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Après l’ouragan, le président haïtien veut que l’aide soit temporaire

12 octobre 2016, 08:01

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Après l’ouragan, le président haïtien veut que l’aide soit temporaire

 

Le président provisoire haïtien Jocelerme Privert considère le passage de l’ouragan Matthew comme un «désastre écologique» et assure que les sinistrés vont être aidés, tout en estimant que la période d’urgence humanitaire ne doit pas s’éterniser.

«Ce que j’ai constaté de visu à travers les trois survols que j’ai fait, c’est un véritable désastre écologique dans le département de la Grande Anse», a déclaré mardi Jocelerme Privert à plusieurs médias étrangers, dont l’AFP.

Situé sur la trajectoire directe de l’ouragan, ce département du sud-ouest d’Haïti a été le plus affecté: les autorités y ont recensé 244 morts et 97 blessés.

Au total, selon le dernier bilan mardi de la protection civile haïtienne, il y a au moins 473 morts et 75 disparus.

A cause des très nombreuses maisons détruites et des inondations, plus de 175.500 sinistrés se trouvaient encore mardi dans des refuges temporaires. Ceci pile une semaine après l’arrivée de l’ouragan sur le pays.

«Les gens qui sont dans les abris, il faut les nourrir, leur donner de l’eau à boire. Il faut leur donner des médicaments pour éviter cette propagation du choléra», a affirmé M. Privert.

Près de 150 cas suspects de choléra ont été recensés depuis une semaine dans le département de la Grande Anse, et une cinquantaine dans celui du Sud.

Depuis octobre 2010, l’épidémie a fait près de 10.000 morts et --avant même le passage de Matthew-- avec toujours plus de 500 cas par semaine, le pays faisait déjà face à la pire épidémie de l’histoire récente à l’échelle mondiale.

Le président provisoire a assuré que les populations sinistrées allaient recevoir de l’aide mais, dans le même temps, il a affirmé ne pas vouloir pérenniser l’assistance humanitaire.

«Si nous persistons à apporter de l’aide alimentaire urgente aux personnes victimes, sans prendre des mesures pour les recapitaliser, pour qu’il y ait une circulation d’argent dans les régions affectées, le risque d’un exode vers les grandes villes est toujours là», a prévenu M. Privert.

Le risque d’une répétition du fiasco de la période post-séisme de 2010, où seule une fraction de l’aide avait bénéficié aux victimes, est aussi dans les esprits des autorités nationales et des partenaires étrangers.

En référence à la mauvaise gestion de l’aide par les précédents gouvernements, M. Privert a réaffirmé le rôle premier de l’Etat haïtien dans la gestion de cette nouvelle crise humanitaire.

«Il n’y a pas deux acteurs sur le terrain mais un seul: l’acteur, c’est l’Etat», a-t-il insisté. Mais «cet acteur dispose-t-il de tous les moyens lui permettant de répondre aux attentes de la population? La réponse est non», a-t-il reconnu.

Sans avoir officiellement demandé l’aide de la communauté internationale, le gouvernement haïtien a salué les importants dons de matériels et la venue de nombreux militaires étrangers pour aider les régions dévastées.

Deux stations de production d’eau potable envoyées par la France ont été acheminées mardi matin par avion, et 60 agents de la sécurité civile française sont actuellement déployés dans le pays. Plus de 300 Marines américains sont également présents dans le pays le plus pauvre de la Caraïbe.

L’Etat haïtien s’active également.

«Le gouvernement a envoyé dans les différentes régions affectées près de 40 containers de provisions alimentaires qui ont coûté au Trésor public plus de 400.000 dollars», a précisé M. Privert.

«Beaucoup d’organisations et de pays nous ont promis leur aide, certains l’ont fait en nature mais, pour d’autres, il n’y a que des promesses qui ne se sont pas encore matérialisées», a-t-il fait valoir, sans autre précision.