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Dangereuse dérive policière

10 mai 2023, 08:26

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L ’arrestation hier de notre ex-collègue Harish Chundunsing par la Special Striking Team (SST) est un pas de plus vers un État policier. C’est la SST qui s’est sentie lésée par un post de Chundunsing sur Facebook (dans le sillage de l’arrestation de Vimen Sabapati) et, après avoir consigné une déposition dans ses propres cahiers, c’est l’équipe elle-même qui a débarqué chez l’internaute pour l’emmener aux Casernes centrales, avant de l’interroger et de l’arrêter elle-même ! Zot mem plégné, zot mem ankété é zot mem arété!

Le 1er mars dernier, j’avais aussi été personnellement témoin d’un abus policier, mais la SST n’était pas allée aussi loin. J’avais été convoqué au bureau de la Major Crime Investigation Team, aux Casernes centrales. Et j’avais failli être arrêté par les hommes du surintendant H. D. Ghoora du Central Criminal Investigation Department à la suite d’une plainte de l’ASP Ashik Jagai de la SST contre notre journal. L’article, qui aurait porté préjudice à l’image et à la réputation du patron de la SST, était intitulé : «Réseaux sociaux : allégations de lien entre l’ASP Jagai et Franklin.» Selon ce texte, non signé, paru dans l’express en date du mardi 10 janvier, cela faisait «deux jours qu’une vidéo, intitulée ‘akoz sa mem inn aret Bruneau !’, d’une durée d’environ sept minutes, circule sur la toile. Elle évoque un lien entre l’ASP Jagai et Jean Hubert Celerine et insinue que le haut gradé s’en est pris à Bruneau Laurette car ce dernier s’apprêtait à dénoncer certaines irrégularités.»

Notre article rappelait qu’Ashik Jagai, à la tête de la SST, avait procédé à l’arrestation de Laurette, le 4 novembre 2022, à St-Pierre, et que le haut gradé avait, antérieurement, été ciblé par l’activiste le 20 octobre 2022.

Lors de mon interrogatoire, qui n’était PAS censé être under warning, j’avais refusé de divulguer le nom du ou de la journaliste qui avait rédigé le texte en question. «Comme l’article n’est pas signé, je ne vais pas révéler le nom de l’auteur(e). Et comme directeur des publications, j’assume l’entière responsabilité de l’article en question», avais-je fait ressortir dans ma déposition.

Pour en revenir à cette vidéo qui avait fait le tour des réseaux sociaux, avec pratiquement 300 000 vues, l’auteur anonyme n’avait pas été inquiété alors que l’express, qui n’avait ni reproduit l’article «Allégations de lien entre l’ASP Jagai et Franklin» sur le web, encore moins diffusé la vidéo sur ses plateformes, était menacé de poursuite au pénal, voire d’arrestation. Alors même que c’est cette vidéo qui avait déclenché la «sortie du bois» de Franklin et toutes les révélations qui ont suivi, avec l’entrée en scène de l’ICAC, et des arrestations et saisie de 4X4 et berlines en série.

Chundunsing, qui travaillait chez nous dans le passé, a-t-il été arrêté hier parce qu’on croyait qu’il travaillait toujours à l’express ou à cause de son post contre la SST en tant que simple citoyen-internaute ?

Depuis trois ans, nous tirons la sonnette d’alarme que des policiers zélés, abusant de l’article 46 de l’ICTA, pourraient faire feu de tout bois à l’encontre de ceux qui posent des questions légitimes au nom de la liberté d’expression... Attention, hier, les policiers spéciaux ont franchi la ligne rouge, en prenant la loi entre leurs mains, car ils ne font même plus confiance aux autres unités de la police !