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Le football a épuisé toutes ses chances

6 août 2021, 11:00

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La somme dépensée est colossale. Les ‘grants’ accordés aux clubs respectivement de la Super League, de la 1re et de la 2e division, s’élèvent à… Rs 71,1 millions sur les derniers quatre ans. S’y ajouteront Rs 15 millions supplémentaires ‘earmarked’ pour la prochaine campagne. A côté, la Mauritius Football Association (MFA) a bénéficié, entre la saison 2017/18 et 2019/20, d’un budget total de Rs 21 907 394. Ces informations ont été fournies par le ministre de l’Autonomisation des jeunes, des Sports et des Loisirs, Stephan Toussaint, à l’Assemblée nationale la semaine dernière.

Rs 93 millions donc en quatre ans. Rs 108 si on compte les Rs 15 millions qui seront offerts aux clubs prochainement. Si tous ces millions avaient contribué à faire progresser, ne serait-ce, qu’un tout petit peu notre football, ils auraient été justifiés. Mais là, nonobstant l’énorme investissement, on se retrouve avec… deux saisons successives inachevées, une prestation médiocre aux Jeux des îles de l’océan Indien 2019, tenus de surcroît sur notre sol, des clubs et des sélections nationales non compétitifs dans les tournois continentaux et une 48e place (sur 54 pays) au tableau africain, selon le dernier classement de la FIFA. Et ce n’est pas fini ; on a une MFA avec une administration honteuse ! Est-ce cette similitude avec le gouvernement dont il fait partie qui explique l’assistance, même si elle est parfois tacite, de Toussaint à l’organisation de Trianon ? Peut-être !

On aime le football et on aurait aussi aimé voir sa résurrection. Mais le fait est que ce souhait, malgré les années qui défilent, ne se réalise pas. Entre-temps, en prolongeant encore et encore le soutien au football, on pénalise d’autres disciplines et des sportifs ayant un fort potentiel. Par exemple, si l’Association mauricienne de boxe (AMB) avait bénéficié ne serait-ce que d’un tiers de la somme totale consacrée au football lors des quatre dernières années, il est permis de penser que nos boxeurs auraient eu droit à une meilleure préparation et seraient allés plus loin dans leur aventure olympique.

Au nom du football, des jeunes talents sont ainsi sacrifiés. A l’instar du judoka Winsley Gungaya. Considéré par les observateurs comme l’un des meilleurs combattants que l’île Maurice ait connus – compte tenu des aptitudes dont il dispose à seulement 18 ans – Winsley Gungay ne fait hélas que très rarement les compétitions. Faute de budget. Or, il aurait déjà dû se retrouver sur le circuit continental et mondial. Cela aurait aidé à son épanouissement et à le placer parmi les meilleurs mondiaux dans sa catégorie. Mais, les décideurs ont préféré miser sur le football, le mauvais cheval quoi ! Quel dommage ! Faudrait-il donc s’étonner quand le judoka, demain, échouera dès le 1er tour d’un tournoi, s’il ne laisse pas carrément tomber le judo avant ? On peut en citer plusieurs qui, comme Winsley Gungaya, sont les victimes collatérales de tout cet investissement infructueux dans le football.

Par ailleurs, honte au ministre Toussaint qui avait, dans un premier temps, refusé de payer les frais de quarantaine de quatre tireurs qui ont fait flotter haut notre quadricolore en Autriche lors de la Coupe du Monde assaut de boxe française savate. Il a fallu que cette injustice soit étalée au public pour qu’il revienne sur sa décision.

Arrivé un moment, il faudrait peut-être se dire que l’on a déjà donné toutes ses chances à notre football. Et qu’il faut désormais se concentrer ailleurs, là où on a vraiment des compétences…