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Nouveau regard sur les castes à Maurice

5 février 2008, 00:00

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Castes in Mauritius ? The future of Indians and Hinduism, le premier livre d?Atma Doolooa, sera officiellement lancé au cours de ce mois. C?est avant tout un ouvrage de référence destiné au grand public, surtout à la future génération de politiciens appelés à diriger la société démocratique de demain.. Il traite d?un sujet tabou, les castes chez les Hindous à Maurice, et remonte jusqu?à l?immigration indienne et le peuplement de l?Inde.

«La confusion chez certains Hindous au sujet de leur identité culturelle et religieuse et ma romance avec la politique m?ont poussé à entreprendre des recherches pendant cinq ans et de rassembler toutes les informations dans ce livre», confie cet auteur de Centre-de-Flacq.

Il dédie cet ouvrage à la mémoire de son défunt père, Bissoon Doolooa, petit-fils de Shree Doolooa, originaire du Bihar, arrivé à Maurice en 1856. «Mon arrière-grand-père est devenu travailleur engagé à l?âge de 16 ans. Il était tanneur sur les propriétés de Constance Manes dans le district de Flacq. Il réparait les rênes et autres accessoires pour chevaux», raconte-t-il.

<B>5 400 castes en Inde</B>

Pour lui, il n?y a pas de petites et grandes castes, mais que des hommes et des femmes sur la terre. «Dans ce monde, dire la vérité est un sacrilège. L?hypocrisie est telle que très peu de gens osent aborder le sujet de castes sans complexe ni préjudice».

Ses recherches l?ont conduit non seulement en Inde, mais dans d?autres pays, dont l?Allemagne au musée de la peau à Francfort. Il a recensé 5 400 castes en Inde. «A l?époque de l?invasion des Aryans, venus d?Europe, les Hindous qui travaillaient avec la peau animale dans des tanneries ou qui s?adonnaient à d?autres activités polluantes, ont été attribués l?étiquette d?«intouchables», la plus cruelle injustice de l?humanité. Plus tard le Mahatma Gandhi leur a donné le nom de Harijans (enfants de Dieu).»

Atma Doolooa affirme qu?il n?y a pas de vaish à Maurice, mais des sudra (associés aux métiers d?artisans et de serviteurs), le quatrième groupe de castes dans la hiérarchie de la société hindoue après les brahmanes (prêtres et enseignants), les ksatriya (rois et guerriers) et les vaisya (marchands et agriculteurs).

Selon l?auteur, le regroupement des Hindous comme vaish visait à les hausser dans la hiérarchie des castes. «Cétait une astuce électoraliste d?une certaine personne après l?indépendance. Il a bénéficié de la bénédiction des leaders de l?époque», précise Atma Doolooa.

«Post-independent Mauritius has undergone an upward socio-economic mobility and those castes clubbed at the bottom among the Scheduled Castes in India like the Cahars, Lohars, Tellis, Nonias, Bhuiyas, Bangalis, Doms, Musahars and Junglees and others have upgraded their ways into the caste of Vaishyas(?) whereas the Chamars, Dhobis and Dausadhs have not only remained at the bottom of the ladder but continue to be dispised by their likes and sundry inspite of the fact that a significant number of the first-generation coolies had choosen women not only from the Chamars and Dausadhs but also taken liberated African slave women as partners?, écrit l?auteur.

<B>Une immigration des hommes</B>

«L?immigration indienne est une immigration d?hommes et non de femmes (1 %). Quand le pouvoir colonial découvre qu?il y a un problème logique, il se tourne vers l?agent recruteur pour faire venir des femmes de la Grande-Péninsule. Ce dernier se heurte au refus des familles indiennes d?envoyer leurs filles dans un endroit inconnu. Il se tourne donc vers d?autres femmes de Calcutta. L?immigration indienne a aussi coïncidé avec l?abolition de l?esclavage. Etant donné que la proportion d?hommes était plus élevée que celle des femmes, des immigrants indiens se mariaient non pas avec des coolies, mais des descendantes d?esclaves. Aujourd?hui, nous avons des chrétiens portant des noms hindous », explique-t-il.

«Indians in Mauritius were not part of the Indian society with interdependent occupational castes organised on a village level. They formed the labouring section of the colonial society with a plantation economy and culture, which was dominantly French. Under such conditions, it was impossible to maintain caste structure in the same form and shape as found in India. The Indian Immigrants were subject to strict laws concerning their indenture and their movement throughout the island. It was highly regulated with a vagrant depot at Port-Louis for those who contravened and erred. There was no village or caste ?panchayats?.

Dans de telles conditions, l?auteur se demande qui sont ceux qui sont devenus des brahmanes, des ksatriya, des ravived, des rajput ou des vaisya.

L?auteur attribue aux Aryans venus d?Europe l?instauration du système de castes en Inde, après de multiples invasions de l?Inde des milliers d?années de cela. La couleur de la peau a aussi joué un rôle majeur dans l?attribution des castes dans la Grande Péninsule.

Les Aryans se proclamaient dépositaires de la connaissance et des enseignements et s?appelaient brahmanes. Les paysans et artisans de la société engagés dans les métiers de forgeron et de tanneur, des artistes et musiciens jouant d?instruments comme le tabla deviennent des sudra, le quatrième groupe de castes auquel appartient la majorité des Hindous de Maurice.

«In the course of time, this division of labour degenerated and there evolved another class of people called ?Achuts?, the untouchables now also known as Dalits, comprising those engaged in polluting activities and also offsprings from the intimate relations between the Aryans and local women. In deciding and assigning the castes of the population, the shrewd Aryans were guided by the factor of colour of skin and the nature of occupation?, met en exergue l?auteur.

Sous le chapitre des non-Hindous, l?auteur soutient que religieusement, tous ceux qui n?appartiennent pas aux quatre groupes de castes sont des intouchables. «It means all foreigners and non-Hindus are considered untouchables. However, in reality, neither all foreigners nor all non-Hindus were treated as untouchables. Foreigners and non-Hindus were treated differently in different parts of India. The invading foreigners were assimilated with Hinduism and integrated in the upper level of the Hindu hierarchy».

Atma Doolooa fait une analyse des elections de 2005 et de la coalition du MSM des Jugnauth avec le MMM. Il révèle les petites confidences que lui ont été faites par Paul Bérenger, Anerood Jugnauth et Navin Ramgoolam. «Bérenger has been blamed for dividing the Mauritians society and further balkanising the Indians community on the basis of caste, language and religion. This may not be a fair allegation because the Indians are born divided, horizontally, vertically, low and high in the hierarchy, brown, black and white in complexion. The Tamils, some of them, claim that they are not Hindus, removing the word Hindu from their registers of the Tamil federation. The Hindi-speaking profess either Sanatan or Vedic philosophy, clubbed in various federal and cast associations, with dagger drawn with each other.»

Castes in Mauritius ? The future of Indians and Hinduism est vendu à Rs 2 000 l?exemplaire. L?ouvrage est publié par Maharani Ltd de Centre-de-Flacq. L?impression est de Star Publication Pvt Ltd de New-Delhi.

PORTRAIT

<B>De gradué chômeur à la scène politique</B>

Détenteur d?un BA en économie, sociologie et sciences politiques de l?Université Indore, en Inde, Atma Doolooa lance, à son retour au pays en 1980 le Mouvement Gradués Chômeurs pour protester contre le fort taux du chômage. Il entame même une grève de la faim de 13 jours en compagnie d?autres collègues. Par la suite, il fera partie d?une délégation ministérielle en Afrique et réussit à trouver 300 emplois d?enseignants pour les gradués chômeurs au Zimbabwe.

Candidat battu sous la bannière du MMM à Flacq-Bon-Accueil aux élections de 1983 et 1987, il lancera sa propre usine de prêt-à-porter qu?il dirigera pendant dix ans.

Atma Doolooa a aussi servi comme président de la State Trading Corporation (STC) et membre de la Local Service Commission. En avril 2005, il démissionne de son poste de conseiller au ministère du Commerce et des coopératives après un sérieux désaccord avec les leaders politiques à la veille des élections générales de 2005.

Le 4 août 2006, il forme le Mouvemnt Travailleur Mauricien (MTM), dont il est le leader. Il est actuellement président fondateur du «Ambedkar Memorial Research Action Trust», qui a pour objectif la création d?un centre culturel et de recherches pour la communauté indienne défavorisée.