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La piraterie ne faiblit pas près de la Somalie

16 novembre 2011, 00:00

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Le premier procès en France de pirates somaliens s''''est ouvert  mardi à Paris, avec la comparution de six hommes accusés d''avoir pris en otage, en septembre 2008, un couple de Français à bord du voilier le Carré d''As dans le Golfe d''Aden. L’occasion pour Libération.fr de faire le point. Analyse.

Malgré les forces militaires, la piraterie ne faiblit pas près de la Somalie, écrit le quotidien français. S’il fallait un seul exemple pour illustrer le concept de «guerre asymétrique», ce pourrait être celui des ravages occasionnés par la piraterie au large des côtes somaliennes. Depuis trois ans, une armada militaire s’est déployée dans l’océan Indien et dans le golfe d’Aden sans parvenir à enrayer la multiplication des attaques de navires commerciaux ou de plaisance.

199 assauts en neuf mois

Selon un rapport du Bureau maritime international (BMI) datant du mois dernier, le nombre d’assauts dans cette vaste zone a atteint un record sur les neuf premiers mois de cette année : 199 de janvier à septembre, contre 126 sur la même période en 2010. Toutefois, le bilan n’est pas totalement négatif : les tentatives de capture de navires n’ont réussi que dans 12% des cas en 2011 (24 bateaux pris), contre 28% en 2010 (35 bateaux).

En décembre 2008, l’Union européenne a lancé l’opération Atalante, à laquelle participe la France et dont le QG est installé en Grande-Bretagne. La force navale européenne est forte d’une dizaine de navires et mobilise environ 1 500 militaires. La Russie, la Chine, le Japon et l’Inde ayant quant à eux déployé indépendamment des bâtiments de combat.  Les Américains et les Russes sont également présents dans la zone. Des dizaines de frégates et de destroyers lance-missiles, et même des porte-hélicoptères des Marines américains, patrouillent dans la zone concernée. Leur action n’est pas que dissuasive. Marins et commandos n’hésitent pas à frapper, des «vaisseaux-mères» pirates et des embarcations plus modestes sont régulièrement détruits, des pirates tués, d’autres arrêtés. Il n’est d’ailleurs pas certain que, dans l’immédiat, il y ait véritablement d’autre solution.

En septembre 2011, une prise d’otages s’est achevée dramatiquement pour un couple de plaisanciers français. Le voilier Tribal Kat ( PHOTO) a été attaqué par des pirates au large du Yémen. Dans l’assaut, Christian Colombo a été tué et son corps jeté à la mer. Embarquée par les pirates en direction de la Somalie, son épouse, Evelyne Colombo, a été sauvée de justesse après avoir été repérée par un hélicoptère de la frégate française Surcouf. Sollicité, l’un des navires de l’opération Atalante, le bâtiment espagnol Galicia, est parvenu à intercepter le bateau des pirates.

De plus en plus audacieux

Avec l’argent des rançons, les preneurs d’otages se montrent de plus en plus audacieux. Circulant à bord de vedettes rapides, équipés de kalachnikov et de lance-roquettes, ils n’hésitent pas à mener des opérations de plus en plus loin de leurs bases situées sur le littoral somalien. Les pirates somaliens étendent en effet leur zone d’action depuis le golfe d’Aden jusqu’aux côtes du Kenya, de la Tanzanie, des Seychelles, de Madagascar et d’Oman.

Par ailleurs, les autorités britanniques  viennent d’autoriser le recours à des gardes armés privés sur les navires battant pavillon britannique. «Le fait qu’une bande de pirates en Somalie parvienne à prendre en otages nos échanges commerciaux et le reste du monde est []…] une véritable insulte, et le reste du monde doit donc s’unir []contre eux] avec beaucoup plus de vigueur», a déclaré le Premier ministre David Cameron, le 30 octobre dernier. Pour l’heure, la France ne s’est pas alignée sur la position britannique. Mais, selon les experts, ce ne serait qu’une question de temps et les sociétés de sécurité privées sont déjà sur les rangs.

Début novembre, un haut responsable de l’ONU affirmait toutefois que le tout répressif ne suffirait pas. «La piraterie et les vols armés au large des côtes de Somalie est aussi un problème économique. La population somalienne, spécialement la jeunesse, a besoin de plus grandes incitations pour ne pas succomber à l’attrait de l’économie de la piraterie», indiquait Lynn Pascoe.

Source : Libération.fr