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Lockdown Diary #11 : D’accord avec le confinement, mais pourquoi applaudir ?

31 mars 2020, 07:59

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D’emblée saluons l’extension du confinement jusqu’au 15 avril – qui est une mesure nécessaire – mais nous avons des réserves sur le reste de la prestation du PM, hier soir, face à une presse (aussi invisible que le virus), dont le nouveau porte-parole est… le Dr Zouberr Joomaye, candidat battu et conseiller «bénévole» au PMO.

Cela fait 11 jours aujourd’hui depuis que nous sommes confinés. Il est difficile de s’y habituer, mais il nous faut concéder et partant pousser dans la même direction : l’immunité collective demeure, sans aucun doute, la seule stratégie dont nous disposons puisqu’il n’y a ni traitement ni vaccin contre le pernicieux virus. Aussi, on ne sait toujours pas si on peut attraper le virus deux fois ! Et si le virus se mute, s’il revient avec une différente souche, alors là cela devient autrement plus compliqué…

On remercie Pravind Jugnauth d’avoir répondu à l’une ou deux des nombreuses questions de l’express sur le Covid-19. Dommage que ses conseillers lui ont dit de tenir une «conférence» de presse sans les journalistes, ou avec des questions filtrées par l’un de ceux qui ne font que le caresser, virtuellement, dans le sens du poil.

Il est rassurant de savoir, enfin, à la suite de notre question, que le Premier ministre s’est testé, et qu’il a été trouvé, contrairement à Boris Johnson ou à la femme de Justin Trudeau, négatif au Covid-test. Mais si nous étions sur place au PMO, dans une position de journaliste indépendant pouvant rebondir sur son discours aseptisé et ses débuts de réponse, on aurait, à coup sûr, insisté sur deux points essentiels. 1) En Europe, on parle du pic hospitalier dans une semaine, ou dans dix jours, et à Maurice, c’est prévu pour quand le pic (c’est-à-dire quand atteindra-t-on le summum de cas nécessitant une hospitalisation) ? 2) C’est lors de pic hospitalier qu’on aura besoin du maximum de lits de réanimation et de «ventilateurs» (ou respirateurs). Ce sont, à nos yeux, en cette fin de mars, les deux questions essentielles que l’on devrait se poser alors que l’on soigne notre stratégie nationale : répétons-les donc : a) c’est quand le pic et b) à combien estime-t-on alors le nombre en traitement en mode simultané ? D’où l’importance de connaître le nombre exact de respirateurs… en marche, pas en panne, disponibles sur le territoire mauricien ! Si les autorités ont toujours esquivé la question, notre enquête nous apprend qu’on a, tenez-vous bien, moins de 150 respirateurs artificiels. Comment ferat- on alors quand viendra le pic, puisque nous n’avons pas de géant automobile comme Ford aux États-Unis ?

Notre métier ne consiste pas à faire de la com à la Joomaye, mais de procéder à la vérification des faits, surtout si les autorités ne veulent pas jouer le jeu de la transparence, pourtant si vitale dans toute gestion de crise – ou de catastrophe – sanitaire.

Et puis ces applaudissements à la fin de la «conférence de presse» alors que nous avons notre 3e mort sur 128 cas… soit presque autant que le nombre de respirateurs artificiels ! D’autant que les bread and butter issues ne sont pas tout à fait réglés.

Franchement ! N’est-ce pas déplacé ?