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Maurice s'attarde dans de honteuses pratiques passées

28 août 2018, 13:05

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Qui est celui qui aurait «informé» les Nations Unies sur les groupes ethniques à Maurice. Pourquoi Les Nations Unies ont-elles eu besoin en conséquence, de rappeler que Créoles et Franco-Mauriciens sont des communautés différentes? Des ouvrages par l'anthropologue néerlandais Tijo Salverda sur les Franco-Mauriciens ainsi que par deux chercheurs mauriciens, Gaëtan Benoit et Norbert Benoit renseignent mieux que n'importe quel politicien mauricien sur les deux groupes de Mauriciens dont il est question, à savoir :

  1. Salverda, Tijo, “The Franco-Mauritian Elite: Power and Anxiety In The Face Of Change” 240 pages, 1 illus., bibliog., index ISBN  978-1-78238-640-7 Hb Published (April 2015) eISBN 978-1-78238-641-4 eBook.
  2. Benoit, Gaëtan, “The Afro-˜Mauritians: An Essay”, Moka, 1985.
  3. Benoit, Norbert, “Les séquelles de l'esclavage: le malaise créole”in: Etude Pluridisciplinaire sur l'exclusion à Maurice”. Rapport final. 1997.

Qnand on est politicien et peu cultivé en matière de notre histoire nationale et des concepts scientifiques de l'anthropologie, ça ferme sa gueule pour ne pas débiter des bêtises.

Et pourquoi rejetterait-on le concept scientifique qui nous informe que les ethnies sont tout au moins visibles ?

Le Canada est à des années-lumière en avance sur Maurice en matière de stricte protection de l’égalité des chances entre toutes les ethnies, communautés, castes, races et religions, la loi dit ceci et c'était affiché sur un tableau dans mon bureau où j'étais rédacteur en chef avec un numéro de hotline pour toute complainte de discrimination alléguée par un employé :


 
«La question sur le groupe de population de l'Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011 sert à produire deux variables principales : la variable Minorités visibles et la variable Groupe de population.»

«La question sur le groupe de population a pour objectif d'établir les chiffres de la population des minorités visibles. On entend par minorités visibles le groupe de minorités visibles auquel le répondant appartient. Selon la Loi sur l'équité en matière d'emploi, font partie des minorités visibles « les personnes, autres que les Autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n'ont pas la peau blanche ». La variable Minorités visibles comprend les catégories suivantes : Sud-Asiatique, Chinois, Noir, Philippin, Latino-Américain, Arabe, Asiatique du Sud-Est, Asiatique occidental, Coréen, Japonais, Minorité visible, n.i.a. (« n.i.a. » signifiant « non incluse ailleurs »), Minorités visibles multiples et Pas une minorité visible.

«Des renseignements sur la population des minorités visibles sont exigés en vertu des lois fédérales sur l'équité en matière d'emploi pour les programmes visant à promouvoir l'égalité des chances pour tous. La responsabilité des programmes fédéraux d'équité en matière d'emploi incombe à Ressources humaines et Développement social Canada ainsi qu'à d'autres ministères; toutefois, l' offre des données repères sur chacun des groupes désignés (les femmes, les Autochtones, les personnes ayant une incapacité et les membres de minorités visibles).»

A Maurice, pas un bureau du gouvernement ou du secteur privé n'affiche un pareil souci d'égalité stricte ou un numéro hotline pour les nombreuses complaintes ou allégations à Maurice contre la discrimination communaliste ou castéiste . Maurice reste un pays à 100% communaliste et castéiste en termes de vision et d'approche des gouvernements et des partis politiques relativement aux nominations, aux choix des candidats aux élections et à la dynastisation du pouvoir pulitique comme partout en Afrique:

A lire à ce sujet l'article: «La dynastisation de l'Afrique», par le Camerounais Blaise HAMENI (chercheur en philosophie politique et en Sciences de l`Education).

En 2014 et 2015, Sir Anerood Jugnauth a officiellement annoncé un président «musulman» puis un vice-président «tamoul». Ce qui illustre la vision et l'approche des partis politiques mauriciens aux nominations – ajoutez-y le castéisme et le décompte des castes et des communautés rue par rue par les agents et dirigeants des partis politiques à chaque élection générale. Ces listes «cassées» font parfois surface dans les médias mais sont stockées dans les ordinateurs des partis et de leurs dirigeants, circonscription par circonscription? Ces mêmes partis viennent tous jurer devant la nation.quíls combattent le communalisme et le castéisme.!

En fait, à Maurice il n'y a aucune communauté ou ethnie majoritaire. Kher Jagatsingh l'avait d'ailleurs confirmé dès les années 70, en proclamant courageusement : «We are all minorities!»

Le recensement de 2011 à Maurice, qui illustre mon article, le démontre en chiffres.

Dans ce recensement ce sont les Mauriciens qui indiquent à quelles communautés «religieuses» ils appartiennent. Qu'est-ce quíls répondent ? Ceci :

  • 21 groupes se disent Chrétiens, totalisant 404, 553 personnes
  • Les Hindous se disent Hindous, Tamouls, Marathis, Télégous, totalisant 478,812. 
  • Les Musulmans se définissent en trois groupes totalisant 213,969 personnes.

Personne ne se définit comme Créole ou Franco-Mauricien. Une petite poignée comme Chinois. Pendant un certain temps, Norbert Benoit a cultivé la notion d'une communauté d'Afro-Mauriciens minoritaire.

Avec le temps, la religion a pris le pas sur les ethnies. Les Hindous bénéficient même du Best Loser System créé pour les minorités, notamment deux députés nommés sous ce système il y a quelques années après une victoire MSM/MMM, R. Yerrigadoo et ˜MOTEE Ramdass. J'avais rappelé cela dans une interview au Mauritius Times le 11 juillet 2014 par cette déclaration «Les Hindous ont eu trois sièges BLS dans l’histoire de ce système électoral : Kher Jagatsingh après la démission de Heeralall Bhugaloo en 1977, puis Motee Ramdass et Ravi Yerrigadoo après les élections générales de 2000.»

Cependant, il n'empêche que dans les années 80 à 90, on a parlé d'un «malaise créole» face à une réelle discrimination qui persiste toujours au 21ème siècle. D'où la création de certains groupes de Chrétiens pour alerter l'opinion locale et internationale contre cet état des choses. Les Hindous ont leur VOH ou Voice of Hindu dirigé par N. Unoop qui, sans être un raciste à mon avis, participe au jeu politique comme un lobbyiste officiellement au nom des Hindous.

Le gros problème ce sont, surtout et avant tout, les politiciens qui s'accrochent au communalisme virulent des années 50 et 60 et de l'année 1999 et tentent de le faire revivre.

Enfin, peut-on avoir comme au Canada avec tous les bureaux du gouvernement et du secteur privé affichant des avis anti-discrimination plus hotline pour les complaintes ? C'est une possibilité à envisager pour aider l'Equal Opportunities Tribunal et la National Human Rights Commission que le gouvernement a réduits à des institutions sans vraument des pouvoirs étendus pour continuer dans ses basses besognes en termes de discrimination en tous genres, de népotisme, communalisme, castéisme, et autres formes de corruption, etc.

Mais à qui et à quand attribuer l'irruption du communalisme sur la scène politique

Le père du communalisme fut le gouverneur anglais et escroc international Bede Clifford dans les années 40 (il est connu comme tel aux Caraïbes aujourd'hui), qui proposa un système politique fondé sur les communautés qu'il divisa en trois groupes principaux. La classe politique adopta alors une analyse communale des deux premières élections générales, celles de 1948 et de 1953. Les farouches adversaires du communalisme naissant furent Guy Rozemont, le grand leader du Parti travaillste, et les frères Basdeo et Sookdeo Bissoondoyal qui attaquaient l'administration coloniale pour ses tentatives de communalisme politique. L'analyse par certains des résultats des élections de 1948 et 1953 firent à certains dirigeants politiques proposer la représentation communale au Parlement pendant les années 50 et 60 quand éclatèrent les premières bagarres communales sanglantes d'abord, dans le sud, puis à Port-Louis. 

Toute la vie politique du pays en fut alors empoisonnée.