Une situation cocasse prévaut à la Mauritius Post & Cooperative Bank (MPCB). On assiste à un retour de manivelle pour Rajiv Beeharry, nommé au poste de Chief Executive Officer (CEO) de la banque en 2006. Il a été prié de plier bagage durant la dernière semaine de décembre. Et c’est Thondrayen Pavaday, son ex-bras droit, qu’il avait incité à prendre la porte de sortie en août, qui fait un retour en force.

Et l’arrivée de l’ex-directeur général de la MPCB au sein de l’institution aurait eu la bénédiction du nouveau gouvernement. Outre le poste qu’il récupère, Thondrayen Pavaday agira également en tant qu’Acting CEO, en attendant que le nouveau board – qui sera bientôt constitué – lance un appel à candidatures pour choisir le successeur de Rajiv Beeharry.

C’est en août dernier que Thondrayen Pavaday et Kulumsingh Purmah, ex-chef du département de crédits, ont été contraints de démissionner de la MPCB à la suite d’une réunion du board. Une démarche qui résulterait de pressions exercées par la direction après que les deux hommes ont refusé d’accéder à des demandes de prêts formulées par plusieurs hommes d’affaires proches du pouvoir. Parmi ceux-ci, on retrouverait Rakesh Gooljaury, le propriétaire de la société Fashion Style.

À l’époque, la direction de la MPCB avait souligné que les deux cadres quittaient l’institution parce qu’ils avaient démissionné «vu qu’ils avaient eu de meilleures offres ailleurs». Ce qui, selon nos renseignements, serait loin de la réalité. En fait, Thondrayen Pavaday aurait été licencié car il n’aurait pas approuvé, en tant que General Manager, le comportement de la banque par rapport à des prêts consentis à un client spécifique. En l’occurrence, Rakesh Gooljaury, qui gère une vingtaine de magasins à travers le pays, représentant des griffes de renom telles que Hugo Boss, Celio, Tommy Hilfiger, Mango et Gant & Ralph.

Le patron de Fashion Style, firme basée au morcellement Sodnac, à Quatre-Bornes, se trouve être un des plus gros clients de la MPCB. Au cours des sept dernières années, il aurait obtenu des emprunts totalisant environ Rs 450 millions. Ce qui avait poussé des dirigeants de l’ancien régime à s’interroger sur la santé financière de la banque. D’autant plus que les hypothèques de Rakesh Gooljaury tourneraient autour de Rs 200 millions.

Quand cette affaire a éclaté l’an dernier, l’Hôtel du gouvernement avait émis un communiqué faisant état d’un prêt de Rs 95 millions pour lequel Rakesh Gooljaury avait mis en gage un terrain de 651 m2, situé à Moka. Et d’un autre prêt de Rs 55 millions pour lequel des terrains situés à Curepipe, L’Agrément, Pamplemousses et Réunion Maurel, de près de 6 000 m2, avaient été hypothéqués.