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75ᵉ anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme: la Slameuse Catelina Nanon ou la voie de la liberté d’expression

21 décembre 2022, 19:00

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75ᵉ anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme: la Slameuse Catelina Nanon ou la voie de la liberté d’expression

Il y a une dizaine de jours, plus précisément le 10 décembre, c’était le 75ᵉ anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. La Human Rights Division et la plate-forme Slam.mu ont organisé une compétition de slam, destinée à deux catégories d’artistes, soit pour les 15 à 18 ans et ceux âgés de 18 à 35 ans. La compétition portait sur les droits humains. Chez les adultes, le Rodriguais Hervin Samoisy a remporté le premier prix tandis que chez les juniors, c’est Catelina Nanon, 17 ans, qui a brillé. Cette élève au Lorette de Mahébourg, dont le nom de scène est Kimi La Slameuse, se raconte.

Comment as-tu découvert le slam ? 
J’ai découvert cet art il y a bientôt trois ans. Je dirais que c’est davantage mon père qui m’y a initiée car j’ai toujours été une personne qui aime parler et s’exprimer. Mon père m’avait conseillé de participer à un concours intitulé «Zenes Montre to Talan». Je me suis lancée dans le slam et j’ai commencé à faire des recherches pour améliorer mon écriture. J’aime beaucoup la poésie dans l’art car elle apporte un côté esthétique à mon slam. La poésie me pousse à m’exprimer davantage.

Qu’est ce qui t’inspire ? 
Je puise mon inspiration de ma famille. L’éducation inculquée par mes proches est basée sur la connaissance de la vie, sur les fléaux, qui nous entourent et sur les différences sociales. Il y a aussi mes études. En gros, je m’inspire de mon entourage. 

Qu’est-ce que le slam pour toi ? 
Le slam c’est la transmission d’un message aux autres, que tu sois une personne bavarde ou pas. Le slam éveille ta conscience et t’aide à briser ta timidité. Il te pousse à vouloir t’exprimer, à t’ouvrir au monde, à le laisser te regarder, à te permettre de le voir autrement. Dans un slam, on peut entraîner une personne dans un voyage descriptif, qui montre le côté poétique de l’amour ou du monde. Il y en a qui chantent dans leur slam ou qui y ajoutent de la musique. Le slam est une échappatoire. De nombreuses personnes ont été sauvées grâce au slam, grâce au fait de prendre une plume et d’écrire. 

Est-ce facile de slamer ? 
Comment on commence ? Avant de commencer le slam, il faut se faire confiance. Au début, je stressais beaucoup. Je ne pouvais enchaîner des phrases complètes, j’avais la gorge nouée. J’avais ce souci autrefois. Même maintenant, de temps en temps, je stresse mais moins qu’avant, vu que j’ai fait plusieurs scènes. Donc, je dirais qu’il faut se préparer mentalement avant de commencer le slam. Il faut se dire que nous faisons le slam pour partager notre art. Quand je slame, j’essaie de mettre tout le monde à pied d’égalité et je parle à mon public comme je parle à mes amis. C’est ce qui me met en confiance. Dans un concours par contre, il faut savoir analyser et observer ses adversaires pour voir comment ils slament. Le slam ce n’est pas seulement ce que nous avons en tête. Il faut faire des recherches sur ce qui nous entoure. Par exemple, mon secret c’est que j’écoute de la musique avant d’écrire un texte de slam. J’écoute des rappeurs comme Youssoupha ou Kery James. La musique me lance. 

Ton premier slam, tu t’en souviens ? 
Oui, mon premier texte parlait de mon passé et de certains problèmes familiaux. Pendant longtemps, j’ai tenté de refouler mon passé alors que ce n’est pas bien. Il nous forge et fait de nous qui nous sommes. J’ai écrit mon premier texte sur mon histoire en 2020. Du coup, c’était un peu exprimer mon passé dans mon slam et je n’en pouvais plus de prendre sur moi. Ce texte m’a bercée d’ailleurs lors de ma première compétition. 

Raconte-nous la compétition que tu as récemment remportée. Comment ça s’est passé ? 
Bon, déjà il y avait cinq thèmes proposés. Je devais écrire quatre textes. Je ne voulais pas écrire sur un seul thème. Donc, j’en ai choisi quatre, à savoir, la liberté d’expression, l’égalité, le droit à l’éducation et le droit aux loisirs et au repos. J’ai diversifié mes thèmes pour captiver l’attention des membres du jury. J’avais beaucoup plus d’idées. Mes textes étaient assez simples à écrire car j’ai déjà eu ce genre de réflexion avant car je suis quelqu’un qui participe à plusieurs débats. Mon texte sur la liberté d’expression dit que nous avons tous le droit de nous exprimer et que personne n’a le droit de nous embêter. De nos jours, avec l’actualité et la politique, certaines personnes ne peuvent s’exprimer correctement, malheureusement. Certains sont payés pour se taire ou d’autres ne peuvent s’exprimer comme ils le souhaitent. Comment espérer un avancement social si on ne peut pas s’exprimer ? 

Mon deuxième texte parlait de l’importance de l’éducation car beaucoup de jeunes ne le réalisent pas. De nombreuses filles deviennent de jeunes mamans. C’est dommage. Beaucoup de jeunes tombent dans la drogue. L’éducation est gratuite. Il faut savoir en profiter. Mon troisième texte rappelle qu’il faut l’égalité entre hommes et femmes car il y a des femmes battues mais aussi des hommes battus. Les femmes ne sont pas seulement fragiles. Elles sont fortes. Les hommes ont le droit de pleurer car nous avons tous un coeur. 

Mon dernier texte parle de repos et de loisirs. J’ai été inspirée par mon papa qui travaille beaucoup. Quand une personne travaille beaucoup, elle manque à sa famille. Des fois, à force de travailler, on en oublie l’essentiel. Il faut trouver du temps pour le repos. Dans ce monde, on travaille plus qu’on ne gagne. On devient des robots. On doit trouver le temps pour être avec sa famille car après notre décès, on va le regretter. Le monde change. Il faut se recentrer et retourner à l’essentiel avant qu’il ne soit trop tard. C’est ce message là que je propage avec mon slam.