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Drogue: la Natrexone, enfin un traitement à 100 % efficace?

18 septembre 2015, 14:51

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Drogue: la Natrexone, enfin un traitement à 100 % efficace?
Elle permettrait de libérer totalement l’addiction d’une personne à la drogue, contrairement à la méthadone. Ce produit, la Natrexone, est du reste celui qu’a préféré le ministère de la Santé dans le traitement aux drogués, au lieu de la méthadone depuis le mois d'août. 
 
«Avec la Natrexone en permanence dans le corps, le patient ne pense plus du tout à d’autres produits. Le récepteur est bloqué, et il peut se concentrer à refaire sa vie », explique Darmen Ellayah, le président de l’organisation non gouvernementale Association pour les personnes en larmes (APPEL). Il a offert son soutien au ministère de la Santé pour la mise sur pied du prochain programme de traitement des toxicomanes à la Natrexone. APPEL a du reste déjà expérimenté ce traitement avec 36 personnes de 2007 à 2009, en Australie. Et les essais ont été concluants.
 
En fait, l’avantage de la Natrexone est que, contrairement à la méthadone qui n’est qu’un produit de substitution, elle bloque les récepteurs du cerveau responsable des addictions et de ce fait, le patient a l’esprit totalement libéré de son addiction. Concernant la première expérience de l’Ong APPEL, il y a huit ans, les 36 personnes traitées avec cette molécule ont toutes été libérées de leur addiction. « On ne peut pas parler de reconstruction à quelqu’un dont l’esprit est occupé par savoir s’il aura sa dose de méthadone le lendemain » explique Darmen Ellayah. 
 
De plus, comme la méthadone n’est qu’un palliatif, la personne en traitement peut, à tout moment, rechuter. Ce problème ne se pose pas avec la Natrexone, car la personne ne se sentira même pas être en manque manques. 
 
Darmen Ellayah a découvert l’utilisation de la Natrexone lors d’un de ses voyages personnels en Australie. À l’époque, le Dr Georges O’Neil, gynécologue, faisait des recherches sur cette molécule car la méthadone outre de causer des problèmes cardiaques, avait des effets néfastes sur les fœtus. 
 
Après maints essais, il a fini par concevoir un implant qui se place sous la peau et qui traite le patient pendant un an. Plusieurs patients n’ont eu besoin que d’un seul implant pour se reprendre en main. L’opération se fait en vingt minutes en anesthésie locale. L’implant est placé dans le bas ventre et les effets sont quasi immédiats. 
 
En trois ans, 36 patients ont été pris en charge par APPEL mais malheureusement, cette première opération n’a pu avoir de suite car, d’une part, les coûts étaient trop élevés et d’autre part, les procédures de visas pour les toxicomanes relevaient souvent du parcours du combattant. APPEL n’avait aucune aide du gouvernement. 
Darmen Ellayah évoque avec regrets ses nombreuses tentatives d’approcher le ministère de la Santé pour expliquer le succès qu’il a eu avec le traitement à la Natrexone. Aujourd’hui l’annonce du ministre de la Santé de considérer le traitement à la Natrexone, est une victoire indirecte pour lui.
 
Toutefois, prévient Darmen Ellayah, il ne faut pas se réjouir trop tôt. Le traitement à la Natrexone nécessite impérativement tout une structure de support psycho social pour les toxicomanes, support qui n’existe pas actuellement à Maurice. 
 
En sortant de son addiction à la drogue, le patient est souvent déboussolé. «Une structure devra être mise en place pour redonner confiance aux patients et les aider à se réinsérer. Aujourd’hui, mis à part le soin palliatif, il y a très peu de suivi qui est fait», déplore-t-il.
 
Ainsi malgré l’espoir suscité par le traitement à la Natrexone, le chemin est encore long pour la réinsertion des ex-toxicomanes.