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Affaire Telegram: enquêtes en souffrance et groupes récidivistes

16 octobre 2022, 17:00

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Affaire Telegram: enquêtes en souffrance et groupes récidivistes

Avril 2021, la messagerie Telegram est sur toutes les bouches. La cause : des vidéos émanant de groupes publics et privés sur cette plateforme avaient été fuitées. Des vidéos d’adultes mais aussi de mineures avaient fait le tour de la Toile. Plusieurs victimes avaient porté plainte. Aujourd’hui, alors que des groupes sévissent toujours, la justice n’a toujours pas tranché...

Vidya (nom d’emprunt) ne veut même plus en parler. La jeune femme qui avait porté plainte contre un de ses voisins qui était aussi son ex, attend toujours qu’on arrête celui qui «a gâché ma vie». Mais le voisin est toujours en liberté et n’aurait même pas été interpellé pour donner sa version des faits, dit-elle. «Jusqu’aujourd’hui on me regarde de haut en bas dans ma localité à cause de ces vidéos qu’il a partagées sans mon consentement pour se venger de notre rupture. Je suis celle qui doit baisser la tête en marchant alors que lui marche comme un coq fier partout», se lamente la jeune femme qui n’arrive pas à avancer à cause de cette histoire.

Comme elle, elles sont des centaines, voire des milliers, à attendre la justice contre leur ex, mari ou copain qui les a filmées. Même celles filmées à leur insu. «Monn perdi respe mo paran, mo bann frer ek enn ta dimounn ki ti pros ar mwa akoz enn sel vidéo ek de trwa screenshot. Ziska zordi mo papa nepli koz ar mwa kouma avan mem si dan vidéo-la trouve ki mo pa ti o kouran ki ti ena enn kamera on dan lasam-la», explique une autre victime qui était mineure quand les vidéos de ses ébats ont été partagées. Elle ajoute qu’il y a deux mois elle a appelé le poste de police pour savoir où en était l’enquête et qu’on lui a dit que son ex était introuvable alors qu’elle a donné tous les détails le concernant. «J’ai compris que ça ne sert à rien donc. Que jamais il n’y aura de justice...»

Ce que Laura (nom d’emprunt), dit avoir compris depuis longtemps malheureusement. Elle avait vu ses photos intimes partagées depuis 2018 lorsqu’il y avait des groupes sur la plateforme Messenger. Elle avait porté plainte deux fois et une troisième fois l’an dernier quand ces même vieilles photos d’elles ont été partagées à nouveau sur Telegram. «Peine perdue. Si depuis 2018, l’enquête n’a jamais abouti alors que j’ai donné tous les détails et les noms, cela ne se terminera jamais», affirme tristement cette dernière qui est maman aujourd’hui. Selon nos recoupements, plusieurs plaintes ont été déposées par des femmes mais aussi par des hommes, mais il n’y a eu jusqu’ici aucune arrestation formelle. Selon l’inspecteur Shiva Coothen du Police Press Office, que nous avons contacté, la même réponse est toujours la même. «Les enquêtes sont toujours en cours...»

Quant aux groupes, si les anciens ont été fermés, de nouveaux ont pris la relève avec des milliers d’abonnés. Nous en avons infiltré plusieurs (voir captures d’écran) et avons constaté que toutes les heures, de nouvelles vidéos et photos font leur apparition. La bonne nouvelle, c’est que quelques heures après que les vidéos ou photos sont postées, d’autres sur les groupes les report et elles sont automatiquement effacées. Cependant, selon nos sources, si c’est le cas sur des groupes publics, cela ne l’est pas sur les groupes privés. «Group koumsa ena enn ta sa. Lor Whatsapp, Messenger, Viber tou. Telegram n’est que le haut de l’iceberg...»