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Tassarajen Pillay Chedumbrum : «On a créé une fausse panique autour de cette nouvelle carte nationale d’identité»

11 octobre 2013, 12:28

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Tassarajen Pillay Chedumbrum : «On a créé une fausse panique autour de cette nouvelle carte nationale d’identité»

Carte de pension, permis de conduire, «bus pass», carte de santé... Le ministre de la Technologie de l’information et de la communication (TIC), Tassarajen Pillay Chedumbrum explique que la nouvelle carte nationale d’identité, contiendra bientôt toutes ces informations. Celle-ci a été introduite le 1er octobre et, depuis, plus de 8 000 inscriptions ont été enregistrées. Le ministre tente de rassurer le public et explique les avantages qu’offre cette carte identité. Il a également tenu à répondre à ses détracteurs.

 

 

Cela fait une dizaine de jours que l’exercice de conversion de la carte identité a débuté. Quel est votre bilan ?

Le bilan est très positif. Je constate que depuis le 1er octobre, il y a un réel engouement de la part des membres du public. Nous avons même reçu des requêtes pour l’installation d’autres centres de conversion (NdlR, il y a dix centres de conversion de la Mauritius National IdentityCard). Ce qui démontre que le public a décidé d’accepter la nouvelle carte et cela, malgré la campagne de dénigrement qu’il y a en ce moment.

 

 

Ceux âgés entre 18 et 22 ans sont les premiers à obtenir la nouvelle carte. Y a-t-il le même engouement chez eux ?

Il y a des craintes parmi ceux que j’ai rencontrés. L’objectif de la carte d’identité est de sécuriser vos données personnelles et non le contraire. Personne ne pourra se faire passer pour vous. Surtout grâce aux données biométriques. Lorsque vous prenez de l’emploi dans une entreprise, vous acceptez de «clockin» avec votre empreinte digitale et vous le faites aussi lorsque vous voyagez. Alors pourquoi refuser de le faire pour les besoins de la carte ? Il y a beaucoup de démagogie pour dissuader ces jeunes d’aller prendre leurs cartes. L’empreinte sera utilisée comme une contre-vérification et non pas pour tous les services.

 

 

À vous entendre, la nouvelle carte sera plus qu’une simple pièce d’identification. Quels sont les services qui y seront attachés ?

Il faut attendre que l’exercice de remplacement soit finalisé pour passer à l’autre étape. Cette dernière consistera à ajouter d’autres informations sur la carte d’identité comme celles de la carte de pension, du buspass, du permis de conduire et même plus tard, de la carte de santé. De plus, mon ministère a travaillé sur l’élaboration de plus de 50 e-services où le public pourra utiliser la carte. Mais il faut être patient, car les ministères concernés doivent être dotés des infrastructures requises afin de pouvoir offrir ces services.

 

 

Vous avez annoncé mercredi la possibilité d’obtenir son acte de naissance dans les bureaux de poste. Comment cela va-t-il fonctionner ?

Plus besoin de se déplacer au bureau de l’état civil pour attendre de longues heures avant d’avoir ce document précieux. Il suffira bientôt, avec sa nouvelle carte, de se présenter à un comptoir équipé d’un lecteur pour avoir son acte de naissance. Celui-ci déjà inscrit dans la puce de la carte permettra d’imprimer le document dans des bureaux de poste. N’est-ce pas une innovation ?

 

 

Qu’en est-il des services hospitaliers, qui peinent à informatiser leur système pour le dossier des patients ? La carte d’identité sera-t-elle un élément clé ?

On voulait insérer des informations médicales telles que le groupe sanguin et les allergies de l’individu, mais nous avons misé sur les priorités. Ces informations seront peutêtre introduites plus tard grâce à l’E-Health. Ce système sera introduit par mon ministère et celui de la Santé dans un proche avenir. Ainsi, la base de données des patients sera informatisée. Car souvent, on constate que des dossiers en papier se perdent. Avec l’E-Health, les hôpitaux et les médecins auront un medical record informatisé. La carte, elle, pourra être utile si, lorsqu’il est admis, le patient est incapable de dire quel est son groupe sanguin ou de quelle condition il souffre.

 

 

Un calendrier par tranches d’âge a été préétabli. Qu’adviendra- t-il si on rate l’exercice en cours ?

Le calendrier préétabli permet aux personnes de s’enregistrer dans les dix centres. On voulait éviter les longues files d’attente. Toutefois, si à la fin de l’exercice vous n’êtes toujours pas enregistré, vous avez jusqu’au 15 septembre 2014 pour le faire. Au cas contraire, cela sera considéré comme une offense. Les actions en justice n’y changeront rien.

 

 

Vous évoquez une certaine réticence des membres du public concernant les données biométriques. Comment pouvez-vous les rassurer ?

Comment pouvez-vous donner plus de détails personnels sans aucune sécurité sur Facebook et avoir des craintes pour fournir des données biométriques ? Il faut savoir ce qu’on veut et si on fait confiance aux institutions ou pas. Avec la nouvelle carte identité, plus besoin d’avoir une dizaine de documents pour des démarches administratives. L’exercice se déroule en toute transparence. Il n’y aura plus d’usurpation d’identité. La base de données actuelle est pourrie. Il y a eu trop de tampering.

 

 

Cela n’ouvrira-t-il pas la voie à plus de «tampering» avec ces informations sensibles ?

Grâce à la nouvelle carte, notre base de données va mettre fin à toutes ces fraudes. Et par la même occasion sécuriser son identité. Personne ne pourra «tamper». Il n’y aura aucune fausse identité. Certains parlent de fiche de la police avec des empreintes digitales. Mais la police n’a pas besoin de ces informations. Avec la technologie, il y a mille et une façons de vous identifier.

 

 

Les opposants se demandent si cette nouvelle carte d’identité est vraiment nécessaire alors que nous en avons déjà une. Que leur répondez-vous ?

Dans notre programme gouvernemental, il est mentionné qu’on doit avoir une nouvelle carte d’identité. Il était temps de remplacer la carte actuelle qui existe depuis 26 ans alors que la validité d’un tel document est de dix ans. L’ancienne carte n’était qu’un document de vérification. Or, avec la nouvelle, on va rattraper 16 ans de retard et cela nous permettra d’avoir une base de données plus sécurisée. Vous rendez-vous compte du nombre de fraudes commises au sein de la sécurité sociale ? Certaines personnes sont décédées depuis quinze ans et leur pension est toujours touchée à la fin du mois. Il y a également des cas d’usurpation d’identité pour les bus pass des personnes du troisième âge. De même que des terrains mal acquis avec des cartes falsifiées. Et surtout, il y a eu des cas d’usurpation d’identité lors des élections.

 

 

Tout de même, pour un budget de Rs 1,5 milliard ?

Je dois dire que le projet coûtera moins, soit autour de Rs 1, 1 milliard. Mais je vous rappelle que c’est l’ancien ministre des Finances Pravind Jugnauth qui avait prévu Rs 1,5 milliard en 2010. Et aujourd’hui, il va en Cour suprême contester la nouvelle carte d’identité. Alors qu’il a soutenu le programme du gouvernement et présenté un budget avec cet item.

 

 

Que pensez-vous de la controverse autour de cette nouvelle carte ?

Tout le monde est devenu un expert en carte identité ces derniers temps. On essaye de vous faire peur. Le leader du MSM, lui, annonce qu’il mettra un main case avant le 15 septembre. Mais lors de sa demande d’injonction, celle-ci a été setaside et il annonce une grande victoire. Mais est-ce qu’il s’entend ? Nous sommes en train de tout reprendre à zéro avec cette base de données. Ce n’est pas logique que la Santé, l’état civil ou autre service du gouvernement a des informations différentes sur une même personne. On veut harmoniser le système du gouvernement où vous avez une carte avec vos informations sécurisées. Il sera difficile de pirater la carte à puce. Même si demain je veux avoir des informations sur vous, ce serait impossible. On crée une fausse panique autour de cette carte. Qui sort gagnant selon vous ? C’est Pravind Jugnauth. Il fait de la politique avec son action.