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Collégienne tabassée: «J’ai prévenu ces filles que je les dénoncerais»

19 mai 2015, 12:40

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Collégienne tabassée: «J’ai prévenu ces filles que je les dénoncerais»

Elle refuse de sortir de chez elle. Encore moins pour se rendre à l’école. Nazreen*, que nous avons rencontrée, le lundi 18 mai, en présence de ses parents, se dit traumatisée. Cette adolescente de 14 ans affirme qu’elle s’est fait passer à tabac, vendredi, par 16 filles de son collège, situé à Bain-des-Dames, après qu’elle les a dénoncées à la direction de l’école. En fait, explique-t-elle, elle les aurait surprises, il y a quelque temps, en train de fumer dans la cour de l’établissement et elle aurait menacé de les dénoncer.

 

C’est en fin d’après-midi, vendredi, que l’agression aurait eu lieu. Et en rentrant chez elle plus tard, raconte la collégienne, elle s’est évanouie. Ses proches l’ont alors conduite à l’hôpital Jeetoo, à Port-Louis, pour un diagnostic. Nazreen a fini par leur avouer qu’elle avait été rouée de coups.

 

Suivie par un psychologue

 

Une radiographie a permis de déceler une fracture au niveau de son bras gauche. Le lendemain, elle s’est rendue, accompagnée de son père Farid*, au poste de police de Bain-des-Dames pour faire une déposition dans laquelle elle dit avoir  pu identifier deux des 16 filles qui l’ont tabassée. Elle sera suivie par un psychologue de l’État. D'autre part, la Brigade des mineures et la Child Development Unit se sont saisies de l’affaire. Une enquête a été initiée pour retrouver d’autres suspects.

 

Comment se sont enchaînés les événements ? «Il y a un mois, j’ai surpris six élèves de ma classe en train de fumer dans la cour de l’école. Je les ai prévenues que c’était mal et qu’elles devaient arrêter. Au cas contraire, je comptais les dénoncer à la direction de l’école», relate l’adolescente. Elle aurait même tenté de dissuader une de ses amies qui faisait partie de cette bande. Mais en vain, dit-elle.

 

«Traitée d’hypocrite»

 

Deux jours plus tard, Nazreen soutient les avoir de nouveau vues fumer. Accompagnée d’une amie, elle se serait rendue au bureau de la secrétaire de l’école pour les dénoncer. L’employée de l’établissement aurait, par la suite, réprimandé les collégiennesen question.

 

 Le jour de l’agression, les camarades de classe de Nazreen se sont mises à la traiter d' «hypocrite». Et aux alentours de 14 h 30, durant la pause, l’une d’elles  lui aurait demandé d’entrer dans une salle, sous prétexte qu’elle devait lui remettre quelque chose.

 

«Je les ai crues. Or, dès que je suis entrée, elles ont refermé la porte derrière moi tout en m’injuriant.» Puis elle aurait été rouée de coups. «J’ai hurlé, mais personne ne m’a entendue. Les filles ont continué à me tabasser.»

 

 

La direction «aurait dû nous mettre au courant»

 

 

Une fois leur méfait accompli, elles lui auraient ordonné de ne pas piper mot sur ce qui venait de se passer. «Sinon sa pa pou fini koumsa mem», lui auraient-elles lancé. À l’arrivée de leur enseignante, le calme est revenu. «Celle-ci a toutefois constaté que je n’allais pas bien. Je me tordais de douleur. Elle a demandé ce qui n’allait pas avant de me conduire chez la secrétaire», indique Nazreen.

 

Cette dernière, poursuit-elle, lui aurait alors demandé d’oublier cette agression, en lui assurant qu’elle prendrait «des sanctions lundi». Farid explique qu’il s’est rendu à l’école, ce lundi, pour en savoir plus et qu’il est tombé sur un responsable qui tentait de le convaincre de retirer la plainte.

 

L’express s’est rendu au collège pour avoir la version des faits de la direction, mais sans succès. Le père, lui, n’en démord pas : «Je compte aller de l’avant pour que d’autres ne subissent pas le même sort que ma fille.» Quant à la mère de la collégienne, elle estime que la direction «aurait dû nous mettre au courant».

 

(Les prénoms ont été modifiés)