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Le foot, le strike, les mégajoules et l’ombre du Wakashio

18 décembre 2022, 09:07

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Le foot, le strike, les mégajoules et l’ombre du Wakashio

Ce qui me frappe vraiment dans cette Coupe du monde, au-delà des résultats «surprises» du tournoi qui font, après tout, partie intégrale de la glorieuse incertitude du sport, c’est combien les surprises sont plus nombreuses, mais surtout comment le football est avant tout méritocratique s’il veut réussir et, en conséquence, combien le football s’est métissé. 

En effet, parmi les surprises, l’Arabie saoudite a battu un des finalistes de cette année, l’Argentine (2-1), le Japon aura réussi le même score contre l’Allemagne pour ensuite se faire battre 1-0 par le Costa Rica. Le Maroc a battu les Belges, les Espagnols et les Portugais ! La Tunisie a battu la France et le Brésil s’est incliné face au Cameroun, ce qui compte pour sûr dans un Mondial, même si les favoris ‘reposaient’ quelques-uns de leurs meilleurs joueurs ce jour-là… 

Mettant de côté la part de la chance et celle des arbitrages douteux, le football, comme tous les sports d’équipe, se construit évidemment autour des meilleurs joueurs et des meilleurs chefs d’équipe et leur succès reposera ensuite sur la synergie qu’ils seront capables de générer entre eux et, peut-être encore plus crucialement, sur leur volonté de faire gagner, au-delà des individus de l’équipe ; un pays, un club, des fans ! 

Le parti politique local enraciné, quant à lui, à une exception près, privilégie la loyauté absolue bien plus que la compétence et, en plus, se trompe souvent largement de match, se focalisant sur le ‘profil’ des candidats qui aidera à gagner des élections, plutôt qu’à celui des compétences qui rendront plus crédible la gestion du pays ! On peut constater les résultats ! 

Finalement le métissage, conséquence de la recherche de ce qu’il y a de meilleur. 

Quand l’Angleterre gagnait sa seule Coupe du monde en 1966, 100 % de l’équipe étaient «de souche». Le plus exotique des Anglais était alors le portier remplaçant… Peter Bonetti. L’équipe de France de Juste Fontaine et de Raymond Kopa en 1958 paraît tout juste plus éclectique, sous un effet continental plus soutenu. Comparez avec les footballeurs de ces deux équipes qui sont au Qatar ! Si la Croatie, le Japon, le Ghana, le Maroc et d’autres restent très homogènes nationalement, comment ne pas noter l’hétérogénéité du Canada, des Pays-Bas, des États-Unis ou de l’Australie ! À signaler, finalement et parmi d’autres, Pedro Miguel, né Portugais et chrétien, qui joue pour le Qatar depuis sa naturalisation, Hervé Renard qui a dirigé l’équipe d’Arabie saoudite et Ousmane Dembélé qui joue pour Barcelone et la France. Tous choisis sur les seuls critères du mérite et d’un apport maximal. 

Si les supporters d’une équipe de football peuvent exiger les meilleurs, est-ce que les électeurs d’un pays ne devraient pas exiger au moins autant ? 

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Wayne Attock, chez qui la Striking Team a fait une descente fracassante le 17 novembre dernier, a retrouvé la liberté cette semaine contre une caution de Rs 100 000, mais aussi l’obligation de toujours rester joignable au téléphone et la servitude de se présenter au poste de police de sa localité… cinq fois par jour ! Je ne sais pas à quelle distance Attock se trouve du poste de police qui le concerne, mais c’est un sacré assujettissement et il faudrait peut-être lui prévoir un banc dédié au poste pour qu’il puisse, puisque sa Ford Raptor a été saisie, se reposer entre ses alléesvenues, à pied ? 

Wayne Attock est sous le coup d’une accusation provisoire de trafic de drogue. La police est sous le coup d’une accusation provisoire de ‘planting’. La pièce à conviction majeure de la police, c’est le colis de drogue, apparemment ‘planté’, contenant 78,8 grammes d’héroïne. La pièce à conviction d’Attock, c’est sa vidéo CCTV. Les pièces à conviction subsidiaires de la police (dûment saisies !) sont la Ford Raptor et des bijoux. Tous les petits entrepreneurs qui possèdent de tels avoirs, qu’ils élèvent des cochons ou pas, devraientils désormais craindre la perception provenant d’une SUV et de bijoux ? 

Si Attock est un bandit, il faut des preuves et si celles-ci sont avérées, il faut le mettre au frais. Mais en l’absence de preuves plus solides et devant le doute créé par la vidéo, est-il acceptable qu’autant de policiers fassent un ‘landing’ fracassant, menottent des suspects, saisissent leurs biens et les fassent passer un mois en prison pour en sortir sous caution, avec cinq visites quotidiennes à la police du quartier, impunément ? 

Il y a sûrement des choses à régler dans ces procédures effrayantes qui ne couvrent évidemment pas le seul cas Attock, mais qui opèrent dans bien trop de situations et qui bouleversent bien trop de vies injustement ? Le combat contre la mafia de la drogue est vital, mais sûrement pas à n’importe quel prix ! 

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On apprenait cette semaine que, pour la première fois jamais, une opération de fusion nucléaire, produisant plus d’énergie que celle consommée pour la produire, a eu lieu au laboratoire Lawrence Livermore, aux États-Unis. Reproduire la puissance du soleil dans un laboratoire a été un rêve pour nombre de scientifiques dans le passé car la fusion nucléaire promet théoriquement de l’énergie à profusion, sans pollution d’aucune sorte. Contrairement à la fission nucléaire qui produit, quant à elle, des déchets dangereux et encombrants. 

À l’intérieur du soleil et dans d’autres étoiles, la fusion nucléaire consiste en la combinaison d’atomes d’hydrogène pour produire continuellement de l’hélium, de la lumière et de la chaleur, une infime partie de la masse initiale étant détruite et convertie en énormément d’énergie. Le 5 décembre dernier à 1 h 03 du matin, 192 lasers se focalisaient simultanément sur un petit cylindre de la taille d’une gomme élastique contenant un petit bout d’hydrogène frigorifié et solide, fixé à l’intérieur d’un diamant. À la sortie, le petit miracle s’opère : les 2.05 mégajoules d’énergie utilisés par les lasers produisaient 3 mégajoules d’énergie ! Cependant, cette opération durait bien moins que la milliseconde et il reste évidemment des décades d’essais additionnels à aligner avant de pouvoir maîtriser la puissance solaire à l’intérieur d’une centrale commercialement viable. 

Quiconque a plus de 40 ans en lisant ces lignes ne verra probablement pas ces premières centrales de fusion nucléaire, mais mourra cependant avec le bonheur de savoir qu’après lui, on pourrait ne plus brûler ni charbon, ni pétrole, ni gaz… L’idée même que le règne des hydrocarbures, de leurs producteurs et de leurs exploitants sera arrivé à terme mérite déjà d’être célébrée. Mais remarquons qu’il faudra alors trouver autre chose à taxer que l’essence et le diesel ; les gouvernements qui fissionnent souvent n’étant, quant à eux, probablement pas de sitôt poussés à s’effacer au profit d’électorats fusionnels et autonomes… 

En passant, nous serions le pays le plus innovant d’Afrique et le 45ᵉ mondial, avant même la Russie (*). On la trouvera sûrement donc cette nouvelle taxe ? Car il y aura alors toujours la CSG à payer et les huit prochaines séries de promesses électorales l’auront sans doute gonflée à bloc ! 

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Le Yu Feng s’est échoué sur les récifs de St.-Brandon depuis 13 jours. Comme agents polluants, il y a du fréon dans les chambres froides, 78 tonnes de diesel dans les réservoirs et 50 tonnes d’appât et de poisson pourris dans la cale. De quoi faire un sacré FooYang non appétissant! Tout le monde s’en lave les mains : propriétaire, agent, assureur et apparemment même l’État mauricien, qui devrait pourtant, en bout de piste, prendre les choses en main. Le MS Barracuda a sauvé 22 marins. C’est bien ! Mais même 28 mois après le Wakashio, nous ne semblons pas avoir appris nos leçons, ni beaucoup amélioré notre réactivité. Je ne comprends pas pourquoi il faut attendre de voir une fissure dans la coque ou constater de l’huile partout avant d’employer un «salvage master». Le temps de réaction de nos décideurs s’est-il amélioré à ce point ? Prévenir n’est pas mieux que guérir ? Le plus cocasse de l’affaire c’est que les coast guards basés à l’île Raphaël, au nord de St.-Brandon, ont deux hors-bords Suzuki neufs, de 90 chevaux chacun, dont les hélices se sont cassées les dents sur les récifs ! Pas de pièces de rechange évidemment… Ainsi voguent les meilleures de nos bureaucraties !

(*) https://www.visualcapitalist.com/most-innovative-countries-2022/#:~:text=Switzerland%20ranks%20at%20the%20top,may%20come%20as%20a%20surprise.