.

Aujourd’hui, à La Flora, sept personnes assurent la production de dizaine de milliers de sachets. D’ici peu, l’entreprise doublera sa capacité de production. Et de par son expérience personnelle, Ved Luchmun affirme que ce genre d’entreprise génère des emplois et incitera les planteurs à produire pour que le consommateur savoure un amuse-gueule 100 % local.

La petite et moyenne entreprise (PME) a un avenir si on lui accorde l’attention voulue. “Je demande au nouveau gouvernement d’encourager les PME, tant en termes de bâtiment et de financement. Et c’est le pays qui en sortira gagnant”, soutient le directeur général de Maubon Foods.