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Dr Jarrod Bailey: «Les essais cliniques sur les animaux ne sont pas nécessaires»

22 mars 2014, 00:00

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Dr Jarrod Bailey: «Les essais cliniques sur les animaux ne sont pas nécessaires»

A quelques jours de la rentrée parlementaire, la British Union for the Abolition of Vivisection (BUAV) revient à la charge contre le Pre-Clinical Research BillCette association, qui mène une campagne continue contre l’exportation de macaques mauriciens vers les laboratoires américains et européens à des fins d’expériences, a animé une conférence de presse ce jeudi 20 mars à l’hôtel Labourdonnais, au Caudan.

 

Celle-ci était principalement animée par le Dr Jarrod Bailey, scientifique britannique spécialisé dans la recherche sur les virus. Depuis les années 1990, il se bat contre l’utilisation des animaux en laboratoire, et pas seulement parce que cette pratique les fait souffrir. «Les singes et les autres animaux utilisés en laboratoire souffrent, c’est indéniable. La capture, l’élevage, les maladies causées par la captivité, les traitements qu’on leur inflige, sans compter les essais cliniques, font que ces animaux vivent et meurent dans des circonstances atroces. Mais le plus incroyable est que leur utilisation n’est absolument pas nécessaire», a-t-il indiqué.

Aucune preuve scientifique tangible

 

Preuves à l’appui, le Dr Jarrod Bailey a démontré que les réactions du macaque à un médicament ou un vaccin ne prouvent absolument pas que la réaction sera la même chez l’être humain. «L’homme et le macaque sont trop différents génétiquement, métaboliquement et physiologiquement pour que ces essais soient concluants. Ils ne partagent pas les mêmes neurones et le même système immunitaire, même s’ils ont 89 % de gènes en commun. Les réactions du macaque aux nouveaux médicaments sont moins prévisibles que celles des rongeurs», dit-il.

 

Malgré des années de tests en laboratoire, aucune preuve scientifique solide n’existe pour affirmer que les essais cliniques sur les animaux sont probants, affirme le chercheur. «En général, les laboratoires qui pratiquent ces tests gardent jalousement les résultats, mais certaines données ont été publiées. Et aucune ne prouve que cette pratique serve vraiment à quelque chose. Si leurs essais avaient été concluants, cela aurait été prouvé depuis longtemps», a affirmé le docteur. Et d’ajouter que 94% des médicaments qui ont été approuvés après des tests sur des macaques n’ont pas passé les essais sur les humains. Les 6% restants ont pu être mis sur le marché, mais beaucoup ont ensuite été retirés à cause d’effets secondaires importants, a-t-il précisé.

 

Certains médicaments qui avaient été approuvés après des tests sur des animaux ont été catastrophiques sur les volontaires humains auxquels ils ont été donnés. Le vaccin expérimental AN1792 contre l’Alzheimer, par exemple, avalisé après des essais sur des macaques, a causé des méningo-encéphalites sur 6% des volontaires humains inoculés. Ce qui signifie qu’il a poussé le système immunitaire à attaquer des cellules saines du cerveau. Certains des volontaires en sont morts, et les autres ont été marqués à vie.

 

L’inoculation de maladies graves comme le sida, le cancer, la maladie de Parkinson ou l’Alzheimer dans le corps des macaques n’est guère plus utile, argue le scientifique. Les réactions des singes face à certaines toxines sont radicalement différentes de celles des hommes. «De manière générale, des médicaments qui sont hautement toxiques aux singes ou aux chiens ont des chances d’être également toxiques à l’homme. Mais des médicaments auxquels les animaux réagissent bien ne garantit en aucune façon que tel sera le cas chez l’homme.» 

 

Même si tout cela était faux, soutient le scientifique, le très grand stress qu’éprouvent ces animaux suffit à invalider toutes les données recueillies en laboratoire. Leur métabolisme serait en effet grandement chamboulé. «Le stress cause l’hypertension, des attaques cérébrales et cardiovasculaires, et altère le système nerveux et le système immunitaire. Et cela seul suffit à déclarer ces essais nuls et non avenus», a-t-il indiqué.

 

De meilleures alternatives

 

Selon le Dr Jarrod Bailey, il existe plusieurs alternatives moins coûteuses, plus rapides et plus fiables que la recherche médicale sur les animaux. L’épidémiologie, la recherche clinique, les techniques in vitro et les modélisations mathématiques ou sur ordinateur en font partie. Il existe également des techniques de recherches développées récemment qui ont eu d’excellents résultats, comme le microdosing. Il consiste à donner à des testeurs humains une infime partie du médicament. Les recherches sur des tissus humains ont également eu d’excellents résultats ces dernières années.

 

«Certaines personnes ont du mal à accepter qu’une chose qu’ils ont pratiqué pendant des années n’était pas utile. Mais il y a aussi une certaine peur de mettre sur le marché des médicaments non testés sur les animaux, souligne le Dr Bailey. Les autorités régulatrices en pharmaceutique obligent souvent les laboratoires à pratiquer des tests sur des animaux avant de faire des tests humains. Ils craignent qu’en cas de problèmes, on leur reproche de n’avoir pas fait tout ce qu’il fallait. Depuis ces dernières années, de plus en plus de gens se rendent compte de l’inefficacité de cette pratique et se tournent vers des méthodes alternatives. Il y a encore une certaine résistance, malgré tout