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Julie Gopal: «Je veux que mon pays, ma famille et mes amis soient fiers de moi»

7 mai 2023, 18:30

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Julie Gopal: «Je veux que mon pays, ma famille et mes amis soient fiers de moi»

A 16 ans, Julie Gopal, la milieu de terrain de la sélection féminine de football, a franchi une étape importante dans sa carrière de footballeuse. Ses récentes prestations lui ont permis de décrocher un essai à Brest. Ce club français réfléchit par ailleurs à offrir un contrat à la Mauricienne. Dans l’interview qui suit, la joueuse livre ses impressions sur le football féminin à Maurice. Elle ne manque pas de pointer du doigt les failles de cette équipe et confie ses objectifs pour l’avenir.

Racontez-nous votre aventure au Stade Brestois 29 le mois dernier ?

Mon aventure à Brest était incroyable. Malgré le froid, j’ai beaucoup aimé l’ambiance, l’équipe, la qualité en termes d’entraînement et aussi le sérieux des filles. Elles savent exactement quand plaisanter mais aussi quand se concentrer.

 Comment était votre quotidien pendant votre essai au sein de ce club ?

L’entraînement se déroule deux fois par jour à raison de cinq jours par semaine. Il y a une navette qui passe prendre les filles pour faciliter leur déplacement. Les joueuses partagent leur logement à trois. J’étais hébergée chez mes coéquipières avec ma propre chambre. Le club était aussi responsable de ma nourriture pour le déjeuner et le dîner.

Quelle est votre analyse par rapport à l’évolution du football féminin à Maurice ?

Je pense que si la mentalité des jeunes joueuses change, le football féminin à Maurice peut aller très loin. Par exemple, à Brest, dès que les joueuses entrent sur le terrain, il n’y a que du sérieux et de la concentration et malheureusement ce n’est pas le cas ici. Malgré tout, j’ai quand même vu qu’à Maurice, il y a beaucoup de potentiel et si elles continuent dans la bonne voie, elles peuvent aller très loin. Il y a la mentalité d’un côté et il y a aussi les entraînements que les filles reçoivent. Ils doivent être de très grande intensité avec des coaches qui mettent l’accent sur le jeu rapide. À l’étranger, le football féminin a beaucoup évolué et la vitesse dans le jeu semble être la base dans le football professionnel.

 Vous avez été mise sous les projecteurs du jour au lendemain avec ce stage à Brest suivi d’une proposition de contrat. Comment gérez-vous cette soudaine popularité ? J’essaie de ne pas trop penser à cette soudaine attention. Ceux qui me suivent pensent peut-être que j’ai accompli énormément de choses, sauf que moi, je trouve que je n’ai encore rien fait. J’ai encore beaucoup d’ambitions et je ne veux pas que cette popularité m’affecte. Je remercie tout le monde pour leur soutien et leur encouragement, mais dans ma tête, je suis toujours cette même Julie qui préfère se fondre dans la foule et non pas être le centre de l’attention.

Comment avez-vous découvert le football et pourquoi ce sport a suscité votre intérêt ?

J’ai découvert le football à travers mon papa et mon grand-père qui sont de grands fans de football. Je dirais que j’ai un peu le football dans le sang. Je ne sais pas trop comment le football a suscité mon intérêt, ce qui est certain c’est que dès que je mets le pied sur le terrain, c’est une sensation incroyable. J’oublie tout ce qui se passe autour de moi et mon corps se sent apaisé.

 Quels sont les termes de votre contrat avec Brest ?

Et quand allez-vous débuter avec cette formation ? Pour l’instant, je n’ai pas encore de contrat. J’aimerais préciser que c’est un potentiel contrat. Mais oui, Brest est intéressé, sauf que dans la vie, tout peut arriver. z Comment parvenez-vous à concilier études et football ? J’essaie d’avoir un certain équilibre avec le sport et les études parce qu’ils ont tous les deux beaucoup d’importance pour moi. Après l’école et l’entraînement, je consacre encore un peu de temps aux études pour ne pas être à la traîne et risquer d’échouer. Quelquefois, c’est dur surtout avec la fatigue. Je me dis que c’est temporaire.

 Quels sont les objectifs que vous souhaitez atteindre dans le football ?

Mon premier objectif est de combler mes lacunes. Mais mon principal objectif est de passer pro. Je veux que mon pays, ma famille et mes amis soient fiers de moi. z Vous jouez au sein du Lady Club M.Quelles sont les qualités de cette sélection ? Il y a du bon et du moins bon. Il y a de grandes joueuses qui peuvent faire la différence, mais des fois il y a des choix qui sont discutables en termes de sélectionnées. Mais chacun a son point de vue. Il y a une bonne synergie entre les joueuses, mais la seule différence, c’est la mentalité et la volonté. Techniquement, on est pas mal. Le ballon circule, ça joue bien. Mais au niveau tactique, je dirais qu’on a encore beaucoup à apprendre même si physiquement on se développe bien.

 Vous êtes devenue une incontournable du Lady Club M. Qu’est-ce qui manque à cette équipe pour aller encore plus loin ?

Comme je l’ai dit, la mentalité doit définitivement changer. Quand on joue au foot, quand on est dans le Lady Club M, c’est que du sérieux et rien d’autre. Les plaisanteries, ça ne doit pas être sur le terrain. On garde pour après. La vitesse d’exécution doit augmenter et on doit s’améliorer physiquement. La concentration et la volonté doivent être présentes et tant qu’on ne s’appuie pas sur des joueuses qui affichent du sérieux et qui ont de l’expérience, on ne va pas avancer. Il est vrai qu’il faut faire confiance aux jeunes, sauf que parfois elles peuvent manquer d’une certaine maturité. Je connais beaucoup de joueuses qui méritent leur place dans le Lady Club M, sauf que malheureusement, ce n’est pas dans la vision de la Mauritius Football Association. Encore une fois, je souligne que c’est mon point de vue et ceux qui ont un pouvoir de décision, ce sont les coaches. 

«Brest est intéressé, sauf que dans la vie, tout peut arriver.»

Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques mois des Jeux des îles ?

Dans mon esprit, c’est le podium ou rien. On a beaucoup de potentiel et on peut vraiment ramener quelque chose à la maison. Je vais essayer de travailler et de devenir beaucoup plus forte afin de contribuer davantage au progrès de mon équipe.

Patrice d’Avrincourt élogieux envers son ancienne joueuse 

<p>Il est l&rsquo;un des premiers à avoir déceler un talent certain chez Julie Gopal. Patrice D&rsquo;Avrincourt, formateur et entraîneur de football, a accompagné la joueuse lorsque cette dernière effectuait ses premiers pas dans le monde du ballon rond. &laquo;On s&rsquo;est tout de suite aperçu qu&rsquo;elle était en avance par rapport aux autres filles. Coralie Verloppe et Eva Pierrot sont aussi passées par le Racing et elles sont dans la sélection féminine aujourd&rsquo;hui&raquo;, explique Patrice D&rsquo;Avrincourt qui entraîne les jeunes de l&rsquo;académie du Racing.</p>

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	<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="247" src="/sites/lexpress/files/images/lexp_-_2023-05-07t163255.983.jpg" width="465" />
		<figcaption>&nbsp;Julie Gopal, Coralie Verloppe, Patrice d&rsquo;Avrincourt et Eva Pierrot.</figcaption>
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<p>Ce qui a permis, selon lui, à Julie Gopal de progresser est son entraînement avec les garçons. <em>&laquo;Julie s&rsquo;est entraînée avec les garçons lorsqu&rsquo;elle était au Racing. Elle a rapidement développé de la vitesse et un sens aigu du jeu. Elle a très vite progressé. On voulait l&rsquo;envoyer en France mais à l&rsquo;époque, elle était encore trop jeune. On s&rsquo;est donc tourné vers La Réunion. On avait parlé à Hosman Gangate, le directeur adjoint de la Ligue Réunionnaise de Football&raquo;,</em> souligne Patrice D&rsquo;Avrincourt.</p>

<p>Le technicien se dit nullement étonné par les performances de Julie Gopal qui évolue désormais sous les couleurs de l&rsquo;académie de Liverpool. <em>&laquo;Elle a ça dans le sang. Toutefois, elle stagne un peu parce qu&rsquo;elle s&rsquo;entraîne avec les filles. Si elle avait poursuivi ses entraînements avec les garçons elle aurait été 10 fois mieux. Maurice est trop petite pour elle&raquo;,</em> conclut l&rsquo;ancien capitaine de la sélection mauricienne.</p>