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Sacré chien !

24 mai 2020, 09:48

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Sacré chien !

Non ce n’est pas des chiens errants qui font partie intégrante du paysage de notre île dont il sera question aujourd’hui, mais d’un philosophe de l’Antiquité qui était un « sacré chien ». D’ailleurs, c’est à partir de sa manière de voir les choses ainsi que de son comportement que l’on va élaborer bien longtemps après le terme de « cynisme », qui vient de l’ancien grec « cynos » qui veut dire « chien ». Il s’agit de Diogène de Sinope, plus connu sous le nom de Diogène le cynique.  Le cynisme était une école philosophique dont Diogène était le plus illustre représentant. Sa marque de fabrique : il vivait dans la rue, dépouillé de tout accessoire et de tout apparat dont raffole la société. Son mode de vie était des plus simples, et sa critique de la société, des plus acerbes. Tout ce que nous avons le concernant est sous forme d’anecdotes qui sont parvenues jusqu’à aujourd’hui. Le cynisme de Diogène fait grincer des dents, choque la bonne société, pose des questions toujours d’actualité sur les conventions sociales et les rôles que nous jouons sans être toujours conscients de leur superfluité.

Pourquoi lui coller cette étiquette canine ? Ce n’est pas parce qu’il avait une dent contre la société, mais bien parce que plusieurs anecdotes mettent en place la figure du chien : comme ce jour où il mangeait tranquillement dans la rue (où il vivait), et qu’un attroupement se met en place autour de lui avec la moquerie de certains lui lançant qu’il est en train de manger comme un chien dans la rue. Diogène rétorque avec sa verve légendaire que ce sont eux les chiens qui le regardent pendant que, lui, il mange. La répartie de Diogène est non seulement décapante, mais elle nous fait prendre conscience de l’hypocrisie, des gestes et des pratiques de notre société qui se veulent moraux, mais où la riposte de Diogène montre du doigt la bien-pensance et le conformisme ambiant.  Qu’il s’appelle Desproges ou Lenny Bruce, plusieurs pays ont eu leur Diogène comme humoriste, en montrant un humour qui déploie sa dose de cynisme en critiquant les travers et les paradoxes d’une société. Critique des faux-semblants pour une exigence morale d’un haut niveau. Et nous, quel est notre Diogène mauricien ?