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Charlie Clarck: «Le télétravail est souvent une libération pour le salarié»

2 novembre 2022, 21:00

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Charlie Clarck: «Le télétravail est souvent une libération pour le salarié»

Fondateur et directeur associé de Whistcom, cabinet de conseil en stratégie orale, situé à Paris, Charlie Clarck a réagi récemment à une récente analyse de «l’express» sur la pertinence du télétravail face au présentiel. Il a souhaité apporter sa contribution sous forme d’une interview. Depuis 2015, fort de son expérience dans les médias et la prise de parole, il accompagne maintenant les entreprises et leurs dirigeants dans les techniques de narration pour que leurs messages soient écoutés, compris et retenus. Plus particulièrement dans le sillage de l’avènement du télétravail et du travail hybride, où il faut, dit-il, être capable de mobiliser tous les salariés qui ne sont plus physiquement rassemblés.

Comment le phénomène du télétravail se présente aujourd’hui à Paris et dans les bureaux où votre société est appelée à apporter son expertise ?

Le télétravail à 100 % n’existe plus vraiment. Par contre, le télétravail partiel fait pleinement partie de la vie de l’entreprise, quelle que soit sa taille. Le dirigeant se trouve dès lors face à un impératif nouveau : provoquer une cohésion et un engagement malgré la distance physique et l’absence de relations quotidiennes. C’est deve- nu le grand enjeu des entreprises : comment manager et motiver à distance ?

Or, un sondage OpinionWay, sur «les salariés et la parole de leur dirigeant», réalisé en septembre 2021, nous apprend que 75 % des salariés considèrent qu’un message de leur dirigeant a plus de poids à l’oral qu’à l’écrit. Et 73 % des salariés considèrent aussi que la parole de leur dirigeant est une source de bien-être, de fidélité à l’entreprise et de motivation. La parole du dirigeant est donc un levier incontournable de l’engagement des salariés !

Finalement, le télétravail a provoqué en entreprise une crise de la communication. Et les dirigeants viennent nous rencontrer pour se former à la prise de parole pour mieux communiquer avec leur équipe et les motiver par une parole inspirante. La bonne nouvelle, c’est que tous les dirigeants peuvent devenir de bons orateurs, ce n’est pas inné. Nous avons créé une méthode, la méthode SPORT, qui permet d’augmenter de 30 % sa performance en prise de parole. On l’enseigne dans nos locaux (Paris), mais aussi à distance !

Avec la fin des restrictions sanitaires dans l’ensemble des pays à l’échelle mondiale, estimez-vous que le présentiel au bureau est en train de remplacer graduellement le télétravail ? Si oui, quels sont les secteurs économiques concernés et quelle est la répartition (en pourcentage) entre ces deux concepts de travail ?

Le télétravail est maintenant bien implanté et il semble peu probable qu’il disparaisse au profit d’un retour intégral au bureau. Pourquoi ? Parce que le télétravail accompagne une évolution des modes de vie dans le monde occidental.

Le télétravail répond à un besoin plus profond que seulement la crise sanitaire. Vivre dans des mégalopoles polluées, passer des heures dans les transports en commun, payer cher pour un minuscule appartement… Ce n’est plus un mode de vie enviable. Avec le souci écologique et une remise en question d’un modèle économique insensé, beaucoup de salariés souhaitent bénéficier d’un meilleur équilibre de vie : moins de temps perdu dans les transports, plus de nature, une maison plus grande, moins de stress… Et cela, le télétravail le permet.

«La parole du dirigeant est donc un levier incontournable de l’engagement des salariés !»

Ensuite, le télétravail a prouvé que la majorité des fonctions peuvent être totalement ou en partie effectuées à distance. Enfin, c’est souvent un vrai gain pour organiser sa vie. En d’autres termes, le télétravail est souvent une libération pour le salarié. On peut donc supposer que le télétravail ne va pas s’arrêter. En revanche, le bon dosage télétravail/présentiel peut encore donner lieu à des tâtonnements.

 On parle beaucoup aujourd’hui du travail hybride. Pensez-vous que dorénavant, les entreprises vont orienter leur «business model» autour de ce nouvel aménagement du travail ?

Leur business model, je ne sais pas. Par contre, leur organisation interne, oui, c’est certain. C’est clairement la formule qui est adaptée par la majorité des entreprises : trois jours au bureau et deux jours en télétravail. Cela permet d’assurer des moments de cohésion et de ren- contre au bureau, et de permettre à chacun de profiter aussi des bénéfices du télétravail. C’est très gagnant-gagnant comme accord. Et les entreprises n’ont pas vraiment le choix. En France, on connaît une pénurie de talents, donc si l’entreprise n’offre pas ces possibilités, beaucoup de salariés partent ailleurs.

Quels sont les principaux défis de communication interne dans le cadre du travail hybride ?

Quelles bonnes pratiques à mettre en place ? Le travail en hybride implique un regain de communication orale. Il faut être capable de mobiliser tous les salariés qui ne sont plus physiquement rassemblés. Or, le travail hybride, comme tous les changements organisationnels, nécessite un changement des pratiques pour rester efficace et productif. Ce changement des pratiques s’acquiert par la formation à la communication qui se révèle être clé dans le renouveau de la vie des entreprises. En présentiel, une communication réussie se fonde sur trois piliers : être vu, entendu et compris. Ce sont les 3V : le visuel, le vocal et le verbal. En 100 % distanciel, il est possible de rassembler ces trois éléments : chacun est bien cadré face à sa caméra donc il y a du son, de l’image et le fond peut être reçu. Mais dans une réunion hybride (une partie des participants en visio, le reste à distance), les 3V sont facilement perdus : ceux qui sont en présentiel sont souvent filmés de loin, dans de grandes salles de réunion. On les voit peu et on les entend mal. Cela rend la communication hybride complexe… On ne se comprend pas, on se lasse et on se désimplique.

«Le télétravail a provoqué en entreprise une crise de la communication.»

Il y a un ensemble de règles à connaître pour garder la motivation de tous intacte. Par exemple, sur le plan visuel : il faut parler à la caméra comme si elle était une personne dans la salle (regard adressé/geste orienté vers la caméra…). Sur le plan vocal : leur prise de parole doit être distincte, claire et nette pour être audible à distance. Sur le plan verbal : attention aux commentaires à voix basse, aux démonstrations avec documents à l’appui, aux gestes et aux sous-entendus incompréhensibles pour les distanciels…

Chez Whistcom, on accompagne les dirigeants sur la manière de bien gérer des visios et des réunions hybrides à travers un ensemble de parcours, comme le parcours Clé, Orality ou Boost Your Charisma. Il y a une vraie demande.

 Il existe aujourd’hui beaucoup de réflexions sur le «Future of Work» au sein des directeurs des ressources humaines. Comment y voyez-vous l’évolution du travail ? Peut-on un jour envisager un retour au bureau tel qu’il était avant la crise pandémique ?

Il y a eu un emballement très fort autour du télétravail. Peut-être excessif. Les entreprises comprennent aujourd’hui qu’il est tout de même nécessaire de rassembler régulièrement les équipes. Donc, il y aura sans doute un rééquilibrage dans les années à venir. Mais le télétravail répond à une attente profonde de tous les travailleurs : se libérer d’un rythme métro-boulot-dodo, gérer librement son temps de travail, bénéficier d’un meilleur cadre de vie… Donc, je ne crois pas au retour au bureau intégral. D’autant plus que la préoccupation écologique devient majeure et que le télétravail permet de massivement réduire les dépenses et la consommation liées au transport et aussi de proposer une alternative aux mégalopoles. Reste à savoir où se situera le curseur entre beaucoup de télétravail ou pas du tout