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Nul n?est prophète en son pays

30 août 2003, 00:00

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C?était de la folie ! Stéphan Buckland en tête de cette finale mondiale du 200 mètres à la sortie du virage. Espoir, angoisse, joie, autant d?émotions qui se mélangent, et tout un peuple qui espérait que Stéphan Buckland serait médaillé, voire champion du monde. On y a tous cru !

Mais le destin en aura décidé autrement, Stéphan Buckland prendra finalement la cinquième place de cette finale en 20.41. Mieux que sa place d?Edmonton, et n?oublions pas qu?il est le seul rescapé de la finale du demi-tour de piste d?Edmonton.

Les Américains John Capel (20.30), Darvis Patton (20.31), le Japonnais Shingo Suetsugu (20.38) et le Britannique Darren Campbell auront ainsi profité de la crispation de notre spécialiste du demi-tour de piste dans les derniers cinquantes mètres de la course. Mais cet exploit de Stéphan Buckland, car c?en est un, est d?avoir fait toute sa préparation à Maurice. Et dire que beaucoup l?avaient critiqué pour ce choix?

Même sa bourse a été réduite? simplement parce qu?il avait décidé de rester dans son île natale. Où est la logique dans tout ça ? Comme souvent, nul n?est prophète en son pays? C?est un honneur de voir un finaliste mondial qui désire rester fidèle à ses racines. Mais, pourtant, au lieu de lui en être reconnaissant, on réduit sa bourse de moitié !

C?est comme ça qu?on récompense le sport à l?île Maurice. Après, certains voudront récolter les fruits du labeur d?un sportif qui a sué jour après jour pour atteindre l?inaccessible.

Aujourd?hui, Stéphan Buckland a fait taire ses détracteurs. Aujourd?hui, Stéphan Buckland a démontré que le haut niveau peut se préparer dans les conditions optimales à Maurice. Encore faut-il que les décideurs investissent dans cette préparation, qu?ils fassent confiance à des athlètes tels que lui.

Même si le podium ou la victoire n?est pas au rendez-vous, vous chers lecteurs et des milliers d?autres encore, toute la nation, vous y avez cru.

Imaginez-ça : plus d?un million de gens scotchés devant la télé. Plus d?un million de personnes, pas forcément des passionnés d?athlétisme, espérant goûter à travers Stéphan Buckland à ce précieux métal. Le rêve ne s?est pas concrétisé? Mais quelque part ça nous a fait du bien de rêver, chose impensable auparavant !

Nombre d?entre nous avons souvent rêvé devant les plus grandes stars de l?athlétisme : Carl Lewis, Michael Johnson, Maurice Greene, Jonathan Edwards et bien d?autres. Nous avons été séduits par leur aisance, par leur maîtrise de cet art.

Aujourd?hui nous continuons de rêver, mais nous avons oublié ces dieux de ?l?athlé?, nous avons découvert d?autres idoles. Ils sont Mauriciens.

Désormais, à chaque grand rendez-vous, nous sommes tous en extase devant les nôtres. On rêve grâce aux nôtres. Ceux-là même qu?on croise dans la rue, qu?on voit à l?entraînement en allant faire un tour au stade Maryse Justin à Réduit.

?C?est extraordinaire ! Quand t?imagines que tu les vois s?entraîner devant toi, et par la suite tu les vois en train de faire chavirer toute la planète?, me faisait justement remarquer un passionné d?athlétisme, tout récemment. Il a tout compris?