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Journée mondiale de la lutte contre le SIDA: combattre les préjugés avant tout

2 décembre 2022, 12:00

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Journée mondiale de la lutte contre le SIDA: combattre les préjugés avant tout

La maladie et la séropositivité ne sont plus des arrêts de mort. Le combat des ONG et la collaboration avec les autorités ont amélioré la vie des patients. Mais la difficulté réside surtout dans l’acceptation de son état et la volonté de s’en sortir.

Elle s’appelle Lina* (nom d’emprunt). Cela fait deux ans que cette jeune femme de 33 ans a appris qu’elle est séropositive. Travailleuse du sexe, elle indique qu’elle a mis du temps à accepter sa maladie et surtout à se faire aider. Le jour où elle l’a appris, Lina s’en rappelle comme si c’était hier.

«Ti inpe avan konfinnman. Mo ti finn al trase enn swar et monn tomb san konesans. Deux à trois mois, je me sentais mal et je pensais que je manquais de sommeil.» C’est une amie qui travaillait avec elle ce soir-là qui l’a emmenée à l’hôpital. «C’est le lendemain, quand le docteur est passé qu’il a dit me faire faire un test et que j’ai su. Mo pann le krwar.» En effet Lina explique, qu’en commençant à travailler comme travailleuse du sexe il y a quatre ans, elle ne se protégeait pas mais, par la suite, le préservatif était devenu indispensable. C’est pour cela qu’elle se demande comment elle a pu être infectée. Cela demeure un mystère. «Ena pe dire kapav mo ena malad la depi avan, mo pa kone.»

Quoi qu’il en soit, après avoir appris la nouvelle, Lina dit s’être sentie plongée dans un océan de désespoir. Séparée de son époux et ses enfants pris en charge par la Child Development Unit, elle vit seule. Pour elle, accepter qu’elle souffre de ce virus a été très difficile, si bien qu’elle a préféré faire comme si tout allait bien jusqu’au jour où une de ses amies a été pressante avec ses questions. «J’ai essayé de ne pas y penser. Je n’ai pris aucun rendez-vous et j’ai arrêté de prendre mes médicaments. Mais après trois mois, j’ai encore une fois perdu connaissance. Mon amie était à nouveau avec moi. Kan linn rod amenn moi lopital, monn dire li non. Lerla monn fini par avoué.»

Les kits d’autotest pour le dépistage seront bientôt une réalité. Pour l’instant, le service est offert gratuitement par le ministère et les ONG.

Lina explique que c’est grâce à cette amie qu’elle a accepté de se faire aider. Très active au niveau de certaines associations, Lina peut dorénavant dire qu’elle a appris à vivre avec la maladie et à suivre son traitement. Comme elle l’indique, de ceux qui font de la prévention contre le VIH/Sida, il y en a plusieurs qui n’acceptent pas leur maladie.

Un frein pour vaincre la maladie rapidement

La Dr Mungala Devi Sayjaudah, Acting National AIDS Coordinator au ministère de la Santé, parle de ces préjugés. «Un changement du comportement humain prend plus de temps. Les préjugés demeurent une barrière contre la lutte. Pas seulement les stigmates que les autres créent envers ceux qui sont en atteints mais aussi le self-stigmate. Ne pas pouvoir accepter sa maladie est un problème en soi.»

Les démarches à faire

Au niveau du ministère de la Santé, plusieurs mesures ont été prises et d’autres le seront pour aider au mieux ceux qui souffrent du Sida à se sentir en confiance pour se faire soigner. Le mardi 29 novembre, le HIV and AIDS Amendment Bill a été présenté en première lecture. Et l’introduction de l’auto-test pour le dépistage du VIH/SIDA a été annoncée. Pour le Dr. Kailesh Jagutpal: «L’auto-test permettra à tous de faire leur propre test en toute discrétion, dans l’intimité de leur maison et bien sûr, ils devront l’apporter à l’hôpital s’il se révèle positif. Et ils pourront bénéficier des traitements disponibles.»

Par ailleurs, le centre Banian de PILS, permettant à ceux et celles qui sont positifs au VIH et qui ne veulent pas aller dans les hôpitaux, de recevoir des soins a été inauguré hier. Selon la directrice de PILS, Annette Ebsen Treebhoobun, ce centre est un pas en avant pour la lutte contre la maladie. «La collaboration entre le ministère et la société civile ne fera que faire avancer les choses.»