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La fascination du voyage chez le Mauricien

17 décembre 2022, 10:06

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Pays n’ayant comme autochtones que des dodos, des tortues et des kestrel, Maurice a assisté depuis le 16e siècle à l’implantation d’humains venus de différents continents. Les ancêtres des Mauriciens ont bravé les furies des océans pour se retrouver dans une île qualifiée de paradisiaque. C’est dire que la fascination du voyage est implantée dans l’ADN de chaque Mauricien.

Ce n’est pas sans surprise donc que la possibilité d’un voyage à l’île de La Réunion comme évoquée par Navin Ramgoolam a créé le buzz et a pris au dépourvu l’armée des chatwas numériques qui défendent avec une efficacité indisputable la cause politique de Pravind Kumar Jugnauth (PKJ).

Le leader rouge a joué sur l’orientation extravertie des Mauriciens. Avant l’avènement des grands paquebots et des vols charter dans les années 1950, la possibilité de voyager à l’étranger n’était réservée qu’aux riches, à la grande bourgeoisie et aux grands commerçants et planteurs. Quelques années avant l’indépendance en 1968, le yen des Mauriciens de pouvoir se rendre à l’étranger de même que la situation économique désespérante dans le pays poussèrent un grand nombre de Mauriciens à partir vers l’Angleterre et la France. D’autre part, des citoyens du pays bien instruits et formés dans plusieurs domaines et craignant le désastre après l’indépendance partirent s’installer ailleurs, en Australie principalement mais aussi en Europe.

Le plus grand rêve des Mauriciens des classes défavorisées consistait à prendre place à l’intérieur d’un avion, d’atterrir en Europe, trouver un travail et fonder une famille avec une personne de souche locale. Pour des jeunes des villages surtout, le ‘nursing’ en GrandeBretagne ouvrait toutes grandes les portes du paradis.

L’envoûtement du voyage a fini par atteindre presque tous les Mauriciens. Sont donc bien malheureux ceux qui n’ont pas eu l’occasion de se retrouver à l’intérieur d’un avion, encore moins de découvrir d’autres cieux. Navin Ramgoolam a bien saisi l’ampleur de ce phénomène sociopsychologique quand il s’est engagé à donner l’occasion aux senior citizens qui n’ont jamais voyagé de se rendre à Rodrigues ou à l’île de La Réunion. Il faut dire qu’après la santé gratuite, l’abolition des fees dans l’éducation publique et le voyage gratuit pour les élèves et les Mauriciens âgés, l’establishment rouge vient de concevoir une formule qui fait du bruit.

Côté MSM, on s’est attaqué à la proposition Ramgoolam en affirmant que cela mettrait les finances publiques en banqueroute. Selon les défenseurs de la formule, le voyage des seniors qui n’ont jamais été aéroportés ne coûterait pas plus qu’un contrat typique de Covid-19 alloué dans les circonstances qu’on connaît.

Reste à savoir maintenant comment les éventuels partenaires des Travaillistes vont réagir suivant la proposition de Navin Ramgoolam. Ce dernier a aussi fait des commentaires controversés sur la langue créole. Si des signes de désaccord se produisent entre Travaillistes, MMM et PMSD, cela viendrait confirmer la thèse selon laquelle PKJ serait toujours Premier ministre sur la base des divisions chez ses adversaires. Après le désastre politique et électoral autour de la pension ciblée de Pravind Jugnauth sous le gouvernement MSM-MMM de 2000-2005, le MSM est devenu imbattable dans le servicing des senior citizens.

Après le coup ‘La Reyon Chalo’* de Navin Ramgoolam, attendons voir sous quelle forme la surenchère MSM se manifesterait-elle. Voyage gratuit en Asie ou en Europe ? Avec per diem en extra pour conserver le soutien de cette importante frange de la clientèle électorale du MSM ?

*Tout simplement «partons à La Réunion» en bhojpuri