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Des t-shirts made in Mauritius sèment le trouble en Angleterre

3 novembre 2014, 14:39

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Des t-shirts made in Mauritius sèment le trouble en Angleterre
Ce sont des t-shirts affichant le slogan «This is what a feminist looks like» qui sont censés promouvoir la femme.  Et ils sont plusieurs parlementaires britanniques qui n’ont pas hésité à les porter pour démontrer leur soutien à la gent féminine. Sauf que ces t-shirts ont en fait été réalisés par des ouvrières d’une usine à Maurice. Ce qui a soulevé un tollé : le fait que celles-ci sont payées 62 pence de heure, rapporte le journal en ligne Mail on Sunday.
 
Dans un article publié en ligne, samedi 1 novembre, Mail on Sunday dénonce les conditions de travail de ces femmes«qui sont à 16 dans une chambre et qui gagnent bien moins que le salaire moyen à l’île Maurice». L’article souligne que d’aucuns affirment qu’il s’agit là d’une «forme d’exploitation» du fait que ces ouvrières effectuent de longues journées de travail pour un maigre salaire.
 
Le t-shirt se vend à £ 45 l'unité, mais ces femmes sont payées £ 120 par mois, soit Rs 6 000, dénonce le Mail on Sunday. Le journal affirme avoir mené sa petite enquête, un de ses journalistes étant même venu à Maurice pour compléter son investigation. Il a visité dans ce but l’usine en question, soit la  Compagnie mauricienne de textile (CMT) de La-Tour-Koenig.
 
En fait, ils sont plusieurs parlementaires à avoir porté fièrement ces t-shirts, la semaine dernière, pensant en ce faisant soutenir la cause des femmes. Ils ont même posé pour le magazine de mode Elle, qui soutient cette campagne. Le t-shirt est vendu au profit de The Fawcett Society, un groupe d’activistes femmes.
 
«Comment est-ce que ce t-shirt peut être le symbole de lutte pour la femme alors que tel n’est pas le cas pour nous-mêmes ? Nous nous sentons prisonnières»,a pour sa part commenté une ouvrière de l’usine, interrogée par le journaliste britannique.
 
Accompagné d’un photographe, ce dernier a, du reste, rencontré le Managing Director de l’usine, François Woo. Et, dans son article, il soutient qu’il leur a fait faire une visite des lieux. Selon le journaliste, François Woo a affirmé que «tous les dortoirs sont identiques. Chaque chambre, à l’exemple des dortoirs universitaires en Chine, comporte 16 lits. Les ouvrières n’ont pas besoin de beaucoup d’espace car elles n’y font que dormir».
 
François Woo a confirmé que c’est son usine qui a fabriqué ces t-shirts à £ 9 l’unité. Il a aussi indiqué qu’il est «comme un parent pour ses employés. Ils sont libres d’aller et venir comme ils veulent. Mais je ne peux pas accepter qu’ils sortent tout le week-end. Ils reviendront travailler le lendemain mais ils seront encore saouls. Si ces ouvriers ne voulaient pas travailler pour nous, ils ne l’auraient pas fait. Personne ne les force à le faire. S’ils ont la chance d’obtenir mieux ailleurs, ils sont libres de partir», a ajouté le directeur de la CMT.
 
Du côté des ouvrières bangladaises, celles interrogées par le journaliste tiennent un autre langage. «C’est terrible mais nous n’avons pas le choix. La roupie mauricienne vaut trois fois plus que la monnaie de mon pays. Je suis là depuis quatre ans et je n’ai pas vu mon mari ni mon fils au Bangladesh. Je leur envoie tout l’argent que je reçois. Nous travaillons très dur, parfois 12 heures par jour», témoigne l’une d’elles âgée de 30 ans.
 
L’article du Mail on Sunday inclut également l’intervention de Fayzal Ally Beegun, président du Textile and Manufacturing & Allied Workers Union. «C’est terrible que des politiciens utilisent ces mêmes t-shirts pour revendiquer la lutte en faveur de la femme. Une ouvrière devrait travailler au moins deux semaines pour pouvoir se payer un seul de ces t-shirts. Elles n’ont rien, travaillent pour rien et n’ont aucune vie hormis le travail», relève-t-il. 
 
Selon le Mail on Sunday, suite à la publication de cet article, le détaillant aurait promis de mener une enquête urgente à son niveau.