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Navin Ramgoolam dit croire aux élections générales anticipées

29 mars 2004, 00:00

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IL A maintes fois réclamé des élections générales anticipées. Mais Navin Ramgoolam, leader du Parti travailliste (PTr), affirme aujourd?hui qu?elles auront lieu avant fin 2004 même s?il n?a donné aucun élément pour étayer ses convictions. Une étape qu?il a franchie lors de la 65e congrès du parti à l?auditorium Octave-Wiehé.

Cette affirmation repose-t-elle sur des faits qu?il ne veut pas encore révéler ? Ou est-ce simplement une stratégie pour booster ses troupes ? Car du côté du gouvernement rien n?indique que l?on va vers des élections anticipées. Au contraire, décision a été prise pour renvoyer les municipales...

?Qui peut douter du retour des travaillises au pouvoir ?? C?est la question de Navin Ramgoolam aux quelque 2 500 délégués réunis hier. Les travaillistes sont, semble-t-il, plus que jamais convaincus qu?il y aura des élections générales. Pour eux, la campagne est même déjà entamée. ?La raclée des élections générales est proche?, affirme Navin Ramgoolam.

Galvanisé par la victoire à Piton-Rivière-du-Rempart, le Parti travailliste (PTr) a partagé sa vision pour le pays. Et on a beaucoup parlé de ?démocratisation de l?économie et d?égalité des chances pour tous?.

Le constat de Navin Ramgoolam est on ne peut plus simple : tout va mal dans un pays qui vit ?sur une poudrière ?. La cause en serait outre une mauvaise gestion, ?la balkanisation des communautés par le pouvoir ?.

Les riches deviennent plus riches, les pauvres plus pauvres, la classe moyenne s?appauvrit et l?économie est chancelante, constatent les orateurs. De même que la fraude et la corruption, prétendent-ils, atteignent des sommets ?jamais vus? alors que la sécurité se dégrade.

?Li pou kone ki apel Parti travailliste?

La lutte contre le grand capital est une fois de plus présente dans le discours du leader des rouges. ?C?est inacceptable qu?une poignée de gens contrôle notre économie, Laisse Ireland Blyth investir à Agalega. Li pou konne ki appel PTr kan nou pou revinn au pouvwar.? La cible principale des ? malheurs de notre pays? est toute désignée : c?est le Premier ministre Paul Bérenger, villipendé de partout alors que les dirigeants du Mouvement socialiste mauricien sont épargnés à part l?allusion aux ?Rs 47 millions? versées par l?Etat au Sun Trust comme dédommagement pour rupture de contrat de location.

Pour Jean-François Chaumière, reconduit au poste de président du PTr faute d?autres prétendants au poste, ?le gouvernement doit rendre immédiatement le pouvoir au peuple?. Les ?partenaires? de l?alliance sociale sont là. Xavier-Luc Duval, leader du Parti mauricien Xavier Duval, estime que c?est ?la fin du calvaire avec un nouveau gouvernement en attente?. Il parle aussi du chômage, un de ses thèmes préférés. ?Mis dans son contexte, le chiffre des 34 000 emplois créés par ce gouvernement paraît ridicule puisque le chômage n?a cessé d?augmenter.?

De son côté, Madun Dulloo, leader du Mouvement militant socialiste mauricien assure : ?La voix du peuple n?est pas répercutée au Parlement et le gouvernement est déconnecté de la réalité.? Rama Valayden, leader du Mouvement républicain (MR), aborde, lui, la chaude actualité, soit la manifestation des ouvrières chinoises de Tropic Knits samedi, qui a tourné à l?affrontement avec la police.

Lors du rassemblement d?hier, a eu lieu aussi la réélection du comité exécutif du PTr et la revue de certaines clauses de la constitution du parti. Les nouveaux venus sont Rajesh Jeetah, nouveau député travailliste élu à la partielle de décembre, et Anand Neewoor, vice-président de l?Arya Sabha et ancien diplomate.

Trois amendements sont votés par l?assistance. De 150 membres, le comité exécutif du PTr passe à 170 afin de permettre l?entrée de 20 femmes. Décision du parti : des trois élus par les comités régionaux des 20 circonscriptions du pays, il doit obligatoirement y avoir une parmi.

Le poste de Deputy Leader est rétabli et la fonction sera probablement remplie ce vendredi lors de la première réunion du nouvel exécutif. Le bureau politique du PTr y sera aussi revu.

RÉSOLUTIONS DU PTR

L?entente indo-pakistanaise saluée

  • Parmi les résolutions votées figurent deux présentées par Kailash Purryag concernant des événements à l?étranger. Dans les deux cas, on ne manquera pas de noter le clin d?oeil qui est fait par rapport aux sensibilités locales. Dans la première, Kailsah Purryag dit noter la nouvelle ère de coopération entre l?Inde et le Pakistan. Il demande que le parti félicite le Premier ministre de l?Inde, Atal Vajpayee, ainsi que le président du Pakistan, Parvez Musharaff à la suite de leurs initiatives prises en faveur de la paix entre les deux pays. De plus les dirigeants du PTr exhortent les gouvernements et les peuples indiens et pakistanais à concrétiser leurs efforts afin d?arriver à un accord formel.

La seconde résolution condamne l?assassinat de Sheikh Yassin par Israël la semaine dernière. Les travaillistes lancent un appel à Israël pour qu?il ?mette un terme à sa politique de tuer des personnalités palestiniennes et autres personnes civiles engagées dans la lutte pour un Etat palestinien souverain en accord avec les résolutions des Nations unies?.

Engagement a aussi été pris pour ériger une stèle à la mémoire de Guy Rozemont au square du même nom à Port-Louis

AMBIANCE

Tout de braise

Gros plans d?une foule saoulée par la victoire de la partielle de Piton- Rivière-du-Rempart et sur le leader recevant des honneurs dignes d?une star. Le 65e congrès du PTr s?ouvre sur un film aux images orientées. Après le séga à la gloire de Navin Ramgoolam, le peuple des acquis à la cause visionne des morceaux choisis de son album de voyage. La sono est exécrable et les tympans écorchés.

?Terre de mes ancêtres, terre du Bhagavad Gita, des Vedas.? Le leader rouge joue à fond la carte des références affectives en capitalisant sur sa récente visite en Inde. Le parallèle est inratable : les fastes de la Grande péninsule en prélude à celles du retour rêvé à l?hôtel du gouvernement.

Deuxième partie du film et place à la fièvre de la partielle. Autre effet miroir, l?exaltation passe de l?écran au Réduit. Mêlant ses applaudissements aux bruits des partisans au simple énoncé du nom de Rajesh Jeetah. Le ?mood? est là. C?est en anglais que le président Chaumière intervient avant d?inviter les kamarad de l?alliance sociale à s?exprimer. Des interventions qui réchauffent la température crescendo. On écoute poliment Xavier Luc Duval. On tend l?oreille quand Madun Dulloo évoque ses liens avec le parti hôte. Fusent les ?kozé Rama, met la faya? alors que le leader du MR s?approche.

Son tour venu, Navin Ramgoolam prévient : ? Mo pou fer ène ?summary? en anglais avan pou bann foreign dignitaries, après mo fer le res diskour en kreol.? Devant l?estrade ou le petit écran installé à travers l?auditorium, les commentaires se suspendent. Chiffres du chômage, perception négative du pays à l?étranger, l?envolée du chef du PTr prend fin sur la chanson indépendantiste des frères Gowry, Donn to la me.

Dos à la baie vitrée de l?auditorium, Savitree, sa belle-mère Bassantee et sa cousine Neha s?épongent le front tout en se partageant des ?samoosas?. ?Mo sagrin mo pa?nn al fet ti fer Phoenix. Mo koir prosenn elektion nou kraze.? Savitree, c?est la passion et l?enthousiasme conjugués jusqu?au bout de son sari rouge.?Ziska ler aukain madam pa finn koze?, lui fait-on remarquer. ?Leader fini koze tou», assure-t-elle. Elle ne s?émeut pas outre mesure que deux femmes seulement, soit Sheila Bappoo et Indira Seebun, ont pris place à la table du leader. Elle réfléchit avant de revenir à la charge. ?Kalianee enn madam malinn, li kapav coze.? Cantonnée au rôle d?hôtesse, cette dernière prend alors place à côté d?une multitude d?autres saris rouges sur la tribune.

Grand mouvement de foule après cette pièce maîtresse. Le leader remet les pendules à l?heure avant d?annoncer les noms des membres du nouvel exécutif. Sur le ton du maître d?école, Navin Ramgoolam distribue des coups de rotin. Rappelle les procédures pour figurer sur la liste des membres élus. Cite le cas Jeetah qui ?finn gagn ticket? sans faire partie des instances dirigeantes du parti. Parle du précédent laissé par Jacques Chasteau de Balyon qui, absent d?une conférence annuelle sans s?être au préalable excusé, se vit refuser l?entrée au comité exécutif malgré son rang de ministre en titre.

Le ronron des rapports finit par lasser les délégués. Mais l?intervention d?Arvin Boolell vient raviver l?attention : ?Nou?nn depas logik elektoral. Nou en kampagn elektoral.? Et c?est reparti !