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#NousSommesTouchés

13 janvier 2015, 07:05

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12 000 kilomètres. C’est à peu près la distance qui nous sépare de La France. Pourtant, nombre d’entre nous, surtout dans le monde de la presse, ont été bouleversés par ce qui s’est passé là-bas durant la semaine écoulée. L’attaque terroriste contre le journal satirique Charlie Hebdo nous a choqués, scandalisés, émus. Ils ont tiré là-bas, mais nous ont aussi touchés... en plein coeur. Beaucoup, en apprenant cette tragédie qui a fait 12 morts et plusieurs blessés, ont eu du mal à croire ce qu’ils entendaient, voyaient.

 

Un attentat en France, dans une rédaction, où les gens n’ont que leurs plumes, leurs crayons comme armes ? Des gens qui entrent comme cela dans une conférence de rédaction et tirent à tout va sur des caricaturistes, des journalistes, abattant également dans leur folie, deux policiers, un agent d’entretien ? Un tel drame au pays même de la démocratie, des Droits de l’homme, de la liberté d’expression ? Non, ce n’est pas possible ! Hélas si, aussi incroyable que ça puisse paraître, c’est possible et c’est ce qui est arrivé.

 

Toute action visant à entraver la liberté de la presse et d’expression est condamnable. Mais là, on ne trouve plus les mots justes tant cette tragédie dépasse l’entendement... Toutefois, beaucoup se sont exprimés. Beaucoup ont crié leur indignation, ont condamné ce massacre. Une immense vague de solidarité s’est soulevée un peu partout dans le monde et à Maurice pour soutenir la rédaction de Charlie Hebdo et rendre hommage aux victimes. Les #JeSuisCharlie #NousSommesCharlie et autres messages de soutien ont plu sur les réseaux sociaux et dans les médias. Tant mieux. Car cela démontre que les gens ne sont pas indifférents à la barbarie, à la haine, à l’intégrisme, au terrorisme. Au contraire. Et être Charlie ne veut pas dire forcément qu’on est d’accord avec ce que fait Charlie Hebdo, mais qu’on condamne cette violence extrême qui a enlevé la vie à 12 personnes.

 

Malheureusement, il y a aussi ceux qui applaudissent ou presque. Et on ne parle pas là des groupes extrémistes islamistes. On parle de gens «ordinaires» qui affirment que c’est bien fait pour ceux qui sont morts, qu’ils l’ont cherché, qu’ils n’auraient pas dû manquer de respect à l’Islam à travers leurs nombreuses caricatures mettant en scène le prophète Mahomet, faire de l’humour aux dépens de la religion. Des gens «ordinaires» qui cautionnent ce massacre inacceptable, cette violence et cette lâcheté gratuite et intolérable… Et qui critiquent même, parfois très violemment, ceux qui dénoncent cet acte inadmissible. Ça aussi, aussi incroyable que ça puisse paraître, c’est la triste réalité !

 

Certes, on peut ne pas être d’accord avec ce que fait Charlie Hebdo, sa façon crue et provocante de dénoncer les travers de la société, de la religion souvent, de toutes les religions. On peut juger irrespectueux et blessant la manière de faire de ce journal. On peut estimer qu’il va trop loin. On peut se révolter contre cela. Mais il y a d’autres moyens de s’exprimer qu’avec des armes, la violence, des morts. On peut écrire des articles, des lettres, manifester, poursuivre en justice… Bref, on peut s’opposer sans tuer des gens qui font leur travail comme ils l’entendent avec un humour noir, décapant, incisif, qui fait souvent rire jaune ou pas rire du tout, et une liberté totale, mais sans haine ni violence.

 

Aujourd’hui, la France est en deuil, le monde est en deuil, la presse est en deuil. Mais s’il est vrai qu’ils ont tué des caricaturistes, des journalistes, les tireurs fous n’ont pas tué la liberté de la presse. Celle-ci est touchée au cœur, mais pas morte. #NousSommesCharlie