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Affaire DPP: la police voulait arrêter Satyajit Boolell pour avoir juré un faux affidavit

17 juillet 2015, 08:32

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 Affaire DPP: la police voulait arrêter Satyajit Boolell pour avoir juré un faux affidavit

Le Directeur des poursuites publiques (DPP), Me Satyajit Boolell, Senior Counsel, a-t-il menti ? C’est la question qui a été posée à Chimunlall Ghoora, chef  enquêteur à l’Independent Commission against Corruption (ICAC). Car ce dernier, selon le Directeur des poursuites publiques (DPP), lui aurait dit que la commission subissait des pressions pour aller de l’avant avec l’affaire Sun Tan afin de lui nuire. C’est du reste ce qu’a affirmé Satyajit Boolell dans son affidavit déposé mardi 14 juillet. Et Chimunlall Ghoora a répondu  par l’affirmative à la question.

 

D’autres personnes viendront par la suite corroborer cette version. Tout s’est accéléré après la déposition des ministres Showkutally Soodhun et Roshi Bhadain aux enquêteurs du CCID, mercredi. Aux petites heures du matin de jeudi, c’est avec célérité que les hommes de l’assistant commissaire de police Heman Jangi ont interrogé le directeur de l’ICAC, le chef enquêteur et Narain Krishna Peerun, un membre du board qui a servi sir Anerood Jugnauth comme chef du service des renseignement.

 

Les trois ont ainsi démenti les propos de Me Satyajit Boolell. Un ordre a ainsi été donné d’arrêter celui-ci pour avoir juré semblait-il un faux affidavit.

 

C’est ainsi que, munis d’un mandat d’arrêt, les enquêteurs se sont rendus tôt chez le DPP à Wilson Road,  Vacoas, pour l’arrêter, le jeudi 16 juillet. L’épouse de celui-ci, Me Urmila Boolell, avocate, les a accueillis et leur a demandé les raisons de leur présence chez elle.

 

Entre-temps, le DPP a pris contact avec ses avocats, Mes Hervé Duval Jr et Anwar Moollan. Ceux-ci ont objecté à la démarche des enquêteurs du CCID mais ces derniers ont insisté.

 

Me Moollan leur a expliqué que la juge Chui Yew Cheong avait émis un ordre intérimaire leur interdisant d’initier une enquête sur le DPP ou d’arrêter ce dernier et que l’ordre avait été étendu au 3 août 2015. L’avocat a informé la juge de cet état des choses.

 

Les enquêteurs ont rebroussé chemin mais n’ont pas baissé les bras pour autant. Ils ont consigné une déposition au  poste de police de Vacoas, évoquant une obstruction à l’enquête de la police.

 

C’est ainsi que l’affaire a été portée hier matin devant la juge Chui Yew Cheong. Me Raymond d’Unienville QC pour le DPP, Me Gavin Glover, Senior Counsel, qui représente Me Hervé Duval Jr et Me Robin Ramburn, pour Me Anwar Moollan, ont tous présenté une motion d’habeas corpus («amène ton corps») en faveur de leurs clients. La juge a accédé à leur requête.

 

Dans l’après-midi, la juge a entendu en référé le commissaire de police (CP) Mario Nobin et le chef du CCID Heman Jangi. Me Satyajit Boolell y était présent. Selon nos renseignements, le CP a indiqué qu’il est au courant qu’un mandat d’arrêt a été émis contre le DPP, mais il a dit ne pas connaître les détails de cette affaire.

 

Quant à Heman Jangi, il a assuré que ce n’est pas lui qui est allé chercher le mandat d’arrêt. Il a déclaré ne pas savoir si le/la magistrat/e qui a émis l’ordre a été informé/e qu’un ordre de la juge, émis mardi, interdisait aux enquêteurs de procéder à l’arrestation du DPP ou d’initier une enquête sur lui jusqu’au 3 août.

 

Ce vendredi matin, la police sera appelée à s’expliquer devant la juge Ah Foon Chui Yew Cheong.