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Le cercle de solidarité s’agrandit autour des journalistes du groupe La Sentinelle

30 mai 2010, 00:00

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Le cercle de solidarité s’agrandit autour des journalistes du groupe La Sentinelle

Le boycott des journalistes du Groupe La Sentinelle par le ministre des Finances, connaîtra des développements bientôt. Des procédures légales seront enclenchées. Entre temps les voix continuent à s’élever pour protester contre l’arbitraire.
 
Le groupe de presse La Sentinelle se prépare à réagir contre l’arbitraire. Les procédures légales ont déjà été engagées pour contrer la décision du ministre des Finances, d’interdire l’accès aux journalistes de L’Express, 5+ et de Radio One à une conférence de presse, qu’il tenait à la Government House le jeudi 27 mai. Il parlait d’un fond d’investissement dans lequel les fonctionnaires détiennent des actions.

D’autres initiatives venant de la direction de L a Sentinelle sont à prévoir. «La Sentinelle a une stratégie qu’elle dévoilera en temps et lieu. Nous agirons pour la démocratie et on fera tout pour que nos journalistes puissent faire leur travail», déclare Denis Ithier, Directeur général du groupe de presse.

Par ailleurs, Le cercle de solidarité autour des journalistes boycottés s’agrandit, jour après jour. D’autres voix autorisées sont venues s’ajouter au concert d’indignation qu’a suscité l’acte arbitraire du ministre des Finances. Journalistes, juristes, universitaires et politiques ne mâchent pas leurs mots pour condamner l’entrave faite aux journalistes du groupe La Sentinelle dans l’exercice de leurs fonsctions.

Tous ceux, qui se prononcent, qualifient l’acte du ministre des Finances «d’atteinte à la démocratie.» Jean Maurice Labour, Vicaire Général du Diocèse de Port-Louis, qui à un moment dirigeait l’hebdomadaire la Vie catholique, condamne, en des termes très fermes, la décision de Pravind Jugnauth de boycotter les journalistes de La Sentinelle.

«Le boycott des journalistes de la Sentinelle par le ministre des Finances est une atteinte dangereuse à la liberté d’expression. C’est le genre de culture adoptée par des dirigeants pour museler les voix opposantes », déclare Jean-Maurice Labour.

Le Vicaire-général du diocèse catholique ajoute que « C’est une manœuvre qui va en l’encontre de la Constitution. Je crains qu’il y ait un profond désir d’éliminer toute voix divergente, alors que nous sommes dans une démocratie. C’est une dérive dictatoriale au sein de notre démocratie.»
 Me Ashok Radhakissoon, ancien président de l’Independent Broadcasting Authority, dénonce également une atteinte à la démocratie. Il est d’avis que Pravind Jugnauth aurait agi à l’encontre de l’esprit de la Constitution en interdisant à des journalistes d’assister à sa conférence de presse.

« Le ministre des Finances assume des fonctions d’Etat. Il s’adressait à des journalistes d’une question d’intérêt public et d’importance nationale, dans son ministère qui est un lieu public. Il ne peut exercer une discrimination et empêcher à certains d’entre eux de faire leur devoir qui est d’informer la population sur des sujets d’intérêt public », déclare l’avocat.

Me Radhakissoon ajoute qu’à son avis, il y aurait eu manquement par rapport à des dispositions constitutionnelles. Il estime que « c’est à la Cour suprême, gardien de notre Constitution de se prononcer».

Christina Chan Meetoo, chargé de cours en communication à l’Université de Maurice se dit, pour sa part, choquée par le traitement infligé aux journalistes. «Je trouve cela choquant. C’est une atteinte à la liberté de la presse et je trouve qu’on est allé trop loin », dit-elle.

L’universitaire estime qu’un élu ne peut agir comme le fait le ministre des Finances. « Ces actes de boycott sont compréhensibles en période de campagne électorale, même si je ne les approuve pas. Mais, on n’est plus en campagne et aujourd’hui Pravind Jugnauth est un ministre de la République de Maurice. C’est inacceptable qu’il agisse de la sorte.»
De son côté, Lindsey Collen du parti Lalit rappelle que dans une démocratie les autorités doiventy plutôt aider la presse au lie de la boycotter. «L’Etat se doit d’être juste avec toute la presse et même s’il n’est pas d’accord avec le contenu de certains journaux. L’Etat doit aussi avoir du respect pour la presse, car les Mauriciens ont le droit d’avoir accès à l’information. Le Gouvernement doit soutenir la presse au lieu de la boycotter. »
La militante de Lalit estime aussi « qu’ll faut instaurer des directives aux corps paraétatiques en ce qui concerne l’attribution des publicités, des abonnements aux divers journaux.»

Les citoyens, eux, continuent d’apporter leur soutien aux journalistes du groupe La Sentinelle. Ils sont nombreux à témoigner de leur solidarité lors des émissions sur les ondes des radios privées.

Sur le site web de lexpress.mu, c’est le même élan de solidarité. Les articles traitant de la question du boycott de La Sentinelle attirenty plusieurs dizaines de commentaires par jour.

Ces voix viennent s’ajouter à d’autres qui s’étaient déjà prononcées. Ainsi, la direction du journal le Mauricien avait condamné l’acte du gouvernent dès vendredi.
Subash Gobine, éditorialiste du Défi Plus, s’est aussi exprimé sur le sujet dans les colonnes de son journal, le samedi 29 mai. «Ceux qui ont pris la décision de boycotter l’Express ont sans doute pris le risque d’être accusé de liberticides(…)», écrit-il.
Henri Marimootoo, ancien président de l’Association des journalistes de Maurice a, dans une lettre ouverte, dénoncé l’arbitraire des autorités et témoigné de sa totale solidarité avec « les collègues de La Sentinelle »

Plusieurs juristes, à l’instar de Mes Robert Ahnee, Siddartha Hawoldar, Jean-Claude Bibi et Raouf Gulbul, se sont également exprimés sur la question dans l’express samedi.