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1982-2022: des vœux de Port-Louis aux réalisations de la COI

21 décembre 2022, 18:00

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1982-2022: des vœux de Port-Louis aux réalisations de la COI

En décembre 1982, Port-Louis se prépare à accueillir une conférence des ministres des Affaires étrangères de Maurice, de Madagascar et des Seychelles. Le 21 décembre, Jean Claude de l’Estrac, Christian Rémi Richard et Maxime Ferrari adoptent la Déclaration de Port-Louis. C’est la naissance de la Commission de l’océan Indien (COI).

En quarante ans, la COI a bien changé. D’une «structure légère» pilotée par «un organisme permanent de liaison chargé de la coopération et de la correspondance», elle s’est muée en une organisation intergouvernementale de solidarité et de proximité dont les actions couvrent aujourd’hui presque tous les Objectifs de développement durable.

Certes, comme pour la plupart des organisations régionales ou internationales, la mission de la COI n’est pas toujours compréhensible par les citoyens de nos pays. C’est ici l’occasion d’en dire plus ses missions et surtout sur ses réalisations.

Contrairement à ce que beaucoup croient, la COI ne se substitue pas aux prérogatives des États membres, elle n’est ni une union politique, ni une communauté économique régionale, ni une banque de développement.

Alors, la COI, c’est quoi ? Que fait-elle ? La COI est une «commission technique paritaire de rang ministériel» dont l’instance décisionnelle est le Conseil des ministres de la COI qui réunit les chefs de la diplomatie de ses États membres. Elle anime une coopération régionale diversifiée en faveur du développement durable de l’Indianocéanie dans les secteurs décidés par ses États membres. Elle intervient dans les domaines où l’action collective constitue une valeur ajoutée.

Depuis 1987, la COI a mis en œuvre quelque 70 projets de coopération pour un montant total de plus de 420 millions d’euros. Elle est donc une force de mobilisation de ressources indéniable pour conduire des actions dans les domaines de la gestion durable des ressources et milieux naturels, de la biodiversité, de l’adaptation au changement climatique et de la météorologie, de la santé, de la sécurité maritime, de l’éducation à l’environnement ou encore de l’agroécologie.

La COI agit comme facilitateur du développement, comme un soutien à ses États membres. Au fil des années et de son évolution, elle a su faire la démonstration de son utilité concrète. Quelques exemples:

Connaissance du patrimoine des plantes aromatiques et médicinales permettant de développer des applications pour la médecine et la recherche pharmaceutique ;

Recherches ayant permis de développer des moyens de lutter contre la mouche des fruits ;

Appui au premier centre de cardiologie de Maurice en équipements et formations ;

Actions régionales en santé : formation d’épidémiologistes de terrain, dons d’équipements et de matériels au bénéfice des administrations de santé, hôpitaux et laboratoire, plan de riposte contre la Covid-19, campagnes de vaccination contre les épizooties, surveillance épidémiologique …

Mise en place d’une architecture régionale de sécurité maritime couvrant plus de 15 millions de km² pour lutter contre les crimes, trafics et risques en mer ;

Contribution à la mise en place du câble à très haut débit METISS améliorant la connectivité numérique régionale, la démocratisation de l’accès à l’Internet et la redondance ;

Accès à une énergie propre (biogaz, hydroélectricité, énergie solaire…) pour des centaines de communautés des zones rurales à Madagascar, soutien à la diffusion de distillateurs économes en énergie pour la filière YlangYlang et distribution de plus de 2500 cuiseurs solaires aux Comores ;

Campagne de marquage de thons ayant permis de disposer d’une base scientifique utilisée encore aujourd’hui pour déterminer la viabilité des stocks de thonidés pour la pêche ;

Formations de météorologues, d’épidémiologistes de terrain, d’éco-gardes, de pêcheurs artisans…

La liste n’est ni exhaustive ni totalement représentative des résultats de la Commission, de leur utilité pour nombre de secteurs économiques, ou encore de leur impact dans la vie des communautés ou pour la santé des écosystèmes.

En revanche, ce que disent ces exemples, c’est que la COI joue un rôle en appui et en complément des actions entreprises au niveau national, qu’elle est une force de mobilisation de partenariats et de ressources pour faire face au défi climatique, diminuer les risques, améliorer la sécurité et la qualité de vie des Indianocéaniens. Bien entendu, il est toujours possible de faire plus et mieux. C’est dans ce sens que la COI est engagée dans une dynamique d’évolution institutionnelle pour gagner en efficacité et en force d’entraînement.

D’ailleurs, la session extraordinaire du Conseil des ministres qui se tiendra demain sera l’occasion de valider les grandes lignes du nouveau plan de développement stratégique de l’organisation qui se focalisera notamment sur les biens communs, le développement et l’épanouissement socioéconomique.

En quarante ans, la COI a traduit en actions les vœux exprimés dans la Déclaration de Port-Louis. Elle s’est affirmée comme un acteur incontournable du paysage régional et comme le porte-voix naturel des îles d’Afrique, au-delà de ses seuls États membres. Elle continuera d’être l’outil premier d’une solidarité agissante. Elle restera, tant que le souhaiteront ses États membres, l’expression institutionnelle d’une Indianocéanie en partage, vulnérable par nature mais ambitieuse par choix.