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La jeunesse et le sport, un projet de société en soi

10 janvier 2015, 12:42

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Malgré des moyens limités, malgré la faible densité de la population, malgré le carcan de l’insularité, les représentants mauriciens ont démontré à plusieurs reprises qu’ils pouvaient eux aussi, à force d’entraînement, briller à divers échelons de la hiérarchie sportive. Faut-il s’en contenter et continuer simplement à créer les conditions optimales pour qu’une poignée de sportifs aguerris tentent de décrocher un podium dans une manifestation internationale ? N’est-ce pas la meilleure façon de passer à côté de l’essentiel, soit de doter l’ensemble du territoire mauricien des structures soutenant un modèle sportif fonctionnel et susceptible de lutter efficacement contre des records peu enviables dans les domaines de la santé ?

 

Un centre omnisports construit sur plusieurs hectares, hébergeant les disciplines les plus pratiquées à Maurice et possédant aussi un espace forme, salles de musculation et de gym, une salle de conférence, des dortoirs, des espaces dédiés à la restauration et à des boutiques de sport ; concentré de sports, ce centre serait répliqué dans tous les districts et deviendrait le point focal des différents groupes d’âge et des clubs qui sortiraient ainsi de l’espace virtuel des feuilles A 4 résumant leur existence de nos jours ; un enseignement de l’éducation physique et sportive (EPS) uniforme s’étendant du primaire au secondaire ; l’adoption, comme dans le système français, de l’association sportive à l’école et proposant des activités après les heures de cours ; un maillage finalement qui couvrirait tout le territoire et qui ferait de l’enseignement de l’EPS et de la pratique sportive un vaste réseau où les générations se passeraient le témoin de l’effort comme dans un barachois où un bassin alimente un autre bassin : voilà un projet sportif qui transformerait l’île Maurice de 2015 et permettrait ce saut quantique de la sédentarité à l’activité physique sans diminuer en rien la quête de ceux et celles qui ne jurent que par l’élite et l’excellence.

 

Ce serait criminel de laisser cette jeunesse livrée à l’oisiveté des nouvelles technologies, des réseaux sociaux et du confort envahisseur. Il y a tant de belles choses à découvrir dans cette île plurielle. Il n’y a qu’à songer au bonheur que procure au palais la grande diversité de notre richesse culinaire. Pourquoi ne pas étendre cette découverte aux dimensions culturelles et historiques ? Ne peut-on concevoir des camps de vacances pédagogiques durant lesquels seraient explicités les piliers de nos diverses origines et déchiffrés le sens de nos pratiques religieuses et de nos fêtes ? Effacer cette peur de l’autre et la remplacer par une meilleure compréhension qui devient synonyme d’acceptation ?

 

Ne peut-on imaginer des escapades sur des sentiers balisés à la découverte de l’intérieur des terres à la manière des scouts et des randonneurs avec des escales historiques et culturelles ? Une initiation à la préservation de la faune et de la flore telle que préconisée par la Mauritian Wildlife Foundation ? Ne peut-on concevoir un circuit autour de l’île emmenant des jeunes à la découverte des îles situées non loin des côtes ? Des classes de voile qui nous réconcilieraient par là même avec cette mer qui nous entoure, la mer de nos origines, et que nous n’avons pas intégrée dans notre vie d’îliens ou si peu ? 

 

Il existe une journée internationale de l’orgasme, si, si ! Ne peut-on imaginer une journée consacrée à la jeunesse et au sport, un jour férié durant lequel le sport serait roi le temps de démonstrations et initiations, la culture aussi par le biais de concerts et de pièces de théâtre, d’expositions d’art, de spectacles ?

 

Ces quelques pistes de réflexion et de possibles actions n’ont rien d’utopiques. Elles devraient faire partie d’un projet de société où le sport et la jeunesse rendent à l’humain sa part d’humanité, contrebalançant un monde allant trop vite et de plus en plus déshumanisant où tout se résume au gain et à la somme à emporter quitte à abandonner en bordure de route tous ceux qui ne peuvent suivre le rythme infernal du prétendu progrès. S’entraîner assidûment pendant quelques années, c’est bien. Mais inscrire dans la durée la relation avec l’effort, c’est nettement mieux car ce n’est qu’à ce prix que l’on préserve son capital physique et son capital santé. C’est cela être jeune.