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Patrimoine mondial: Tana, sur les marches de l’Histoire

1 juillet 2017, 23:30

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Patrimoine mondial: Tana, sur les marches de l’Histoire

Antananarivo (la ville des Mille) est une ville en escaliers. En haut des marches, la Haute ville, toute en rues pavées, façades imposantes et briques «rouge missionnaire». Églises et palais (de la Reine, du Premier ministre, de justice, etc.) témoignent d’un riche passé.

À la faveur d’un séjour dans la Grande île, nous avons arpenté quelques-unes des rues de la Haute ville qui se prépare à une éventuelle inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco.

Étal de viandes et de charcuterie attendant le client.

C’est à pied que l’on voit mieux Antananarivo. À hauteur d’homme. Pour prendre la mesure des façades imposantes, des palais, des rues pavées. Signes extérieurs d’un riche passé.

Ses gens dans la rue qui nous ressemblent. Qui s’adressent à nous dans leur langue. Tous persuadés que nous la comprenons. Tous surpris de voir que ce n’est pas le cas. La Haute ville c’est le contraste entre la splendeur architecturale de nombreux édifices et le dénuement de nombre des habitants. Tous ces gens qui, au quotidien, cuisinent le riz, les brèdes, le zébu et d’autres plats typiques, sur le réchaud à charbon. Et qui s’approvisionnent en eau au robinet municipal. Ce qui les force à porter de lourds galons jaunes, sur des distances plus ou moins longues. Sans parler des escaliers.

L’une des entrées de la Haute ville.

Ce qui étonne, ce sont les nombreux enfants dans la rue. Pas tous à la rue. L’un d’eux, qui nous suit, n’est pas à l’école ce jour-là parce qu’il y a trop d’élèves. Il y va selon des jours alternés. Conte pour enfant ou réalité d’adulte ? Ce gamin explique que les bons jours, il peut se faire plusieurs milliers d’ariary (la monnaie malgache), en tendant la main. De quoi se demander pourquoi aller à l’école.

La semaine dernière, guidés par Miandriarijaona Razafimahefa, ancien responsable de l’Office du Tourisme, qui a œuvré à la promotion de la Haute ville, dont nous avons arpenté quelques-unes des rues pavées chargées d’histoire.

Scène du quotidien.

Un regard expert sur un passé proche parce que nos histoires sont liées. Les rois merina – dont Radama 1er qui exila le prince Ratsitatane – cela résonne dans les oreilles mauriciennes. Proche, prosaïquement, parce que l’on atterrit à l’aéroport d’Ivato, à Tana, après moins de deux heures d’avion.

Et si toute la Haute ville devenait patrimoine mondial de l’Unesco ? Madagascar s’y prépare. La Haute ville figure sur la liste indicative depuis 2016. Il s’agit de la liste où chaque pays indique les patrimoines pour lesquels il souhaite demander une inscription.

La Haute ville est ceinturée par des collines. Douze collines royales où les rois merina s’étaient installés. Depuis 2001, la colline royale d’Ambohimanga est patrimoine mondial. Elle est considérée comme le berceau de la dynastie régnante qui fait reconnaître Madagascar à partir de 1817. Elle a un caractère sacré, le culte des ancêtres et d’autres traditions spirituelles y sont associés.

Au cours de la visite, nous nous arrêterons devant une clôture en bois. Elle barre une fontaine royale. Ceinturée par des «fady» : ces interdits inhérents aux traditions malgaches. «C’est comme un système de loi, un code de conduite», répond le guide quand nous lui demandons comment les citoyens se repèrent parmi tous les «fady». «Ils sont transmis de génération en génération.»

Éternelle question : quel impact une reconnaissance mondiale aura-t-elle sur le quotidien de cette population ? Car il faudra alors, comme l’indique le guide, «freiner le développement architectural moderne et préserver le patrimoine». Avec les conflits potentiels que cela sous-entend.