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Madagascar : La SADC commence à irriter

31 octobre 2012, 00:00

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Le ministre des Affaires étrangères s’impatiente face à la valse-hésitation de la SADC dans la conduite du processus de sortie de crise. Il relaie un sentiment de la communauté internationale.

Une tergiversation qui fait grincer des dents. L’absence de décision ferme et définitive de la Commu¬nauté de développement de l’Afrique australe (SADC) dans la gestion de la crise, ne laisse pas insensible une partie de la communauté internationale alors que l’échéan¬ce électorale avance à grand pas.

« La communauté internationale attend. Elle montre des signes d’impatience », a rapporté Pierrot Rajaona¬rivelo, ministre des Affaires étrangères, en marge de la présentation du site web de son parti, le Mouvement pour la démocratie à Madagascar, hier à Antaninarenina. « Chacun s’impatiente, mais ne peut rien faire en attendant l’initiative de la SADC », a-t-il poursuivi.

Le chef de la diplomatie a fait part de l’état d’esprit d’une partie de la communauté internationale qui, officiellement, soutient le bloc économique régional et la Feuille de route. Il a expliqué les contraintes liées au principe de subsidiarité, qui confie la gestion d’un dossier à l’organisation régionale.

Le ministre des Affaires étrangères a évoqué un certain empressement qui contraste avec l’indécision de la SADC. Cette hésitation oblige les partenaires techniques et financiers à ronger leurs freins, alors que le calendrier électoral ne laisse plus une grande marge de manœuvre. Un nouveau couac risque de faire voler en éclats le processus fragile de sortie de crise en cours.

Pierrot Rajaonarivelo a avoué qu’il « ignore » la décision de la Troïka. Selon Fatma Samoura, représentante-résidente du Programme des Nations unies pour le développement, les recommandations de la SADC étaient « attendues » à la fin de la semaine dernière.

Série d’hésitations

Le ministre des Affaires étrangères a juste affirmé que ces recommandations de la SADC « seront les dernières ». Il a tenté de rassurer après la série d’hésitations du bloc économique régional, dans la prise de décisions, puis dans leur application.

Notamment concernant le « retour sans conditions » des exilés politiques dont l’ancien président Marc Ravalomanana, la menace de sanctions contre ceux qui bloquent le processus de sortie de crise, et bien d’autres.

Le témoignage de Pierrot Rajaonarivelo n’est pas isolé. D’autres sources au courant du dossier ont confirmé cette impatience de la communauté internationale face à la tergiversation dans la conduite du processus de sortie de crise au niveau du bloc économique régional.

De son côté, l’ancien président Marc Ravalomanana, en exil en Afrique du Sud, a affiché sa bienveillance à
l’égard de la SADC « qui respecte le calendrier » concernant l’envoi des missions  d’évaluation. Mais il espère encore un « accord politique »,  d’après son intervention téléphonique au Magro samedi. Des accords avant les élections qui devraient porter sur son retour au pays et sa candidature, tout comme celle d’Andry Rajoelina, président de la Transition, sur la table depuis trois ans sans pourtant trouver un consensus.

D’autres voix commencent aussi à s’élever pour suggérer d’autres pistes. Dolin Rasolosoa, président du Conseil supérieur de la transition, a martelé son appel pour une résolution de la crise entre Malgaches en reléguant la SADC au second plan. « Combien de capitales africaines devons-nous encore visiter []avant la résolution de la crise] », s’était-il demandé dans son discours d’ouverture de la session ordinaire. « Nous pouvons montrer nos valeurs pour résoudre une crise qui perdure », avait-il lancé.

Le Pr Raymond Ranjeva avait, lui aussi, suggéré une « solution locale » sans la Feuille de route. L’ancien vice-président de la Cour internationale de justice, initiateur du programme « Vonjy aina », avait évoqué la possibilité de dépasser le principe de subsidiarité et la recherche de toutes les voies et moyens pour la sortie de crise. Cette procédure entre dans le cadre d’une crise régie par le chapitre VI- et non plus le chapitre VIII- des Nations unies concernant le règlement des différends en cas de menace du maintien de la paix et de la sécurité internationale.

Iloniaina Alain
(Source: Lexpress Mada)