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François Mark: utiliser la réalité virtuelle pour faire visualiser l’inaccessible

27 juillet 2019, 14:05

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François Mark: utiliser la réalité virtuelle pour faire visualiser l’inaccessible

Ce quadragénaire, originaire de Rose-Hill, est avant tout un passionné d’informatique. Son père, Marius, qui possédait son propre garage de mécanique, a été le premier à l’orienter vers ce domaine, après avoir vu une émission télévisée intitulée Les petits génies. François Mark avait alors septhuit ans. «Mon père ne s’y connaissait pas en technologies mais, après avoir vu cette émission, il m’a dit que l’avenir c’est l’informatique.» Propos qui ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd.

Marius Mark va même plus loin car lorsque son fils a une douzaine d’années, il lui paie un cours de programmation de base, soit le MS DOS, auprès du Computer Centre à Quatre-Bornes. François Mark est censé y aller le samedi mais lui veut mettre les bouchées doubles. Après ses classes au collège Eden de RoseHill, il se rend au centre et tente de grappiller toutes les connaissances possibles. Il réussit l’examen et obtient son certificat en informatique. François Mark se met alors à participer aux concours inter-collèges organisés par le National Computer Board et il remporte plusieurs d’entre eux.

Un ami l’informe que la société Medi@Net Ltée recherche, par le biais d’un communiqué de presse, des jeunes qui aiment les technologies à des fins de formation et de recrutement à l’essai. Bien qu’il n’ait que 17 ans, François Mark décide de saisir cette chance. Il passe l’entretien au Parc informatique à La Tour Koenig et malgré le fait que sa formation initiale était en anglais et qu’à Medi@Net Ltée tout est en français, il est pris à l’essai. Il décide d’arrêter l’école et de prendre, en parallèle à son emploi, des cours particuliers pour obtenir son General Certificate in Education.

«Il a été invité à belfast à présenter le potentiel de l’afrique en termes de réalité virtuelle.»

François Mark est fasciné par l’univers informatique qu’il découvre. Il est initié à Windows 95 en français et au système informatique français. Medi@Net emploie non seulement des programmeurs mais aussi des ingénieurs e t d e s graphistes, une palette de compétences qui lui permet de s’initier à ces autres domaines. Cette période correspond aussi au début de l’Internet à Maurice.

François Mark apprend à créer des sites Web avec des logiciels simples, mémorise des codes ligne par ligne pour insérer des images, des vidéos, des liens. «Cela m’a forgé, si bien que lorsque je vois un site, j’arrive à décoder ce qui est derrière.» Au contact du graphiste Jacques Wan, il découvre les premières versions du programme Photoshop, «une porte ouverte sur la créativité». À travers les nombreux contacts de la société qui l’emploie, dès qu’un logiciel sort aux États-Unis et en Europe, Medi@Net reçoit un prototype et cela permet à tous les employés d’apprendre et d’être à jour en termes de connaissances. «C’était comme avoir accès à une immense bibliothèque.»

Au bout d’un moment, il se laisse débaucher par une autre société, Web Ltd, où il travaille comme chef programmeur. Sa responsabilité est de former des recrues et de créer des sites Web. François Mark parle d’un coup de pouce du destin lorsqu’il apprend que la Mauritius Freeport Authority (MFA), à l’époque dirigée par Gérard Sanspeur, cherche un webmaster pour développer son portail. «À l’époque, la MFA était innovatrice et voyait le potentiel de la Toile. Ce n’était pas le cas d’autres organisations.» Il est pris. Gérard Sanspeur lui laisse les coudées franches et François Mark, qui a développé son sens créatif, prend sur lui et réalise des brochures à l’interne. Comme il veut tout maîtriser, en parallèle, il prend des cours en ligne sur la création multimédia.

Lorsque la MFA fusionne avec le Board of Investment, il contribue au développement de son portail Web. Le nouveau directeur, Rajoo Juddoo, l’encourage aussi à faire des photos promotionnelles sur Maurice et à réaliser des brochures multimédias sur les opportunités d’investissement.

François Mark, qui a le vent en poupe, reçoit une offre d’emploi du groupe Currimjee, qui recherche à l’époque un Creative Designer pour son projet d’Airport City. Proposition qu’il accepte et qui lui permet de voyager et d’être en contact avec des sociétés immobilières en Afrique du Sud. Il travaille aussi avec l’Australie et les États-Unis. Pour faciliter les échanges entre les interlocuteurs de ces pays, François Mark configure un logiciel permettant l’interactivité entre les parties concernées où qu’elles soient. Lorsque le projet prend une autre tournure, il estime avoir accumulé suffisamment de savoir pour se mettre à son compte.

Il crée Interactive Graphics Studio Ltd en 2011, dont le bureau se trouve à son domicile et qui propose des créations de sites Web et d’applications mobiles ainsi que des créations multimédias. Sa femme Mary-Jane, qu’il connaît depuis l’école, l’épaule pour l’administration et les aspects légaux en collaboration avec leur conseiller juridique.

François Mark participe à de nombreux concours. En 2017, l’ambassade des États-Unis lance un concours sur l’utilisation de l’informatique pour impacter le social. Après maintes réflexions, François Mark pense à introduire la réalité virtuelle dans l’éducation pour faciliter la compréhension de concepts compliqués. Il achète quelques équipements pour les tester mais son objectif est de se concentrer sur le contenu et comment faire pour utiliser la réalité virtuelle de façon simple tant à l’école qu’à domicile. Il rédige son projet et remporte le concours de l’ambassade américaine, obtenant 3 000 dollars.

Il participe à InfoTech, rencontre des gens dans le secteur éducatif et les écoute. Sachant, par exemple, que les enfants ne maîtrisent pas ce qu’est le relief, il se rend sur des sites géographiques et fait des photos et vidéos. Il applique son projet de réalité virtuelle qu’il intitule AfriEDX, soit l’abréviation d’Africa Education Next Generation, et qui permet aux enfants qui ont du mal à assimiler certains concepts de visualiser les choses et de faciliter leur compréhension. Il soumet ce projet à la plateforme Google qui le valide et entre en accord avec lui. Il est autorisé à créer du contenu éducatif interactif sur cette plateforme. «J’ai fait des textes, des vidéos et des images permettant aux enfants de s’immerger dans le monde virtuel et de comprendre, par exemple, comment se forme un volcan et je l’ai testé auprès des instituteurs, des élèves et des parents du Père Laval RCA où j’ai un contact. Ils ont tous pu voir mon contenu à partir de casques virtuels et l’ont validé.»

Emballé par la facilité avec laquelle les élèves comprenaient le concept, le Secrétariat de l’Éducation catholique a donné son accord à François Mark pour qu’il réalise d’autres contenus interactifs sur des questions où les élèves de Grade V et VI bloquent pour leurs révisions de troisième trimestre. Comme il ne veut pas que les élèves des collèges d’État soient en reste, il a fait une proposition au ministère de l’Éducation à travers le Mauritius Institute of Education et les procédures seraient en cours.

Grâce à un ami, il est en contact avec le Bulungunla Incubator, organisation non gouvernementale qui s’occupe notamment de l’éducation des enfants de quatre villages très reculés dans le district d’Amathole sur la côte sauvage de l’Eastern Cape, en Afrique du Sud. Pour permettre aux enfants de visualiser les réalités extérieures, cette ONG est en négociation avec lui pour qu’il leur réalise du contenu en réalité virtuelle consultable hors ligne.

Sachant que la réalité virtuelle peut convenir à différents domaines, il a été invité l’an dernier par l’Adventure Travel Trade Association à faire un exposé sur la manière de l’introduire dans le tourisme. Conférence qui s’est tenue à Bhopal, en Inde. En juin 2018, avec son projet, il a participé à un concours, les Southern Africa StardUp Awards, et il a obtenu le prix de la Meilleure Start-Up en technologie et éducation.

Comme le nom AfriEDX est en train de prendre de l’ampleur, François Mark compte créer une autre compagnie destinée aux affaires d’AfriEDX. «AfriEDX n’est en compétition avec personne. Le but est d’aider les élèves et tous ceux qui veulent apprendre sur un domaine pas facilement accessible de le faire.»

Depuis qu’il a conçu AfriEDX, François Mark, qui complète l’écriture d’un livre intitulé Virtual Reality Demystified, a le vent en poupe. Il a été invité le mois dernier par l’International Virtual Reality for Professionnals Association à Belfast, en Irlande, à présenter le potentiel de l’Afrique en termes de réalité virtuelle. L’Union africaine, qui organise l’Africa Expo 2019 au Botswana le mois prochain, l’a invité à venir présenter AfriEDX aux participants. «Le but du gouvernement est de faire de Maurice un knowledge hub. Le mien est de proposer la création de contenus éducatifs en réalité virtuelle pour le marché africain à Maurice.» C’est tout ce que nous lui souhaitons.