Le salaire des députés de la Transition, évalué à plus de 600 millions d''''ariary, a été braqué par une escouade de bandits armés, mercredi  vers 14h00, à Tsimbazaza, près du ministère du Tourisme et de l''artisanat.

À peine une heure et demie après le forfait, le Groupe d''intervention rapide (GIR) de la police nationale, rattaché au corps urbain d''Antananarivo, a mis la main sur une partie du butin.  En effet,  les bandits avaient changé de véhicule, abandonnant  un 4x4 près d''une église protestante à Volosarika Ambanidia. En  fouillant cette voiture, les policiers dépêchés sur place ont découvert 21 briques d''argent, contenant chacune 10 paquets, avec des coupures de 5 000 ariary. Au total, 105 millions d''ariary ont été retrouvés, explique le commissaire Tony Razatovo, commandant du corps urbain d''Antananarivo.

Le 4x4 Hyundai vert dans lequel l''argent a été découvert est un véhicule du Congrès de la transition. Les malfaiteurs l''ont subtilisé avec le salaire des membres du Congrès de transition ( CT). Sous la menace d''une arme à feu, ses trois occupants, dont un chauffeur, un planton et un caissier, ont été jetés dehors.

Pendant l''attaque, les malfaiteurs avaient utilisé un deuxième Hyundai Galloper, de couleur grise. À bord de leur véhicule, ils avaient attendu de pied-ferme le passage du 4x4 vert du Congrès de la transition ayant servi à transporter l''argent à la trésorerie.

« Les voleurs nous ont tendu un guet-apens. Après avoir bloqué la route avec leur tout-terrain, ils ont surgi de toutes parts. Arme au poing, l''un d''eux m''a pris par le col. Ils nous ont ensuite intimé l''ordre de descendre », rapporte Olivier, chauffeur du véhicule  du CT. Après coup, les deux 4x4 ont été aperçus roulant à tombeau ouvert en direction de Manakambahiny. En fin d''après-midi vers 16 heures, la police a retrouvé le Galloper gris de la bande. Interrogés sur ce qui s''était passé, les commerçants et les agents de sécurité qui se trouvaient aux abords de l''endroit où la bande a tendu son guet-apens affirment pour leur part n''avoir rien remarqué de suspect.

Le braquage de la voiture censée transporter la paie à la Chambre basse tombe mal, au moment où la tension politique risque de monter d''un cran à Tsimbazaza dans les prochains jours. Les responsables au Congrès se font discrets. Personne n''a voulu commenter ou apporter des éléments de réponse sur les tenants et aboutissants de l''attaque à main armée, trahissant une certaine gêne devant la situation.

Au contraire, c''est l''Exécutif qui est le premier à réagir d''une manière officielle sur l''affaire. « Le gouvernement d''Union nationale annonce l''octroi d''une prime pour ceux qui donnent des informations fiables sur le braquage », annonce le communiqué au nom de Harry Laurent Rahajason, ministre de la Communication, en tant que porte-parole du gouvernement.

L''incident intervient à quelques jours de l''ouverture d''une session extraordinaire du Parlement, à partir de lundi. Il n''apporte pas d''apaisement à une ambiance qui s''annonce déjà animée. Le gouvernement propose l''examen des plusieurs textes dont l''épineux projet de loi relatif à l''amnistie et laisse entendre la possibilité de choisir la voie de l''ordonnance en cas de non-adoption de ceux-ci.

Par ailleurs, des membres de la Chambre basse, regroupés dans la « Cellule de crise », réclament la mise en place d''une commission d''enquête. Une structure officielle qui leur permettrait d''agir pour faire la lumière sur le trafic de bois de rose, notamment dans la recherche des « gros bonnets », selon l''explication des initiateurs du mouvement. Un projet qui risque de provoquer un vif débat à Tsimbazaza.

Photo : Le chauffeur du véhicule, censé avoir transporté l’argent, raconte sa mésaventure.


L’Express de Madagascar, 21 juillet 2011.