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Législatives : razzia du Tim dans l?indifférence

27 septembre 2007, 00:00

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Le fort taux d?abstention et la victoire du Tiako i Madagasikara (Tim) constituent les deux points de la tendance des législatives du 23 septembre. Les résultats partiels et provisoires du ministère de l?Intérieur le confirment, embarrassant la classe politique. Aimé Rakotondrajaona et Joseph Rakotomazava, candidats du Tim à Antananarivo II, ont obtenu 50 % des suffrages exprimés, selon les résultats du ministère de l?Intérieur. Mais comparé au nombre total des inscrits, le score des deux futurs députés correspond en fait à 10,74 % des électeurs, soit 1 878 votants sur les 17 480 inscrits.

La situation des deux futurs députés d?Antananarivo II est loin d?être un cas isolé, au vu de la tendance actuelle. Même les ministres élus sont concernés. Le comportement des électeurs risque de peser sur la légitimité et les actions des futurs parlementaires.

Les dirigeants des états-majors politiques, toutes tendances confondues, n?étaient pas joignables, pour donner leur avis sur le sujet. C?est, entre autres, le cas de Solofonantenaina Razoarimihaja, président du Tim. Il en est également des quelques têtes pensantes du Cercle de réflexion sur Tanindrazantsika i Madagasikara et de quelques candidats de l?alliance de l?opposition, comme Maurice Beranto, son porte-parole .

Pour sa part, Charles Rabemananjara, Premier ministre et ministre de l?Intérieur, n?a pas attendu longtemps pour monter au front. ?Le taux de participation aux élections législatives ne constitue pas un obstacle au développement?, a-t-il fait remarquer, avant-hier, dans le but de minimiser l?impact sur les résultats.

Le chef du gouvernement a également rejeté toute idée de désaveu public de la politique étatique derrière le taux d?abstention élevé. ?Il faut aller sur le terrain pour constater développement de leur région par l?intermédiaire du Plan d?actions pour Madagascar (Map)?, ajoute-t-il, dissociant les résultats des législatives à la mobilisation autour du Map.

Le chef du gouvernement essaie de donner une autre lecture au taux d?abstention. ?Il ne faut pas regarder les résultats au niveau national. C?est une élection de proximité et il faut les apprécier au niveau des régions et des districts, soutient-il. Il faut attendre encore pour avoir une idée précise de la tendance?, déclare-t-il également pour prévenir toute conclusion hâtive.

L?aile réformatrice du Tim en difficulté

Seul le camp de ceux qui ont prôné l?abstention, interprète les résultats comme un signal d?alarme tiré par les électeurs. ?Les résultats du scrutin confirment que la population ne cautionne pas le régime?, tient à remarquer le sénateur Lucien Andrianirina du parti Avant-garde pour la rénovation malgache, proche de l?ancien président Didier Ratsiraka.

Le parlementaire de l?ancien parti au pouvoir lance une pique contre les candidats de l?opposition. ?Si tout le monde a refusé de participer au scrutin, le Tim n?aurait obtenu que 19 % des voix. Maintenant, il faut réfléchir ensemble sur les moyens d?arriver à une véritable réconciliation, la seule issue possible pour notre salut?, propose-t-il. Aucun candidat du Cercle de réflexion sur Tanindrazantsika i Madagasikara (Crtim), l?aile réformatrice du Tim, n?est en position de gagner les élections législatives du 23 septembre.

Jean Théodore Ranjivason, un des hommes forts du mouvement, est battu à Antananarivo II, du moins selon les résultats provisoires publié par le ministère de l?Intérieur. Une quarantaine d?autres candidats, soutenus par le courant réformateur du Tim, semblent être également dans le même cas que l?ancien ministre.

Tels Jaosoa Jean Pascal à Sambava et Ali à Ambanja. C'est également la situation vécue par Zafindrapaoly à Antalaha et Auguste Ramaromisy à Vohémar.

Iloniaina ALAIN <I>© L?Express de Madagascar</I>

L?abstention vole la vedette, l?électorat en proie à la désillusion

■ L'un des premiers enseignements des élections législatives du 23 septembre c?est que le faible taux de participation risque de rogner la légitimité des députés. Les chiffres obtenus après les premiers dépouillements sont implacables. Dans la capitale, le taux d?absention avoisine les 80 %.

D?Anatiazo, en passant par Andranomanalina, Ankadinandriana ou encore Vasacoss, la tendance était sensiblement la même. Et dans certains bureaux de vote, à l?instar de celui d?Andavamamba, l?absention était encore plus grave. Elle a frôlé les 90 %. Même cas de figure en dehors d?Antananarivo renivohitra. Dans un des bureaux de vote d?Avaradrano, le taux d?abstention a atteint les 82 %.

Même constat en provinces, selon les premiers résultats provisoires de quelques bureaux de vote. A Ambilobe plus de sept électeurs sur dix ne se sont pas déplacés. La tendance s?est très vite dessinée le jour du scrutin. A midi, au lycée Faravohitra, 173 électeurs seulement sur les 1200 inscrits avaient voté. Mais à cette heure, ce lent mouvement n?inquiétait nullement William Rakoto Mahefarinoro, chef de quartier à Faravohitra. Il le trouvait ?normal? et restait optimiste. Mais les chiffres recueillis en fin de journée semblaient ne pas lui donner raison. L?inertie de l'électorat sautait aux yeux. Le président Marc Ravalomanana avait même lancé un appel aux électeurs, à sa sortie du bureau de vote à Faravohitra. ?J'exhorte la population qui jouit du droit de vote à aller voter». L?appel n?a cependant pas eu l?effet escompté.

Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer le comportement des électeurs. Notamment la désillusion. L?électorat ne semble pas accorder de l?importance au scrutin. ?Auparavant, j?ai toujours voté. Mais je n?ai constaté aucun changement dans ma vie personelle et dans les affaires nationales. Et j?ai décidé de ne participer à aucun scrutin jusqu'à ce que les choses s?améliorent dans ma vie professionnelle et familiale?, soutient Richard R. un chauffeur de taxi.

L?opposition de son côté, à l?instar du Malagasy tonga saina (MTS) de Roland Ratsiraka, rejette la responsabilité de la situation actuelle sur l'administration. ?A Toamasina, des bureaux de vote ont été déplacés. Des électeurs mal informés et qui auraient pu voter pour nous sont rentrés bredouilles. Des gens n?ont également pas pu voter car ils n?ont pas obtenu leur carte électorale. Ils sont pourtant inscrits sur la liste électorale, mais n?ont pas obtenu leur carte d?électeur?, a déploré un membre de l?état-major du MTS. Les futurs députés, quelle que soit l?issue du scrutin, risquent d?être mal élus et d?avoir du mal à justifier leur légitimité.

Le Tim, qui vise la majorité, pourrait également se retrouver dans une situation identique à celle de 2002. Le parti présidentiel avait alors obtenu la majorité des sièges avec seulement un million six cent mille voix contre deux millions quatre cent mille pour l?ensemble des autres candidats.