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Affaire Dufry: un comité ministériel pour examiner le deal avec l’entourage de Ramgoolam

7 mars 2015, 20:06

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Affaire Dufry: un comité ministériel pour examiner le deal avec l’entourage de Ramgoolam
 «On savait qu’ils étaient trempés dans des scandales. Mais pas à ce point», confie un Senior Minister. Depuis les révélations à la chaîne sur les commissions de plusieurs centaines de millions de roupies versées par Dufry aux proches de l’ex-Premier ministre Navin Ramgoolam, la Mauritius Duty Free Paradise est secouée par un véritable scandale. Et c’est le branle-bas de combat à Airports of Mauritius (AML). 
 
Celle-ci a ainsi décidé de passer à la loupe le contrat octroyé à cette société suisse en octobre 2013. Hier, le gouvernement a également décidé de mettre en place un comité ministériel pour examiner en profondeur le deal passé entre Dufry et l’entourage de Navin Ramgoolam.
 
AML veut surtout établir comment ce groupe suisse a été choisi pour approvisionner sa filiale Mauritius Duty Free Paradise (MDFP) en produits de luxe. Dufry est entrée en scène lorsque l’ancien gouvernement a décidé de se séparer de la société allemande Gebr Heinemann pour des raisons qui demeurent encore obscures. Dufry était censé permettre à la MDFP de revendre des produits à bien moins cher mais il s’avère que les prix pratiqués par la suite ont mis Maurice sur la carte des boutiques hors taxes les plus chères au monde. Désormais, la raison est connue : Dufry offrait chaque six mois une commission de 4,2 % de son chiffre d’affaires réalisé sur le sol mauricien au tandem Nandanee Soornack-Rakesh Gooljaury.
 
Le duo qui dispose d’un monopole à la nouvelle aérogare de Plaisance percevait également 49 % de commissions sur le contrat de gestion de la MDFP par Dufry.
 
Les deux amis intimes de l’ancien PM avaient d’abord créé Frydu, une société en Suisse, pour capter cette manne qui transitait par les paradis fiscaux tels que Chypre et Gibraltar.
 
Le Français Laurent Obadia, conseiller économique de Navin Ramgoolam à l’ambassade de Maurice en France, était censé être un bénéficiaire de ce deal. Finalement, Nandanee Soornack et Rakesh Gooljaury ont décidé de tout partager entre eux avant d’être contraints de revendre Frydu à la société chypriote Wigam  Holdings, dirigée par l’Irlandais Thomas Francis Gleeson, dont nul ne connaît encore le lien avec Navin Ramgoolam.
 
D’après les éléments actuellement en possession de la Financial Intelligence Unit et de la commission anticorruption, Rakesh Gooljaury a utilisé les commissions qu’il percevait de Dufry pour régler les factures de sa société Fashion Style. Dans un cas, l’argent versé à Frydu a servi à payer Ralph Lauren, une des marques qu’il représente à Maurice.
 
Nandanee Soornack, elle, aurait trouvé la combine pour faire rentrer l’argent à Maurice. Elle aurait poussé Rakesh Gooljaury à lui faire des chèques de Rs 5,7 millions, faisant passer cet argent pour des «remboursements» qu’il lui devait.