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Missile portable à vendre

17 août 2003, 00:00

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Les services de police américains et russes ont mené ensemble une opération qui a abouti à l?arrestation, cette semaine près de New York, d?un trafiquant d?armes britannique. Hemant Lakhani croyait vendre un missile portable de fabrication russe à un membre d?une organisation terroriste qui préparait un attentat contre un avion de ligne. Il avait affaire, en réalité, à un agent du FBI, le Bureau fédéral d?investigation des États-Unis.

Le vendeur s?était rendu à plusieurs reprises dans la région de New York, où il avait fait savoir qu?il était en mesure de se procurer toutes sortes d?armes, dont des missiles, en Russie. Il a été appréhendé dans un hôtel proche de l?aéroport de Newark, dans le New Jersey, l?un de ceux qui desservent New York. C?est de cet aéroport qu?était parti, le 11 septembre 2001, le quatrième avion détourné par les terroristes d?Al-Qaïda, qui s?est écrasé en Pennsylvanie.

Pour cette opération, le Service fédéral de sécurité (FSB) russe a travaillé en liaison avec le FBI et avec le MI 5, le contre-espionnage britannique. Selon le New York Times, les présidents américain et russe, George Bush et Vladimir Poutine, ont été tenus informés du déroulement de l?affaire. Alertés au départ par les Américains, les Russes ont accepté de fournir au trafiquant un missile SA 18 Igla. Lancé par un tube qui se porte sur l?épaule, ce missile, d?une portée de cinq kilomètres, est dérivé du Stinger américain, fourni par les États-Unis, dans les années 1980, aux forces qui combattaient les troupes soviétiques en Afghanistan.

L?exemplaire utilisé dans le piège tendu au marchand britannique a été préalablement rendu inutilisable. Transporté par mer jusqu?à un port américain, sous un emballage de matériel médical, il a été récupéré par le vendeur. Les douanes, associées à l?opération, ont suivi le cheminement du colis sans intervenir. Deux autres arrestations ont eu lieu, en liaison avec cette affaire, dans le quartier des diamantaires de New York. Il s?agirait de personnes impliquées dans le circuit financier par lequel devait passer le paiement du missile. Les acheteurs auraient proposé de payer 85 000 dollars pour ce missile.

750 000 exemplaires

Aucun groupe terroriste, semble-t-il, n?a été découvert grâce à cette opération. Celle-ci n?a permis que d?identifier un trafiquant et ses complices, prêts à livrer une arme permettant de détruire un avion de transport civil sur un aéroport. La possibilité d?attentats utilisant des missiles sol-air portables est un sujet d?inquiétude depuis la tentative menée à Mombasa, au Kenya, en novembre 2002, avec des armes d?origine soviétique. Les numéros des tubes ont été rapprochés de ceux d?un engin abandonné par Al-Qaïda après une opération manquée en Arabie saoudite.

Le danger représenté par ces missiles a été souligné lors de la réunion du G8, à Evian, en juin. Selon le ministère américain de la sécurité intérieure, il en existerait 750 000 dans le monde. Des missions du ministère viennent de visiter une douzaine d?aéroports asiatiques et européens considérés par les experts comme susceptibles d?être le théâtre d?attentats de ce genre

© 2003 Le Monde ? Patrick JARREAU distribué par The New York Times Syndicate