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L’Abri de Lumière : nouveau départ pour les filles-mères

13 février 2014, 00:00

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L’Abri de Lumière : nouveau départ pour les filles-mères

Il y a un peu plus d’une semaine, le premier centre résidentiel pour les filles-mères et leurs bébés est entré en opération dans le cadre d’un projet du Mouvement civique de Baie-du-Tombeau.

 

L’Abri de Lumière, au Morcellement Swan, à Baie-du-Tombeau, a ouvert ses portes à ses premières pensionnaires, des filles-mères accompagnées de leur bébé, il y a huit jours. Il s’agit d’un centre créé à l’initiative du Mouvement civique de Baie-du-Tombeau dont la présidente est Rozy Khedoo.

 

La maison à étage est plantée dans un jardin relativement vaste où se trouvent plusieurs arbres et une remise désaffectée. Au moment de la visite, un consultant en sécurité procède à une évaluation des lieux en vue de l’installation de caméras tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la propriété. La maison s’ouvre sur une pièce à baie vitrée qui servira de réception. Celle-ci communique avec une grande pièce faisant office de salle à manger et de salle de télévision.

 

Le rez-de-chaussée est complété par une vaste cuisine équipée d’un four, d’un réfrigérateur et d’un four à micro-ondes neufs ; une salle de bains avec deux toilettes dont un modèle plus petit pour enfant et une salle destinée aux activités générales et aux sessions individuelles avec la psychologue Anishta Gunness, embauchée à plein temps pour le centre.

 

À l’étage, se trouvent quatre chambres dont trois abriteront deux filles chacune et leur enfant et la quatrième, plus spacieuse, trois d’entre elles et leurs petits. Ce niveau comprend aussi une salle de bains, deux toilettes ainsi qu’une réserve où seront rangés les provisions et les produits d’hygiène.

 

Comme ce centre fonctionnera d’abord sur une base pilote, six mères célibataires âgées entre 15 et 17 ans, identifiées par Rozy Khedoo au gré de ses déplacements dans la région, y vivront avec leur enfant. Elles seront encadrées par cinq pourvoyeuses de soins (carers) dans la tranche d’âge de 35 à 55 ans qui seront affectées à l’Abri de Lumière selon un système de rotation. Deux carers de réserve sont aussi prévues.

 

À leur arrivée au centre, les mères célibataires seront d’abord vues par un médecin qui leur expliquera comment prendre soin d’elles et de leur enfant. Ensuite, elles rencontreront individuellement la psychologue qui dressera leur profil et les évaluera pour cerner les activités qui pourraient les intéresser. Il est prévu qu’elles suivent un cours d’alphabétisation fonctionnelle et qu’elles soient soumises à d’autres activités afin que l’une d’elles puisse à terme leur rapporter des revenus.

 

«Nous transformerons la remise en poulailler pour que les poules élevées puissent donner des oeufs, tout comme nous comptons encourager les filles à planter et créer un potager»,fait ressortir Rozy Khedoo.

 

Pour établir laconfiance, la présidente du Mouvement civique deBaie-du-Tombeau compte beaucoup sur les pourvoyeuses de soins, d’autant plus que les adolescentes seront coupées de leur milieu d’origine. «Ces carersont été formées pour qu’elles aient une bonne approche et ne portent pas de jugement sur aucun vécu des filles. L’objectif de cette prise en charge est d’apprendre aux mères célibataires à s’occuper d’elles, de leur enfant et de leur inculquer des valeurs qui leur permettront de vivre en société sans rechuter.»

 

Malgré la formation qu’elles ont reçue, Rosie Khedoo ne peut s’empêcher de ressentir une certaine appréhension par rapport aux relations qui s’établiront entre les carerset les mères célibataires. «Les filles peuvent parfois être incontrôlables, se montrer déraisonnables,voire insupportables et la réaction du carer doit être appropriée pour pouvoir désamorcer une situation de crise ou de conflit.»

 

Même s’il est trop tôt pour se prononcer, Rozy Khedoo pense que les mères célibataires resteront à l’Abri de Lumière jusqu’à ce qu’elles aient 18 ans et aient trouvé un travail leur permettant de voler de leurs propres ailes. «Le gros problème à Maurice, c’est qu’il n’y a pas de logement pour les mères célibataires. L’Abri de Lumière vient, dans une certaine mesure, répondre à cette absence mais une fois qu’elles l’auront quitté, elles devront trouver un logement décent. Cependant, même quand elles seront installées ailleurs,nous continuerons à les suivre.Nous ne les lâcherons pas


 

Un projet au coût de Rs 4 millions

 

Rs 4 millions, c’est la somme que le Mouvement civique de Baie-du-Tombeau a dû réunir pour arriver à mettre au point le projet de l’Abri de Lumière. Il faudra compter Rs 2 millions pour les frais annuels d’opération. Si Caudan Communauté et la Fondation Terra ont financé l’aménagement de la maison, la Mauritius Commercial Bank a promis de prendre à sa charge les frais d’opération. Toutefois, le Mouvement civique de Baie-du-Tombeau attend toujours ce décaissement. «Nous avons besoin d’autres parrains car il nous faudrait un van pour véhiculer les filles et les emmener à leurs consultations à l’hôpital, assister à des cours et même leur donner l’occasion de sortir car c’est impossible de vivre terré dans un centre 24 heures sur 24. Nous voulons essayer de leur faire mener la vie la plus normale possible. Le centre ne sera pas une prison mais une façon particulière de vivre en attendant qu’elles soient autonomes», fait remarquer Rozy Khedoo, la présidentede l’association. Si elle admet qu’il devient deplus en plus difficile d’obtenir des fonds réguliers de la«Corporate Social Responsibility» (CSR), elle précisenéanmoins qu’il y a les habitués qui continuent à aider leMouvement civique de Baie-du-Tombeau. «Il y a tout de même des parrains qui nous suivent depuis le début du projet d’Ecole de la Vie. Nous espérons que la CSR continue à nous aider.»